priorite

184Views

La fin du conflit entre le chinois CMOC et la Générale des carrières et des mines (Gécamines) ouvre la voie à l’exportation inédite de plus de 16 000 tonnes de cobalt et de 120 000 tonnes de cuivre pour une valeur estimée à 1,5 milliard de dollars américains USD. Dans les milieux miniers, on parle d’un « Tsunami du cobalt » qui exercera une forte pression sur les prix de ce minerai. En outre, la fin du conflit laisse présager la possibilité d’un nouvel investissement et d’une augmentation de la production du cuivre et du cobalt d’ici à la fin de 2023.

La confirmation d’un accord entre CMOC et la Gécamines a suscité, à la fois, de l’espoir et de la crainte. Au bout de plusieurs mois de tension entre les deux partenaires, avec ses épisodes très douloureux, comme le placement de Tenke Fungurume Mining (TFM) sous contrôle judiciaire à la demande de la Gécamines, la décision de CMOC d’empêcher à son partenaire l’accès au site et, le plus spectaculaire, le retrait des permis d’exportation en juillet 2022, l’annonce d’un accord redonne un second souffle au projet. TFM représente la plus grande mine de cuivre de la RDC. Au-delà, son cobalt contribue à hauteur de 15 % à la production mondiale du minerai. La grandeur même du projet explique également les craintes face au compromis trouvé. En dépit de l’interdiction, TFM a continué à produire et à stocker sur place. Aujourd’hui, au moment où les prix du cobalt sont déjà sous pression, la perspective d’un écoulement sur le marché international d’environ 17 000 tonnes de cobalt en provenance de la RDC risque d’avoir des terribles répercussions sur le marché international.

Une pression supplémentaire sur les prix du cobalt

Selon certains cabinets d’experts, à l’instar de Benchmark Source, il faut au moins une année ou plus pour que l’important stock de TFM soit vendu effectivement. Par conséquent, la présence d’un stock aussi important sur le marché mondial va rajouter une pression supplémentaire sur les prix du cobalt, déjà en baisse de 75 % depuis le dernier pic. A titre de rappel, le prix se négocie, en ce mois d’avril à moins de 20 000 dollars américains USD la tonne.

Pour l’heure, la nouvelle de l’accord semble bien alimenter un autre phénomène plus inquiétant. Pris de court, de nombreux fournisseurs accélèrent le déchargement de leur tonnage avant que CMOC ne reprenne complètement du service. Pour Benchmark, le décor est bien planté pour un cobalt excédentaire au cours du deuxième trimestre. Selon ses projections, le marché sera excédentaire au cours des trois prochaines années, avec une production annuelle dépassant les 250 000 tonnes d’ici à 2025, avant qu’un déficit faible, mais croissant, n’apparaisse jusqu’en 2030.

Toutefois, pour certains experts congolais contactés par Media Congo Press, il aurait fallu mieux communiquer sur les contours du nouvel accord trouvé dans ce projet partagé à 80 % et 20 % entre CMOC et Gécamines. Bloomberg qui a annoncé la nouvelle, a fait état d’un consensus sur la question des redevances, à l’origine même de la dispute entre les deux partenaires. La société publique a accusé CMOC de sous-estimer volontairement les réserves minérales du projet afin de payer moins.

Echange avec le FMI sur les statistiques minières


Antoinette N’Samba Kalambayi

Entretemps, une équipe du Fonds monétaire international (FMI) séjourne à Kinshasa, depuis le 19 avril, dans le cadre de l’évaluation de la quatrième revue du Programme économique du gouvernement, appuyé par la facilité élargie du crédit et l’amorce des négociations du programme de résilience et de durabilité (RSI).

Mercredi dernier, cette équipe a échangé avec la ministre des Mines, Antoinette N’Samba Kalamabayi, au sujet des questions relatives aux statistiques minières sur la production entre 2022 et 2023 ainsi que les projections pour 2024 et 2033. Les échanges ont porté également sur la contribution du secteur minier au budget de l’Etat et à l’état des lieux des réformes sectorielles. La question de l’accord liant CMOC et la Gécamines ne manquera pas de figurer à l’ordre du jour des discussions.

En effet, un éclaircissement est indispensable car la TFM projette d’achever le projet de 2,5 milliards de dollars américains USD pour produire plus de 200 000 tonnes de cuivre et plus 17 000 tonnes de cobalt. Avec une telle production, TFM va ravir à Glencore le titre de premier producteur mondial de cobalt.

 

Laisser un commentaire