C’est officiel, Jean-Marc Kabund-A-Kabund se range désormais en ordre de bataille opposée à Félix Tshisekedi. Du pouvoir à l’opposition, celui que l’on a surnommé « maître nageur » vient d’emboîter le pas à son mentor, feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba, qui s’était opposé à Mobutu après avoir collaboré avec lui au début de son régime.
A l’image d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba avec Mobutu, de Vital Kamerhe avec Kabila, Jean-Marc Kabund est le premier-né opposant sorti du régime « Fatshi » au pouvoir. L’ancien chef du parti présidentiel, a officiellement lancé sa formation politique, ce lundi, et a affirmé qu’il affichera une opposition « farouche » au régime de Félix Tshisekedi, quelques mois après avoir été évincé du poste de vice-président de l’Assemblée nationale.
L’homme n’a rien perdu de sa verve populiste. Dans une attitude d’austérité et d’un ton ferme, Jean-Marc Kabund a déclaré la guerre à son ancien compagnon. « Tout ce que je peux faire, c’est de mobiliser le peuple pour chasser Félix Tshisekedi en 2023, chasser ce régime des incompétents, » a-t-il déclaré. Une bataille qu’il compte désormais mener au sein de l’A.Ch (Alliance pour le Changement), sa nouvelle formation politique alignée dans l’opposition.
Sans passer par le dos de cuillère, Jean-Marc Kabund a tenu des propos très sévères envers le Président de la République. Des propos dont l’objectif consistait à dénoncer ce qu’il a qualifié de « régime des jouisseurs ». C’est en 2019 que ce dernier est intronisé à la tête de l’Udps par Félix Tshisekedi qui avait jeté son dévolu sur Kabund au regard de son profil qui répondait au besoin de l’Udps. Un homme de masses et populiste. Un choix qui ne faisait pas l’unanimité au sein du parti.
Nonobstant toutes ces contradictions, l’homme est resté à ce poste. Jean-Marc Kabund a été l’un des hommes, si pas l’homme-orchestre de la prise du pouvoir par Félix Tshisekedi. Ce qui lui a d’ailleurs valu, un moment, d’être considéré comme le vice-président, l’homme le plus proche dans le secret, puisque très rapproché de Félix Tshisekedi et de maman Marthe, épouse de feu Etienne Tshisekedi. Certains vont plus loin en le considérant comme l’auteur de la célèbre appellation de « Fatshi béton ».
Réclamation d’héritage
« Je suis l’héritier idéologique incontestable d’Etienne Tshisekedi», s’est-il exclamé au cours de son face-à-face avec la presse. Une réclamation qui pourrait se conforter, selon plusieurs, par le chemin emprunter aujourd’hui par le désormais opposant à Félix Tshisekedi. En effet, Etienne Tshisekedi jadis au sein du MPR, « parti-État », aux côtés de Mobutu, l’avait quitté pour se ranger dans l’opposition. L’on se souviendra qu’au début des années 1980 durant lesquelles les choses vont commencer à se déliter dans l’entourage du maréchal Mobutu. Tshisekedi commence à prendre ses distances avec le parti-État et constitue avec douze de ses collègues députés le groupe dit des « treize parlementaires ».
C’est en décembre 1980, qu’il passe aux choses sérieuses en adressant à Mobutu un violent réquisitoire dans lequel ils dénoncent les pratiques « dictatoriales » et « kleptocratiques » du régime. L’histoire semble s’être répétée aujourd’hui, mais avec un homme différent. Les propos de Kabund à Félix Tshisekedi ont tout autant été « sévères ». Une trajectoire aujourd’hui assimilée à celle empruntée par le désormais opposant au régime actuel.
Etienne Tshisekedi a longtemps été l’opposant le plus tenace, « utile » et constant à Mobutu, puisque ayant été à ses côtés pendant longtemps. Un combat qu’il a mené avec « raison » et connaissances des « secrets » de Mobutu. Jean-Marc Kabund n’en est pas le moindre s’alignant dans cette logique. Longtemps restés aux côtés de Félix Tshisekedi, ce dernier, dans des propos de suretés, semble être serein de son combat puisque ayant été au cœur de ce pouvoir. Une certaine opinion pense qu’il sera un « opposant de taille » à Félix Tshisekedi, à l’instar de celui qu’a été son mentor face à Mobutu.
Djodjo Vondi