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1961-2023, les autorités conviées à endiguer les dégâts de la crue du fleuve Congo

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La crue du fleuve Congo n’est pas à son premier épisode. Le communiqué de la Régie des voies fluviales (RVF) du 28 décembre 2023 assimile cette montée exceptionnelle des eaux à celle de 1961 dont le niveau de jaugeage au Port public à Kinshasa met respectivement en exergue un débit de 73 209,101m³/s avec un niveau de 5,91m en date du 27/12/2023 contre 73 680m³/s et 5,70m en date du 29/11/1961.

Des archives belges consultées, les premières nouvelles de cette montée inquiétante des eaux leurs parvenues font état des dégâts matériels importants.

Le 30 novembre 1961, « la centrale hydroélectrique de la Tshopo était immobilisée, privant la population de la lumière et d’eau potable » ; Le 02 décembre 1961, Kinshasa avait interdit « le passage vers Brazzaville, les embarcadères étant sous eau » ; le 4 janvier 1962, « les Nations unies ont apporté une assistance en eau aux villages isolés depuis 15 jours » ; ”à Mosaka, au Km 464 de la rive droite du Fleuve [entre Bolobo et Lukolela], la population indigène a dû être ravitaillée par parachutages” ; à Mbandaka, ”les effondrements se sont produits dans le terre-plein du Port” ; à Brazzaville, ”l’inondation de la centrale hydro-électrique du Djoué n’a pu être évitée que grâce aux digues de protection” ; à Matadi, ”plusieurs affaissements de voies sont à déplorer sur les arrière-quai” ; et dans le bief maritime, ”d’importantes migrations de bancs de sable dans la région divagante ont réduit à 24 pieds le mouillage disponible dans les passes empruntées par les navires de haute mer, mouillage qui, depuis 1953, avait pu être porté officiellement à 30 pieds”.

Des études s’en sont suivies en vue d’apporter plus d’éclaircissements sur cette situation inquiétante. Et, selon les éléments statistiques des stations de Kinshasa et Kisangani, la crue de 1961-1962 du fleuve Congo ”ne se représentera pas avant 500 ans » !

Des calculs que le changement climatique a certainement bouleversés. Cette situation est d’autant plus inquiétante dès lors que les précipitations évoluent dans leur contexte légitime. En effet, d’après le chef de division des prévisions météorologiques de l’Agence nationale de météorologie et de télédétection par satellite (Mettelsat), l’intensité des pluies ne pourra baisser que vers fin janvier 2024. Tout en tenant compte des paramètres qui varient, Augustin Tagibabo a, dans une sortie médiatique, signifié que les inondations vont continuer dans les quartiers côtiers du fleuve Congo.

Ces faits avérés ne rassurent pas la population riveraine. Celle-ci enregistre des pertes importantes suite à la montée des eaux du fleuve Congo. Des maisons écroulées au quartier Kinsuka-Pêcheurs (partie ouest de la capitale Kinshasa) ; plusieurs maisons sous les eaux à Kailo, dans le Maniema (Est de la RDC) ; au quartier Kimpungu dans la cité de Luozi (Kongo-Central, Ouest de la RDC), les premières enquêtes ont fait état d’une centaine d’habitations et deux ponts submergées par les eaux du fleuve, les mêmes inondations ont été enregistrées au village Kimbemba, construit aux abords du fleuve Congo dans le territoire de Songololo… la liste n’est pas exhaustive.

Gouverner c’est prévoir

Les autorités qui se succèdent convergent tous pour la destruction des constructions anarchiques. Des manières de faire qui étalent leur absence de volonté ou méconnaissance notoire de la gestion de la chose publique. Elles s’exhibent à remédier les conséquences que de chercher à éliminer les causes. Pourtant, le travail de prévention devrait commencer dès l’acquisition des terrains à proximité du fleuve Congo ou de ses affluents. Cela éviterait de cumuler le nombre de sans-abris et épargnerait des entrepreneurs sérieux des mauvais investissements.

Pour des solutions durables, les autorités sont donc conviées à élaborer une politique drastique de prévention et réfléchir sur les moyens à mobiliser en vue de délocaliser les populations riveraines. Plutôt que de se complaire à jouer aux sapeurs-pompiers dès que l’occasion s’y prête, munies des mots de consolation et enveloppes ou kits d’assistance qui ne résolvent pas le problème.

Du reste, les eaux du fleuve Congo ne débordent pas. Elles retrouvent leurs cours sur les différents lits que les constructions anarchiques ont spoliés et détourné.

 

Plum’Belle

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