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Minerais de sang : sans respect strict de la loi, la situation risque de perdurer et s’enraciner

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La problématique de l’exploitation des minerais en République démocratique du Congo (RDC) ne cesse de défrayer la chronique. Avec la multiplication des groupes armés qui pullulent au jour le jour dans la partie Est du pays, tout porte à croire que le nœud du problème n’est autre que le contrôle et l’exploitation des ressources naturelles.

Vu sous cet angle, l’Etat congolais ainsi que des organisations internationales ont l’obligation d’imposer la rigueur de la loi, notamment en s’appuyant sur le respect strict de la loi. Si non, l’on peut beau crier sur tous les toits du monde, cette problématique d’exploitation illégale des minerais durera encore longtemps. Et les minerais de sang, lui, continuera de parler d’eux.

Une enquête menée en 2018 par The Sentry sur l’exploitation illégale des minerais fait craindre que de l’or provenant de zones de conflit en République démocratique du Congo (« RDC ») pénètre les marchés internationaux, notamment les chaînes d’approvisionnement de grandes sociétés américaines, et se retrouvent dans des produits du quotidien.

Les documents examinés par The Sentry et les entretiens conduits par le groupe d’investigation semblent sérieusement indiquer que le réseau d’entreprises contrôlé par le magnat belge Alain Goetz a fait appel à l’African Gold Refinery (AGR) en Ouganda pour raffiner de l’or provenant des zones de conflit dans l’Est de la RDC et importé illégalement. Le précieux métal aurait ensuite été exporté vers les États-Unis et l’Europe par l’intermédiaire de plusieurs entreprises, dont feraient partie Amazon, General Electric (GE) et Sony.

Sonnettes d’alarme

D’après les Nations Unies (ONU), l’or provenant de zones de conflit assure la majeure partie des revenus des factions armées qui sévissent dans l’Est de la RDC. Ce conflit aurait coûté la vie à plusieurs millions de personnes (entre 3,3 et 7,6 millions). On estime que 300 à 600 millions de dollars US d’or franchissent illégalement les frontières de la RDC chaque année.

Selon les documents analysés par The Sentry, l’AGR aurait exporté pour environs 377 millions de dollars US d’or en 2017 vers une société affiliée à la raffinerie d’or belge Tony Goetz NV, basée à Dubaï.

Parmi les solutions, les spécialistes évoquent les sanctions ciblées contre les réseaux maffieux. Ici, les États-Unis, le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Union européenne sont appelés à enquêter et, s’il y a lieu, sanctionner les entreprises de raffinage et de commerce de l’or ainsi que leurs bénéficiaires effectifs évoqués dans le présent rapport. Afin de décider d’imposer ou non des sanctions, ils devraient déterminer si les acteurs concernés ont soutenu des personnes, y compris des groupes armés impliquées dans des activités menaçant la paix, la sécurité ou la stabilité de la RDC par le biais du commerce illicite de ressources naturelles.

Sévir sérieusement

Autre alternative, c’est prendre des mesures visant à lutter contre le blanchiment d’argent. Etant donné que les Etas Unis figurent parmi les pays les mieux organisés en cette matière, le département du Trésor des États- Unis et les services de renseignements financiers d’Europe et d’Afrique de l’Est devraient publier des rapports afin d’alerter les établissements financiers sur l’or en provenance d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale issu des zones de conflit et à haut risque. Selon les spécialistes, ces rapports devraient notamment présenter les risques significatifs que présente le commerce d’or extrait illégalement à partir de la RDC, de l’Ouganda et du Rwanda. Evidemment, des poursuites judiciaires peuvent aussi être envisageables pour barrer la route à ce genre de comportement qui privent les Etats entiers de ressources importantes et menace en même temps tous les efforts de maintenir la paix

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