Lors d’un entretien avec MCP dimanche 9 février 2025, Eugène Diomi Ndongala, président national de la »Démocratie chrétienne » (DC), estime que le sommet du 8 février 2025 qui devait marquer un tournant pour la République démocratique du Congo, s’est achevé sans avancées concrètes. « Les grandes déclarations se sont heurtées à la dure réalité de l’Est du pays, où Bukavu, symbole de résilience, se retrouve désormais dans le viseur des groupes armés ».
Une ville en danger
Dans l’Est de la RDC, l’insécurité est devenue le quotidien de la population. « Bukavu, véritable porte d’entrée de la région, est sur la ligne de front. Les habitants déclarent vivre dans la peur constante d’une attaque », s’inquiète Diomi Ndongala.
Un sommet de promesses en demi-teinte
Les dirigeants réunis sous l’égide de la Sadc et de l’EAC avaient promis de renforcer la coopération régionale et de soutenir les Fardc. Pourtant, sur le terrain, les mesures concrètes se font attendre. Comme souvent, les accords s’enlisent dans des divergences d’intérêts et un manque de moyens logistiques et financiers. Les déclarations finales risquent fort de rejoindre l’archive des sommets passés, où les belles paroles laissent place à l’inertie.
Selon Diomi, les scénarios possibles sont entre un espoir timide et un chaos annoncé.
1. Un espoir timide
Si le sommet devait servir de catalyseur, il faudrait que la volonté politique se transforme en actions. Un déploiement rapide de troupes mieux équipées, un suivi rigoureux des engagements et un soutien accumulé aux institutions locales pourraient contenir la menace. Dans ce scénario optimiste, Bukavu verrait sa sécurité renforcée, même si le chemin vers une paix durable reste semé d’embûches.
2. Le statu quo, synonyme de désastre
En l’absence d’un engagement ferme et de mesures concrètes, l’insécurité risque de s’envenimer. Les groupes armés étendront leur emprise et Bukavu pourrait bien être la prochaine victime. La ville verrait alors son destin scellé par une escalade de violences, alimentant une crise humanitaire et un exode massif. Ce scénario pessimiste rappelle les échecs répétitifs des sommets précédents.
3. Une intervention régionale renforcée, dernier espoir
Le troisième scénario envisage une réaction décisive de la part de la Sadc et de l’EAC. En déployant davantage des troupes, en exerçant une pression diplomatique sur les pays soutenant les rebelles – notamment le Rwanda et l’Ouganda – et en renforçant les capacités des Fardc, la situation pourrait s’améliorer. Mais cela exige une coordination inédite et une volonté politique sans faille, capable de transcender les intérêts nationaux au profit d’une stabilité régionale.
Les clés d’une mise en œuvre efficace
Le véritable défi, à en croire Diomi Ndongala, ne réside pas uniquement dans les accords signés, mais dans leur concrétisation sur le terrain. Pour transformer les belles promesses en réalité, plusieurs leviers doivent être activés :
La volonté politique : les autorités congolaises et leurs partenaires régionaux doivent s’engager résolument pour ne pas laisser ces résolutions devenir de simples vœux pieux.
Moyens logistiques et financiers : un déploiement rapide et efficace des forces, accompagné d’un soutien matériel et financier donc, est indispensable.
Coordination et suivi internationaux : la communauté internationale doit mettre en place des mécanismes de contrôle et de sanction pour garantir que les engagements soient respectés, tout en encourageant un dialogue inclusif entre toutes les parties.
L’heure des choix
Pour ce leader Ne Kongo, la RDC se trouve à un carrefour critique. Le sommet de la Sadc et de l’EAC aurait pu être l’occasion de tourner la page d’un conflit récurrent, mais sans actions concrètes, il risque de n’être qu’un énième rendez-vous manqué. Pour Bukavu et l’ensemble de l’Est du Congo, le temps presse. La communauté internationale et les dirigeants régionaux doivent décider: agir maintenant pour éviter un plongeon dans le chaos ou rester spectateurs d’une escalade de violences aux conséquences irréversibles. L’avenir de cette région fragile, conclut-il, dépend désormais d’un choix décisif, entre espoir timide et désastre annoncé.
LM