La Haute Cour militaire, siégeant au second degré dans l’affaire du double assassinat des deux activistes des droits de l’homme, Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, a continué avec les auditions des personnes citées par le prévenu Paul Mwilambwe, afin d’éclairer sa lanterne sur l’infraction de désertion simple mise à charge de ce prévenu.
Ce mercredi 13 avril à la prison militaire de Ndolo, le commissaire supérieur principal, le colonel Innocent Mbayo, membre du collège des avocats du général John Numbi, patron de la police de l’époque, a été confronté au prévenu Paul Mwilambwe.
A travers cette confrontation, les juges voulaient connaître le rôle qu’Innocent Mbayo a joué dans l’arrestation du prévenu Mwilambwe. Lors de sa précédente déposition , le prévenu Paul Mwilambwe avait affirmé qu’il s’était rendu à la résidence du commissaire supérieur principal, sur invitation de ce dernier, où il avait été arrêté sur ordre du commissaire, avant d’être conduit à la résidence de l’actuel bourgmestre de la commune de Limete, Douglas Nkulu, où il avait été séquestré, cagoulé et torturé. Maître Douglas Nkulu, auditionné précédemment par la Haute Cour, était aussi, au moment des faits, membre du collège des avocats de John Numbi.
Pendant son audition, le commissaire supérieur principal, Innocent Mbayo, a balayé ces accusations d’un revers de la main. Ce dernier a affirmé qu’il n’a jamais invité Paul Mwilambwe dans sa résidence où il prétend avoir été arrêté. Selon lui, sa femme non plus ne l’a jamais reçu à son absence comme le soutient le prévenu Paul Mwilambwe. « Il n’est jamais arrivé chez moi », a-t-il insisté.
De gauche à droite, le prévenu Paul Mwilambwe et le Commissaire supérieur principal, Innocent Mbayo
« En arrivant chez lui, j’ai trouvé sa femme. Je l’ai appelé au téléphone et il m’a dit de l’attendre car il était dans la résidence du général John Numbi. Après quelques minutes, c’est le général Numbi lui-même qui m’a appelé avec son numéro habituel. Il m’a dit Mwilambwe, tu es où ? Est-ce que tu es chez Mbayo ? J’ai dit oui. Il a dit reste là-bas et éteins ton téléphone, on va t’apporter un autre téléphone parce qu’il y a des militaires qui se dirigent vers la résidence de Christian. On n’a pas besoin de vous mais de Christian (…) Je suis resté là-bas de 10h à 18h. Entre 18h 30 et 19h, c’est Me Mbayo qui vient avec la jeep de la police chez lui et il a ordonné aux éléments qui étaient avec lui de m’arrêter », a répliqué Paul Mwilambwe aux propos de Me Mbayo.
Face à ces propos contradictoires, la Haute Cour a décidé de suspendre l’audience pour la renvoyer au vendredi 15 avril . Lors de cette prochaine audience, les personnes citées par le prévenu Paul Mwilambwe et déjà auditionnées notamment les deux agents de l’agence nationale des renseignements (ANR), Consul Numbi, ancien directeur de cabinet de Kalev Mutond, ex Administrateur général de l’ANR et Mike Mikombe ; l’ancien auditeur général Mponde et Douglas Nkulu, seront de nouveau confrontés afin de permettre aux juges de découvrir la vérité.
La comparution de ces renseignants entre dans le cadre de la réouverture des débats décidée à l’audience du 25 mars dernier. La Haute Cour avait motivé cette démarche par la nécessité d’auditionner certaines personnes pour dissiper les zones d’ombre liées à l’infraction de désertion simple mise à charge du prévenu Paul Mwilambwe.
Le commissaire supérieur Christian Ngoy Kenga Kenga, le commissaire supérieur adjoint Paul Mwilambwe et le commissaire Jacques Mugabo sont poursuivis dans cette affaire pour détournement d’armes et de munitions de guerre, assassinat, association de malfaiteurs, terrorisme et désertion simple. Le ministère public avait requis la peine capitale pour Christian Kenga Kenga, 10 ans de prison pour Jacques Mugabo et l’acquittement de Paul Mwilambwe.
Djodjo Vondi