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Ituri : résilience socio-économique des déplacés de guerre

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Les conditions humanitaires sont précaires dans plusieurs zones sous l’emprise de l’insécurité. C’est le cas de la province d’Ituri, où les déplacés manquent de nourriture et plusieurs autres biens essentiels pour leur survie. Dans ces conditions, certains arrivent à développer des mécanismes de résilience socio-économique en vue de surmonter ce défi.

Mambo Longa Nganga, 49 ans, a actuellement choisi la couture comme source financière pour la survie de sa famille. Il a installé sa machine à coudre dans le site de Jaiba depuis qu’il s’est déplacé de Bubu-Patsu, son village situé près de Fataki, après une attaque des miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco).

Malgré la situation de vie difficile dans le site, il parvient à subvenir à ses besoins vitaux et ceux de sa famille grâce à ce travail.

« Nous avons fui la guerre des Codeco. Ils nous ont chassés depuis nos résidences. Nous mangeons difficilement ici. Je travaille dans la couture, les quelques habits déchiquetés c’est ce que je confectionne et c’est ce qui nous nourrit », a-t-il raconté.

L’autre c’est Immaculée Tumavé, 64 ans d’âge et mère de 12 enfants. Elle s’est déplacée du village Ikpa-Bura, et vit de la vente des haricots dans le site. Elle était autrefois agricultrice et tenancière d’un restaurant de fortune, mais aujourd’hui, elle se contente d’un capital de 15 000 Francs congolais, environ 5 USD, pour refaire sa vie dans le lieu de refuge.

Elle gagne un bénéfice de 2 000 Francs congolais, moins d’un dollar américain, à la revente d’un seau des haricots. Son chiffre d’affaires a plus que doublé jusqu’à atteindre 35 000 FC, à moins d’une année.

« Mon enfant m’avait aidée à partir de Bunia. Il m’avait envoyé une petite somme et c’est avec ça que j’ai démarré. Une partie j’utilise pour la ration alimentaire, l’achat du savon ou du sucre. Chez nous, je faisais le restaurant et nous étions dans une bonne vie », a-t-elle expliqué.

Difficile retour à la vie normale

Malgré cette vie, Immaculée rêve de revenir dans son village pour continuer avec son ancienne vie. Raison pour laquelle elle demande au gouvernement de tout mettre en œuvre pour restaurer la sécurité dans le territoire de Djugu, notamment en récupérant toutes les armes qui circulent encore illégalement entre les mains des groupes armés comme la Codeco, active aussi dans son village.

« Je demande au gouvernement congolais de tout mettre en œuvre pour que nous quittions ce site afin de revenir chez nous. Qu’il récolte des armes encore en circulation. Tous les gens ont peur des Codeco qui ont encore des armes. Si le gouvernement les récupère, les gens peuvent retourner chez eux sans problème », a-t-elle ajouté.

L’insécurité ne permet pas aux déplacés d’accéder à leurs activités dans plusieurs villages du territoire de Djugu. Des jeunes désœuvrés sont toujours visibles dans les sites de déplacés, réunis autour des différents jeux, une oisiveté qui les expose à beaucoup de risques, entre autres, d’adhésion dans des groupes armés, déplorent certains acteurs sociocommunautaires.

Delphin Mupanda/MCP

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