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Un médecin en pleine consultation d'une victime de fistule à l'HGR Beni. ©Photo Delphin Mupanda/MCP
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Au moins une centaine de femmes souffrant des fistules causées par les violences sexuelles, accouchements difficiles et autres complications gynécologiques bénéficient des soins gratuits à l’hôpital général de référence de Beni. Il s’agit d’une campagne de soin lancée par une ONG internationale dans les zones de santé du grand Nord de la province du Nord-Kivu, dont Beni.

C’est rare que ce genre des maladies soient prises en charge dans la zone de Beni et environs, où opèrent plusieurs groupes armés dont les Forces démocratiques alliées (ADF), responsables de plusieurs violences dans cette entité.

Selon les responsables sanitaires locales, la plupart des malades sont victimes des violences sexuelles et éprouvent parfois des difficultés à se faire soigner à cause notamment de l’absence des spécialistes sur ces cas dans la zone.

Angelina (nom d’emprunt) a subi une agression sexuelle perpétrée par deux hommes depuis une dizaine d’années. Dès lors, elle a commencé à développer des incontinences urinaires que les hôpitaux de la région n’ont pu guérir.

« J’ai d’incontinences urinaires depuis que j’ai été violée par deux hommes. Je ne suis pas en mesure de maîtriser les urines. Je ne me rends même pas compte quand ça coule. Je suis arrivée ici pour bénéficier des soins après avoir sillonné d’autres hôpitaux, même à Butembo, on n’a pas réussi à me soigner », a-t-elle raconté.

Apolline (nom d’emprunt) elle, s’est vue abandonnée par son mari dès le début de la maladie qui s’est caractérisée par une descente d’organes. Mais elle a repris son sourire grâce à la campagne de prise en charge depuis l’hôpital général de référence de Beni.

« Nous vivions bien en famille mais depuis le début de ma maladie, mon mari a commencé à passer nuit en dehors de la famille, a même eu une maîtresse. Il m’a abandonné pour à cause de ma maladie. Mais aujourd’hui, je viens d’être soignée et je suis guérie car je n’ai plus de douleurs. Je remercie ceux qui ont facilité les soins… ».

La campagne de prise en charge médicale compte soigner au moins 120 femmes victimes de ces cas, parfois isolées par leurs maris et d’autres membres de la communauté suite à leur état sanitaire, indique Docteur Barthélémy Aksanti.

« Ici dans la zone de santé de Beni, nous allons signer au moins 120 femmes. Ce sont des femmes qui ont longtemps souffert des complications liées aux accouchements difficiles, notamment des femmes qui ont des incontinences urinaires que nous appelons fistules. Ça peut être des incontinences consécutives aux accouchements difficiles, aux violences sexuelles… Nous allons soigner aussi les victimes des prolapsus génitaux, les déchirures de périnée, etc”.

Cette campagne de soins est menée dans l’objectif d’apporter le sourire aux victimes de ces genres, des maladies parfois rejetées dans la communauté.

« Les personnes qui vivent avec ce genre de problème sont souvent isolées de la communauté parce qu’elles dégagent des odeurs, des urines, des selles… elles ne peuvent pas aller au marché, à l’église ou dans des lieux publics et notre objectif et de leur apporter encore le sourire pour qu’elles vivent aisément dans la société », a poursuivi le médecin.

Malgré les cas des violences sexuelles enregistrés dans la région de Beni et ses environs, causés par les groupes armés et d’autres acteurs, celle-ci n’a pas de médecins spécialistes pour réparer les victimes des fistules, regrette Docteur Jérémy Katsavara, médecin Directeur intérimaire de l’hôpital général de référence de Beni.

« Les médecins spécialistes dans la réparation des fistules ne sont pas nombreux ici. Et c’est une des raisons qui laissent à ce qu’on fasse appel à des spécialistes venus d’ailleurs. Nous sommes dans une zone en proie à l’insécurité ici et parmi les causes des fistules c’est aussi les violences sexuelles. Nous avons souvent eu des cas, des petits enfants dont on a abusé sexuellement et qui arrivent ici avec des déchirures graves des périnées », a-t-il expliqué.

Cette campagne de réparation des victimes des fistules et d’autres complications gynécologiques se déroule dans plusieurs zones de santé au grand Nord-Kivu, dans l’objectif d’apporter le sourire aux victimes longtemps rejetées.

Delphin Mupanda (Correspondant au Nord-Kivu)

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