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Parc des Virunga : « C’est un honneur de mourir en protégeant la nature », témoigne un écogarde de l’ICCN

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À l’occasion des 100 ans du parc national des Virunga, la plus ancienne réserve naturelle d’Afrique, les défis restent immenses. Situé au cœur d’une région en proie aux conflits armés, ce joyau du patrimoine mondial de l’Unesco continue de subir les assauts des groupes armés et des braconniers. Pourtant, l’engagement des écogardes reste intact, souvent au prix de leur vie.

Chaque matin, à la base de Mutsora, au pied du mont Ruwenzori, dans le territoire de Beni (Nord-Kivu), hommes et femmes se réunissent pour entamer leur mission : protéger la faune et la flore du parc contre toutes les menaces.

Parmi eux, Kule Balikwisha Honoré, écogarde depuis 46 ans, est une figure emblématique de cette lutte.

« Nous partons régulièrement en patrouille. Il nous arrive de passer jusqu’à 30 jours dans la forêt à traquer les envahisseurs. Quand nous croisons des groupes armés, ils nous attaquent, et nous devons nous défendre », témoigne-t-il.

Un engagement malgré les dangers

Blessé par balle au cours d’une mission, Kule n’a jamais renoncé.

« Ça ne me décourage pas. La mort fait partie de notre métier. C’est un honneur de mourir en protégeant la nature. Après ma guérison, j’ai repris le travail. Nous devons continuer à sauvegarder ce parc. Sans notre protection, il aurait déjà disparu », insiste-t-il.

Créé en 1925, le parc national des Virunga s’étend sur 790 000 hectares à la frontière entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1999, il abrite une biodiversité unique, notamment les derniers gorilles de montagne.

Mais les dangers sont constants. Selon l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), gestionnaire du parc, plus de 220 écogardes ont été tués au cours des vingt dernières années dans l’exercice de leurs fonctions.

Des familles marquées à vie

Rachel Kavira Kavundahire a perdu son mari, écogarde, lors d’une embuscade à Kyavinyonge, sur les rives du lac Édouard.

« Il a été tué en pleine mission. Leur patrouille est tombée dans une embuscade tendue par un groupe armé. C’est très douloureux de perdre son mari. Mais aujourd’hui, je travaille dans une chocolaterie soutenue par la fondation Virunga, ce qui me permet d’élever nos enfants », confie-t-elle.

Des millions de dollars issus du trafic illégal

À l’occasion du centenaire, une synthèse de l’ICCN révèle que la moitié du parc est aujourd’hui occupée par des groupes armés, dont le M23, les ADF, les FDLR et diverses milices Maï-Maï. Ensemble, ils tireraient chaque année près de 30 millions USD du trafic illégal des ressources naturelles du parc.

Malgré tout, les écogardes continuent leur mission, animés par la conviction que protéger le parc des Virunga, c’est protéger l’avenir.

Delphin Mupanda

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