Les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) ont tendu une embuscade à des civils sur la route nationale numéro 4, axe Luna-Komanda en territoire d’Irumu dans la province d’Ituri mercredi 1er septembre 2021.
Selon le responsable de la Convention pour le respect des droits de l’homme (CRDH) antenne d’Irumu, Christophe Munyanderu, les civils qui quittaient en convoi à Komanda en direction de Luna, ont été attaqués entre le village Manzobe et Trois antennes, au sud de la cité de Komanda.
Le bilan se présente comme suit : 4 morts, près de 80 disparus et 16 véhicules incendiés avec leurs bagages. Il s’agit notamment de 14 voitures et 2 camions.
Christophe Munyanderu regrette que cette embuscade a visé des civils pendant un convoi escorté par les militaires des Forces armées de la RDC (Fardc) et des contingents de la brigade de force d’intervention (FIB) de la Monusco.
« La population ne parvient pas à comprendre comment les assaillants peuvent arriver à incendier plusieurs véhicules comme-ça dans un convoi escorté par les Fardc et la FIB de la Monusco. C’est du pire sabotage ça et ça prouve que l’ennemi ne pas poursuivi… », a déclaré cet activiste des droits de l’homme.
Les autorités ont jugé mieux de suspendre le trafic de part et d’autre de la RN 4, notamment les véhicules venus du Nord-Kivu arrêtés au niveau de Manzobe en attendant que la situation passe sous contrôle totale de l’armée congolaise, a-t-il ajouté.
De son côté, le porte-parole des opérations militaires en province d’Ituri, le lieutenant Jules Ngongo Tshikudi, indique que ce drame s’est déroulé à Mafifi. Il affirme que les Forces armées congolaises poursuivant l’ennemi, ont réussi à libérer plus de 60 civils. Il précise que l’armée cherche à maîtriser la situation et continuer avec la poursuite de l’ennemi.
L’armée demande aux usagers de cette route de respecter l’heure de sortie des convois et toutes autres consignes, car « on fait face à une guerre asymétrique, dans laquelle l’ennemi se fait chauffeur et transporteur »l exhorte-t-il.
Il s’agit d’une deuxième embuscade depuis que les Forces armées de la RDC et la brigade de force d’intervention (FIB) de la Monusco ont adopté la décision d’escorter les véhicules dans l’objectif de limiter les attaques similaires contre les civils.
Cette embuscade a été tendue mercredi après que 6 autres civils ont été tués par les assaillants qui seraient du même groupe armé au niveau de Makulu, à au moins 3 kilometres au sud-ouest de Maimoya, dans la soirée de mardi 31 août 2021, et à Mulobya mercredi sur axe Maimoya-Chanichani.
Le bilan de ces 2 attaques fait état de 6 civils tués et 3 motos incendiées, selon Patrick Musubao, président de la société civile du groupement Bambuba-Kisiki en territoire de Beni.
Patrick Mukohe de la CRDH, déplore ce qu’il qualifie de négligence des informations de la population par les services de sécurité sur le mouvement des assaillants la semaine dernière aux alentours du village Mukoko.
L’État de siège à recadrer
Tous ces incidents s’ajoutent aux différentes attaques décolorées malgré l’instauration de l’Etat de siège prorogé pour la 7ème fois par l’Assemblée nationale pour permettre aux forces de sécurité de rétablir la paix et l’autorité de l’État. Cet Etat de siège ne fait plus l’unanimité au sein de la classe politique où nombreux élus du Nord-Kivu et de l’Ituri dénoncent l’inefficacité de cette mesure au vue de la recrudescence des tueries.
Le député provincial du Nord-Kivu, Alain Siwako, indique que pendant cette période, plus de 400 civils ont été tués. Il demande aux services de sécurité de changer les stratégies pour que la volonté du chef de l’État congolais de ramener la paix à l’Est soit concrétiser. Il rassure qu’aucun député n’est contre l’Etat de siège mais que son seul ennemi c’est le bilan sur terrain. Ce député alerte sur les nouveaux campements des ADF dans les villages de Kainama, Mwanda, Kikingi et près de Nzobulo en territoire de Beni et l’autre à Tiko près d’Idohu à 7 kilomètres d’Irumu en province d’Ituri.
Le député national élu de la ville de Goma Jean-Baptiste Kasekwa, plaide pour « un recadrage conséquent de l’Etat de siège qui s’avère urgent et nécessaire » pour une réponse appropriée.
Delphin Mupanda (Correspondant au Nord-Kivu)