Certaines personnes vivant avec handicap sont capables de réaliser un travail surprenant. C’est le cas de Elisha Manzomeli, 19 ans, dépourvu de ses deux bras. Cette malformation ne constitue pas un frein à son épanouissement, il a, au contraire, développé des mécanismes de résilience pour faire face à son état physique. Il mange, lessive et excelle dans le dessin en utilisant ses pieds.
Pinceau entre les orteils, Elisha Manzomeli est bien concentré devant un tableau. Il dessine un milieu qu’il perçoit comme son village natal de Kokola, en territoire de Beni, détruit par une guerre interminable.
« C’est le village de Kokola où je suis né. La guerre devient persistante dans ce village et les gens ont déjà quitté ce milieu », indique-t-il.
Elisha Manzomeli est né handicapé, dépourvu de ses bras. Mais il mange, lessive, extrait du sable dans la rivière et fait tout avec ses pieds, témoigne sa tutrice.
« Malgré qu’il n’a pas de bras, c’est une personne normale. Il fait tout par ses pieds et il trouve facile d’en faire comme si c’était par les mains. Dernièrement, ici, il est allé laver ses habits et parfois, il tente de les étaler au soleil, et c’est là que nous l’assistons », explique-t-elle.
Elisha est inscrit chez Congo art, un centre d’apprentissage en art. Il est convaincu que les personnes vivant avec handicap sont aussi capables de réaliser certains travaux pour leur épanouissement autant que celles dites valides.
« Ils pensaient que je ne peux plus rien faire, mais je fais toutes mes activités moyennant les pieds et je les fais bien. Il y a beaucoup de travaux que les handicapés peuvent aussi bien faire. Il ne faut pas les sous-estimer », conscientise Elisha Manzomeli.
Anselme Muhasa, son encadreur, témoigne de son adaptation rapide. Le regard des autres n’est pas un frein pour lui. Il veut voir Elisha devenir indépendant, ses œuvres sont exposées chez Congo art.
« Comme vous le voyez là, il a réalisé des beaux portraits, raison pour laquelle j’aime ces derniers temps qu’il reste à côté de moi. C’est un gars qu’il faut former. Il faut que nous puissions lancer Elisha dans la société pour qu’il ne puisse pas être dépendant. Il faut qu’il vole de ses propres ailes parce que s’il maîtrise bien le dessin, ça fera de lui une personne intègre dans la société », confirme l’artiste peintre Muhasa.
Elisha est parmi les rares personnes vivant avec handicap qui s’adonnent au métier de l’art en ville de Beni.
Delphin Mupanda (Correspondant au Nord-Kivu)