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Deux ans de Fatshi: la « marionnette » devient le guide

Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, président de la République
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Il a fallu deux ans au président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, qualifié de « marionnette » hier, pour réussir à arracher son indépendance en se débarrassant de son ex allié, l’ancien président Joseph Kabila, à travers la dissolution de la coalition FCC-CACH. Il devient ainsi le seul guide. Aujourd’hui, le fils d’Etienne Tshisekedi est rassuré d’avoir le contrôle du commandement de l’armée et de la majorité à l’Assemblée nationale.

En effet, dimanche 24 janvier 2021, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a totalisé deux ans à la tête de la République démocratique du Congo (RDC). Le 24 janvier 2019, au Palais de la Nation à Kinshasa, quand le président sortant Joseph Kabila Kabange cède l’écharpe présidentielle au fils du sphinx de Limete, ce dernier est considéré par l’opinion publique comme un président de façade ou presque.


Le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo

Félix Tshisekedi élu président, le FCC a pu s’octroyer une écrasante majorité à l’Assemblée nationale. Ce scénario a permis à Joseph Kabila, dans un régime semi-présidentiel et semi-parlementaire, de continuer à avoir la mainmise sur le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, car le gouvernement est une émanation de l’Assemblée nationale.

C’est ainsi qu’il a contraint son successeur à gouverner avec lui dans la coalition FCC-CACH afin d’éviter la cohabitation. Dans cette coalition, le président de la République et autorité morale de la plateforme Cap pour le changement (Cach) ne pouvait prendre aucune décision importante sans se référer à son allié, Joseph Kabila, autorité morale du Front Commun pour le Congo. L’exemple le plus éloquent est celui des ordonnances signées en mai 2019 par le chef de l’Etat, portant nomination des membres des Conseil d’administration de la Gécamines et de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC). Le chef de l’Etat avait signé ces ordonnances sans se référer à l’autorité morale du FCC. Ce dernier aurait intimé l’ordre au ministre du Portefeuille (membre du FCC) du gouvernement Tshibala et à son successeur (lui aussi membre du FCC) du gouvernement Ilunga Ilunkamba de ne pas signer l’arrêté permettant leur mise en application. Ces ordonnances n’ont été exécutées que plus d’année après leur signature, à l’issue des négociations de partage des entreprises publiques entre le FCC et le CACH.

Le 5 avril 2019, près de deux mois et demi après son accession au pouvoir, Félix Tshisekedi a effectué son premier voyage officiel aux Etats Unis d’Amérique. A cette occasion, il a annoncé, lors d’une conférence au Council on Foreign à Washington, que « Je le dis sans peur. Je suis là pour déboulonner le système dictatorial qui était en place ».


Le président de la République, Félix Tshisekedi et Mike Pompeo

Le déclic

Le président Tshisekedi a profité d’une brèche que lui a offerte, en juin 2020, la démission du président de la Cour constitutionnelle, Benoît Lwamba, un proche de l’ancien régime, qui a pris soin d’annoncer cette décision à partir de la Belgique. L’autorité morale du FCC n’avait pas été informée à l’avance de cette démission.


Ex-président de la Cour constitutionnelle, Benoît Lwamba

Tshisekedi en a profité pour nommer, en juillet 2020, trois nouveaux juges constitutionnels : un juge pour remplacer Benoit Lwamba et deux autres pour remplacer deux juges constitutionnels promus à la Cour de cassation.

Quelques semaines plus tard, ces deux juges ont contesté leur remplacement à la Cour constitutionnelle, mais l’ont fait hors du délai légal. Le chef de l’Etat a profité de la même occasion pour signer plusieurs dizaines d’ordonnances portant nominations au sein de la magistrature et des Forces Armées de la RDC (Fardc).


Le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo

Ces ordonnances ont été contresignées par le vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, en lieu et place du premier ministre qui était en mission au Katanga. Le FCC a exercé une pression sur le premier ministre pour qu’il déclare, publiquement, à travers son porte-parole, qu’il ne reconnaissait pas toutes ces ordonnances.

Les ténors de cette plateforme ont crié au scandale en accusant le chef de l’Etat d’avoir violé la Constitution en nommant trois juges de la Cour constitutionnelle au lieu d’un seul. Ayant compris qu’ils venaient de perdre le contrôle de la Cour constitutionnelle, ils ont tenté de contraindre Félix Tshisekedi pour qu’il rapporte les ordonnances portant nomination des juges constitutionnels.

Ce dernier est resté de marbre.

Le changement intervenu à la Cour constitutionnelle a fait perdre à Kabila et à ses partisans l’espoir de voir l’autorité morale du FCC revenir au pouvoir à l’issue des élections de 2023.

Quand de nombreux leaders politiques, députés et sénateurs du FCC se sont rendus compte de cette réalité, ils ont commencé à quitter le navire avant qu’il ne fasse naufrage.

C’est ainsi qu’à l’issue des consultations politiques qu’il a organisées en septembre et octobre 2020, le président Tshisekedi n’a pas hésité de dire que la majorité à l’Assemblée nationale s’est effritée. Il a, à cette occasion, annoncé la fin de la coalition FCC-CACH et la mise en place d’une large coalition dénommée « Union sacrée de la nation ».


Le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo

La déchéance, le 10 décembre 2020, du bureau FCC de l’Assemblée nationale par 281 députés sur 500, apparait comme un coup de massue pour Kabila et sa plateforme.

L’Union sacrée de la nation compterait à ce jour un peu plus de 300 députés dont un grand nombre vient du FCC, parmi lesquels Lambert Mende, Ngoy Kasanji, Pius Mwabilu, Jean-Pierre Lihau, Justin Bitakwira…


Le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo reçoit Lambert Mende Omalanga

Moïse Katumbi de Ensemble et Jean-Pierre Bemba du MLC sont venus en appui pour matérialiser la vision du président de la République.


Le président de la République, Félix-Tshisekedi Tshilombo reçoit Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi

Aujourd’hui, le premier ministre Sylvestre Ilunga est sur une chaise éjectable. 301 députés nationaux ont signé sa motion de censure. Tout ce bouleversement sur le plan politique couronne les deux ans de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême.


Le premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba

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