A la uneEconomie

166Views

À l’heure où on célèbre le 62ème anniversaire de l’indépendance de la RDC, plusieurs Congolais se retrouvent perdus dans un pays quoique indépendant mais où l’économie n’a jamais su contribuer significativement et de manière durable à l’amélioration des conditions de vie de la population.

Du choc post Indépendance (après 1960) à la dernière crise liée à la pandémie de Covid-19 (fin 2019 à ce jour), passant par les crises d’endettement (1980), aux chocs provoqués par l’instabilité politique et sociale (1990 à 2006), l’économiste Jean-Paul K. Tsasa décrit une image plus qu’éloquente des effets de ces chocs sur l’évolution du revenu par habitant de 1960 à 2022.

Au regard du graphique ci-dessous, le Dr Jean-Paul K. Tsasa montre que le revenu par habitant a connu une baisse de plus de 10% la première année suivant l’indépendance. Ce choc n’a pas persisté pendant longtemps au point que le pays a connu ses premières meilleures performances économiques durant la décennie 1960 à 1970. Le taux de croissance du revenu par habitant affichait une évolution très positive.

En 1975, le ralentissement a commencé à se confirmer jusqu’à ce que l’économie a été plongée dans ce que Jean-Paul Tsasa qualifie du “début de la chute”. Cette période caractérisée par la crise d’endettement, échec des programmes des institutions de breton woods, effondrement de la Gecamines, crises politiques qui ont conduit à la protestation et à la manifestation des étudiants contre le régime en place. Entre 1990 et 1995, cette crise a pris des proportions de plus en plus importantes.

Pendant ces périodes, la RDC venait de rompre sa relation avec le FMI (rupture brutale du programme d’ajustement structurel) avec comme conséquence une forte instabilité politique et sociale. Ce choc, considéré comme une crise d’une acuité notable, a occasionné la baisse du revenu par habitant de plus de 10% en 15 ans.(Voir graphique 1).

De 2000 à ce jour, les chocs économiques subis par la RDC ont régressé de leur ampleur. En 2008 alors que le monde connaissait l’une des plus grandes crises, l’économie congolaise quant à elle n’a subi qu’une faible baisse du revenu par habitant. Cette situation reste semblable au choc lié à la pandémie de Covid-19.

À quand l’émergence ?

À en croire Jean-Paul K. Tsasa, l’économie congolaise doit réaliser un taux de croissance de revenu par habitant à hauteur de 8,81% par an jusqu’en 2062 pour espérer devenir un pays à revenu élevé à l’occasion du premier centenaire de son indépendance. En référence à cette classification des pays en fonction de leur revenu, explique-t-il, pour qu’une économie soit classée parmi les pays à revenu élevé, son revenu doit être supérieur à 12 500 dollars américains par habitant.

En effet, pour réaliser ces performances économiques, il y a lieu de revoir de fond en comble le système économique du pays. Celui-ci doit être tourné vers l’intérieur, c’est-à-dire privilégier les investissements, distribuer équitablement le revenu national, investir dans le capital humain, ou en somme, investir dans la qualité des institutions et du leadership.

De 1960 à 2022, la part des dépenses publiques consacrées aux investissements à fort impact sur la croissance notamment, la construction des routes, ponts, rails demeure faible par rapport aux autres dépenses à faible impact sur la croissance économique. Dans une analyse réalisée par l’économiste Jean Paul K. Tsasa quant à ce, il s’est révélé que, de 2013 à 2021, la part de ce type d’investissements d’intérêt stratégique dans le budget demeure largement inférieur aux dépenses affectées aux primes, frais des missions, titre des voyages, soit une moyenne de 0,29% contre une moyenne de 14,42%.

Pour rappel, Jean Paul K. Tsasa est PhD en sciences économiques de l’Université du Québec (Montréal, Canada). L’une de ses œuvres est le livre qu’il a coécrit avec le Professeur Kabuya Kalala intitulé : Macroéconomie; Fondement, Microfondements et Politiques. Publié aux éditions Herman en 2018, ce livre parcours en toute simplicité les évolutions majeures de la macroéconomie de 1936 (période à laquelle la macroéconomie a pris naissance) à ce jour, et présente suivant une approche mathématique les principaux outils analytiques utilisés dans l’analyse macroéconomique moderne.

Hénoc Mpongo

Laisser un commentaire