Le génocide congolais a été commémoré sur toute l’étendue du pays ce vendredi 2 août 2024. En ville de Beni, dans le Nord-Kivu, la population s’est recueillie autour du mausolée des victimes des massacres au cimetière de Masiani. Il s’agit non seulement de se souvenir des victimes des atrocités, mais aussi de réclamer justice en leur faveur.
Unie et mobilisée pour une même cause, la population a répondu à l’appel de la synergie de groupes de pression et mouvement citoyen de Beni. Les manifestants étaient vêtus en noir, un signe de deuil. D’autres étaient munis des banderoles avec des messages allant dans le sens de réclamer le retour de la paix à Beni et la justice en faveur de victimes des violences récurrentes.
Direction, Masiani, c’est ici où est érigé le mausolée en mémoire de victimes des premiers massacres en ville de Beni. A l’entrée du cimetière, une grande affiche sur laquelle on voit les photos illustrant les atrocités du groupe armé ADF. Le message est le même, ”nous voulons la paix”.
Ce mausolée renferme une trentaine de tombes des victimes des tueries de Ngadi, Nzuma, Kadou et environs, les premières entités attaquées en ville le 15 octobre 2014.
Mais, ils sont nombreux ceux qui ont été tués dans d’autres villages, même en province de l’Ituri, dans l’actif des Forces démocratiques alliées (ADF), une milice d’origine Ougandaise, affiliée à l’État islamique. Madame Kambere Marie-Joseph, son mari a été tué à Ndalya, il y a quelques jours.
”J’ai un membre de ma famille qui est mort dans les massacres de Ndalya. C’était mon mari, le père de mes enfants. Il était tombé dans une embuscade alors qu’il se rendait à la source d’eau. Les ADF l’avaient tué par balle et brûlé. Aujourd’hui, les enfants ne vivent que par la grâce de Dieu…”, a-t-elle expliqué.
Cette journée, c’est aussi une occasion de réclamer justice en faveur de victimes des crimes à Beni et réparation des préjudices que la population continue de subir. Maître Paulin Muliro, défenseur des droits humains, estime à plus de 7 milles les victimes multiformes et plaide pour une justice internationale avec l’apport du gouvernement Congolais.
”S’il faut parler des crimes ou génocide, c’est à Beni. Aujourd’hui, nous comptons plus de 7 000 personnes tuées aux côtés des disparus. Malheureusement, le gouvernement est insensible à ce que les gens vivent à Beni. Nous sommes en train d’identifier des victimes pour constituer une base de données. Nous volons une justice internationale, bien-sûr avec les autorités congolaises…”.
Le génocide congolais Genocost sera célébré chaque le 2 août. La commémoration de cette journée vise à lutter contre le silence, la banalisation, le déni de justice et l’oublie des crimes graves commis en RDC.
Delphin Mupanda/MCP, Nord-Kivu