Le nombre de suspects arrêtés dans l’affaire de « vente et trafic » présumé des munitions de guerre continue à accroître dans la ville de Beni, province du Nord-Kivu. Une dizaine de personnes sont déjà entre les mains de l’auditorat militaire supérieur près la cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu. Il s’agit des officiers militaires supérieurs et subalternes, des agents de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et des civils.
Selon le député provincial du Nord-Kivu, élu de la ville de Beni, Mufunza Bayengo Ghislain qui confirme cette dernière nouvelle après échange avec le substitut de l’auditeur militaire supérieur, parmi les personnes arrêtées ces jours, figure un récidiviste des Forces démocratiques alliées (ADF), groupe armé auteur des tueries massives des civils dans la région de Beni. Il se serait évadé de la prison avant d’être de nouveau attrapé dans ce dossier de trafic des munitions.
Pour le député, c’est un réseau bien organisé des collaborateurs des groupes armés au sein des Fardc et des civils qui doit être dévoilé par les services de sécurité et jugé. Il estime que cette arrestation des officiers dans le trafic des munitions, l’interception en août 2020, d’une somme d’argent évaluée à environ 800 000 dollars américains à la frontière entre la RDC et l’Ouganda à Kasindi, renforce la thèse de leur leader politique, Antipas Mbusa Nyamwisi selon laquelle, « la guerre à Beni est un arbre qui cache la forêt ».
La même source rapporte que des audiences contre ces personnes seront organisées dès la semaine prochaine. L’honorable Mufunza souhaite que toutes les zones d’ombres soient éclairées a tour de cette affaire et que les coupables soient sévèrement sanctionnés et déférés dans des prisons hautement sécurisées en dehors de la ville de Beni, leur zone d’agissement, pour éviter leur évasion.
Le député Mufunza Bayengo Ghislain précise que cette situation risque de créer à nouveau une méfiance de la population envers les militaires. Il appelle, cependant, la population à réitérer sa collaboration avec les Fardc pour mettre fin à cette guerre qui n’a que trop duré.
Le dimanche 14 mars, les services de sécurité ont découvert une cargaison de 82 caisses de munitions de guerre dans une maison d’un particulier en commune de Bungulu, ville de Beni, et appréhendé les détenteurs identifiés comme officiers des Fardc, de l’ICCN et des civils.
L’ICCN confirme l’arrestation de plusieurs de ses agents.
Dans un communiqué publié jeudi 18 mars 2021, la Direction Provinciale de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature au (ICCN) Nord-Kivu, confirme l’arrestation de plusieurs agents de l’institution par l’Auditeur Militaire Supérieur détaché à Beni près la Cour Militaire Opérationnelle du Nord-Kivu.
L’ICCN demande que toute la lumière soit faite sur les tenants et aboutissants de cette affaire. A cette fin, elle confirme collaborer activement avec les Autorités judiciaires pour établir les éléments
constitutifs du dossier au regard de la loi.
Dans ce contexte selon ce communiqué, plusieurs informations « incorrectes » circulent dans les médias sociaux concernant l’existence d’un trafic de munitions au profit des ADF au départ du Parc National
des Virunga.
L’ICCN réfute catégoriquement ces allégations et rappelle les faits suivants :
– Les attaques sanglantes des ADF contre les gardes du Parc National des Virunga ont
fortement augmenté au cours des 6 derniers mois, y compris lors d’interventions pour
libérer des otages civils captifs des ADF. Les gardes continuent à accomplir leur mission en dépit des menaces qui pèsent quotidiennement sur leur vie.
– Les gardes du Parc National des Virunga sont des agents de mise en application de la loi. L’armement et les munitions mis à leur disposition sont approuvés et enregistrés dans le strict respect de la réglementation en vigueur. En aucun cas, des transactions pour assurer l’approvisionnement en munitions ne sont menées par des individus sur
le champ opérationnel.
Les agents du Parc National des Virunga ont toujours été et restent aux côtés de la population du Territoire de Beni, des FARDC et des autres autorités de l’Etat dans leur combat contre les ADF.
Delphin Mupanda/Correspondant au Nord-Kivu