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Ils étaient près de cent jeunes des Ong, associations et autres structures à répondre à l’appel du coordonnateur des Soirées de Solidarité Nationale, Joël Lamika. Ensemble, ils ont rendu à leur manière des vibrants hommages aux Congolais morts dans la nuit du 1er février à Djugu et le matin du 2 février à Matadi Kibala. Chants d’adoration, prières, exhortation citoyenne et des témoignages ont accompagné cette cérémonie à l’Esplanade du Palais du Peuple dans la commune de Lingwala.

La Soirée de Solidarité Nationale de ce 7 février 2022 a débuté à 17h30. Un catafalque a été installé pour l’occasion, signe de deuil en RDC pour la plupart des cas. La soirée commence par un moment d’adoration animé par un homme de Dieu.

Sur les visages de certains, on peut lire la désolation. Carbone Beni, un activiste pro démocratie a été invité à prendre la parole. Dans son speech l’homme a tenu à rappeler aux compatriotes présents, l’utilité de rendre hommage à « nos morts ». Il pense que le sort de ces victimes devrait soulever un grand nombre de gens voire au plus haut sommet de l’Etat : « nous avons vu comment le cas du petit Marocain de 5 ans qui est tombé dans un puits dans un village a mobilisé tout le pays qui a ensuite alerté l’Afrique et le reste du monde. Nous devrions commencer par savoir pleurer nos morts pour que les autres nous accompagnent ensuite. Nous devrions avoir cette solidarité et ici au Congo pas de mobilisation, les autorités elles, tâtonnent », regrette Carbone Beni qui pense que les Congolais n’ont pas un esprit patriotique.

Quelques membres des familles des victimes étaient présents à cette cérémonie. Beaucoup n’ont pas eu le courage de témoigner à part Gauthier Balela, 35 ans, qui a perdu sa femme de 28 ans Jocelyne Baleswa. Tête baissée, épris de tristesse, gorge nouée, Gauthier explique à peine ce qui est arrivé à sa femme alors qu’ils étaient tous les deux au marché Matadi Kibala au moment du drame. « Jocelyne était mère des deux enfants. Elle était tout pour moi et m’aider avec le transport quotidien quand mon travail ne produisait pas assez. Le mercredi du drame, j’avais refusé qu’elle sorte, mais elle était quand même partie. Alors je l’avais accompagnée au marché, à son lieu de travail après des échanges de parole. Arrivés sur place, nous étions tous deux mouillés. Elle s’est proposée d’aller me chercher du thé chaud pendant je m’abritais dans un magasin des Chinois. C’est en ce moment que le câble s’est rompu et en tentant de fuir, elle est tombée et ne s’est plus relevée », raconte ce jeune papa bougie allumée à la main.

Une collecte avait été organisée pour l’occasion. Pour les deux enfants de 13 et 7 ans de Gauthier et Jocelyne, Jean-René Kabamba représentant de l’association Yanzapa en RDC s’est porté garant de les scolariser. Son association va tenter de répertorier d’autres victimes dans le besoin pour leur venir en aide, en payant les frais scolaraires de leurs enfants. L’association Yanzapa est une ONG spécialisée dans la prise en charge des enfants désœuvrés, des personnes vivant avec handicapés ou des personnes pauvres. Elle œuvre entre Paris, capitale française et la RDC.

Dans le lot des témoignages il y avait aussi celui de Jason, le célèbre écolier de Beni qui avait brillamment parlé au chef de l’Etat des problèmes sécuritaires auxquels fait face les habitants et surtout les élèves de ce coin du pays en proie aux rébellions durant deux décennies.

Joël Lamika a initié ces soirées pour ne pas oublier les mémoires des Congolais morts dans de moments tragiques. Et aussi soutenir leurs familles en deuil.

Le drame de Matadi Kibala et le massacre de Djugu ont causé 78 morts le 2 février. 25 morts par électrocution au marché Matadi Kibala à Kinshasa et 53 morts à Djugu en Ituri. Ces personnes avaient été massacrées par la milice CODECO.

La Rédaction

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