A la uneAfrique

251Views

Toute reprise durable de l’activité mondiale tiendrait à la fois de la qualité de la réouverture de l’économie chinoise et de l’élargissement des conditions financières mondiales. À en croire les dernières perspectives mondiales publiées par la Banque mondiale (BM), les pressions inflationnistes et les tensions dans le secteur bancaire des économies avancées auront des conséquences désastreuses sur les conditions financières de l’Afrique subsaharienne. En effet, elles entraîneront des dépréciations monétaires et des nouvelles sorties de capitaux.

Pour des pays qui ne disposent pas d’une marge budgétaire suffisante pour faire face à ces chocs macro-économiques, il y a bien un risque de surendettement qui se profile à l’horizon.

Depuis le début de l’année 2023, la croissance de l’Africaine subsaharienne est en train de s’essouffler pour des raisons liées à la fois à des problèmes propres et à l’aggravation des perturbations économiques. En effet, plusieurs facteurs ont contribué à plomber cette croissance, en l’occurrence la baisse des matières premières, l’accès limité aux emprunts extérieurs, l’inflation élevée et les politiques monétaires restrictives.

Et tout au long du premier semestre, aucune reprise majeure n’a pu être observée à cause de la persistance de ces facteurs (inflation élevée, resserrement des conditions financières mondiales, durcissement des politiques intérieures et flambée de violence et de troubles sociaux dans certains pays). Les chiffres reflètent le mieux la précarité de la région. En 2023, il y a eu environ 35 millions de personnes supplémentaires en situation d’insécurité alimentaire aigüe par rapport au début de l’année 2022.

Dans les pays en conflit, comme la RDC, les effets sont plus dévastateurs. Même si des efforts considérables ont permis d’atténuer l’inflation galopante, il se pose toujours un problème de hausse annuelle des denrées alimentaires dans près de 70 % des pays en raison des coûts élevés des intrants agricoles, des dépréciations monétaires et des nouvelles difficultés d’approvisionnement.

Quant aux perspectives de la région, l’institution de Breton Wood confirme une croissance en recul. Cette dernière s’établit finalement à 3,2 % en 2023, alors que la précédente prévision datant de janvier 2023 le fixait à 3,6 %. Le coût élevé de la vie limite aujourd’hui la consommation privée, explique la BM. En outre, poursuit-elle, le durcissement des politiques empêche également la reprise des investissements dans de nombreux pays de la région.

Plus grands pays considérés comme la locomotive de la croissance régionale, en l’occurrence l’Afrique du Sud, le Nigéria et l’Angola, ont vu leur croissance s’effriter pour se fixer à 2,8 %. Pour l’institution financière internationale, l’aggravation des vulnérabilités nationales, le resserrement des conditions financières mondiales et la faiblesse de la croissance mondiale vont contribuer à freiner davantage toute reprise future. Il s’agit d’autant de risques de détérioration des perspectives de la région.

L’Afrique subsaharienne compte 22 pays fragiles, dont la RDC, et 13 petits États faiblement peuplés, au territoire restreint et disposant d’un capital humain limité.

Laurent Ifayemba

Laisser un commentaire