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30 juin 1960 – 30 juin 2021 : 61 ans déjà depuis l’accession de la RDC à l’indépendance, les kinois regrettent la non-réalisation du plan Van Bilsen

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Une frange de la population kinoise remet en question l’avènement de l’indépendance de 1965 qui aurait dû intervenir 25 ans plus tard conformément au plan Van Bilsen qui préconisait l’affranchissement de la RDC en 1980. 61 ans plus tard, nombreux sont ceux qui continuent de penser que cette « indépendance prématurée est la cause de l’échec perpétuel de la gouvernance en RDC ». Alors que la vieille école, elle, estime que « l’échec de l’indépendance serait dû à l’assassinat de Lumumba ».

La réalité sur terrain laisse voir que l’affranchissement du joug colonial n’est pas total dès lors que les dirigeants comme les nantis ont le regard encore tourné vers l’occident qui incarne un ”oasis” ou encore un ”havre de paix”.

Le discours du chef de l’Etat prononcé le 13 décembre 2019 sur l’Etat de la nation est une preuve éloquente du colonialisme que l’on on n’est pas pressé de s’en débarrasser. « Les défis auxquels mon pays fait face ont toujours bénéficié de l’appui de la communauté internationale ». Ce regard tourné vers les ”colons” démontre à suffisance l’incapacité du politique congolais qui, six décennies après l’indépendance, n’est toujours pas en mesure de relever ses propres défis. Et les exemples en sont pléthore.

Pas plus tard qu’au cours de ce mois de commémoration, l’opposant Martin Fayulu s’est, lors d’une conférence de presse, penché sur le néocolonialisme mettant en exergue l’attitude de l’ambassadeur américain en RDC Mike Hammer qui ”pense que ses conseils ou propositions vis-à-vis du chef de l’Etat priment au-dessus de tout”. Il a, à cette occasion, rappelé que les congolais sont ”les héritiers de Simon Kimbangu et Lumumba qui ont dit que c’est fini et que l’histoire du pays s’écrira au Congo », a-t-il martelé.

Actuellement, le pays a plusieurs défis à relever notamment : l’insécurité et l’économie. Cette perpétuelle situation emmène la jeunesse à penser que le plan Van Bilsen était salutaire pour l’avenir de la nation.

Au micro de Media Congo Press (MCP) le président de l’asbl Iffn pense que ”Notre situation actuelle est le fruit de la précipitation à l’indépendance. A cette époque, c’est du bout de doigt que l’on comptait le nombre d’universitaires et quelques technocrates ! Le pire est que bon nombre de congolais pensaient que l’indépendance signifiait plus de travail, occuper les maisons de blancs, etc. D’où c’était de l’impréparation. Aujourd’hui, vue la dégradation du pays, nous donnons raison au belge Van Bilsen. Qu’avons nous fait de cette indépendance tant voulue ? », une question pendante de Thomas Bope.

De son côté, Prince Mengane, jeune acteur politique du parti Orange, estime que « Lumumba était en avance par rapport à son époque et il a commencé par la conclusion en lieu et place du préambule ! Et maintenant il est temps que nous politiques sachons développer l’amour de la patrie pour ne plus pointer du doigt la Belgique qui pourtant nous a laissé libre depuis six décennies », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, l’opinion spiritualiste africaine pense que le Congo n’a pas encore acquis l’intégralité de son indépendance « à la Table ronde, il était question de l’indépendance économique, politique et spirituelle ! Malheureusement, la Belgique a cédé une pseudo indépendance économique et politique mais pas spirituelle, et tant qu’il n’aura pas acquis cette dernière qui même est le socle de l’âme, le Congo ne verra pas son émergence », indique Mme Mangaza, chef de travaux à l’institut supérieur des techniques médicales, Istm/Kinshasa.

Jusqu’ici, l’indépendance ou la décolonisation demeure encore une fiction en Afrique et les dirigeants africains sont eux-mêmes complices sans âme dans le pillage de leurs propres pays par les entreprises étrangères. Six décennies après, le congolais demeure colonisé mentalement et cette situation semble lui plaire.

Serge Maheme

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