Poursuivi pour un présumé détournement de 39 millions de dollars américains destinés à la construction d’une prison à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, refuse désormais que son dossier soit instruit par le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde.
Dans une correspondance rendue publique ce mardi 10 juin, le ministre justifie sa récusation par une inimitié qu’il dit avoir été provoquée par sa “lutte contre les anti-valeurs dans la justice”.
“Votre intérêt personnel dans cette affaire, ainsi que l’inimitié créée entre vous et moi suite à ma lutte contre les anti-valeurs dans la justice, justifient la présente récusation, ainsi que celle des magistrats placés sous votre autorité, pour partialité, règlement de comptes politiques et conflit direct avec le ministre d’État”, écrit-il.
Dans le même document, Constant Mutamba affirme que le projet de construction de prisons et de maisons d’arrêt a été dûment approuvé par le Conseil des ministres. En ce qui concerne celle de Kisangani, il soutient que la procédure de passation de marché a été menée dans le respect des règles en vigueur.
Le ministre estime qu’il est incompréhensible de parler de détournement, alors que l’initiateur du projet a préalablement sollicité l’approbation de la Première ministre, qui avait toute latitude pour valider ou rejeter le projet.
Il précise également que les fonds non encore utilisés ne sauraient constituer une preuve de détournement. Le paiement effectué, affirme-t-il, l’a été sur la base d’un contrat en bonne et due forme, et à la suite de l’approbation du marché par la cheffe du gouvernement, en plus des études de sol réalisées par l’Université de Kinshasa.
Par ailleurs, Constant Mutamba dénonce ce qu’il qualifie de “mensonge éhonté” dans les déclarations du parquet, affirmant que le site de construction n’a pas été identifié, ce qui, selon lui, prouve le caractère “complotiste” du dossier.
Face à cette situation, le ministre dit être convaincu qu’il s’agit d’un acharnement politique visant à neutraliser “un adversaire ombrageux”. Il affirme donc agir pour empêcher toute “partialité” de la part du procureur général et des magistrats sous son autorité, réclamant que l’instruction soit confiée à un autre parquet afin de garantir une justice “impartiale et indépendante des règlements de comptes politiques”.
Bernard Mpoyi