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Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) exige la suspension et les poursuites en procédures de flagrance et en public contre le maire policier de la ville de Beni, le commissaire supérieur principal Muteba Kashale Narcisse et le commandant de la police dans cette ville, Jean-Sebastien Kahuma Lemba, pour avoir ”détourné” la police et l’armée de leur mission, et « ordonné » l’usage abusif de la force et des armes de guerre contre des manifestants non armés, voire contre la population civile en général.

La Lucha l’a exigé dans une déclaration, quelques heures après la mort par balle de son militant le lundi 24 janvier 2022, lors d’une manifestation réclamant la fin de l’Etat de siège, une mesure exceptionnelle décrétée par le chef de l’Etat dans le but de mettre fin à l’insécurité dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri, mais qui n’a pas su arrêter les tueries des civils.

Mumbere Ushindi Dorac, est le militant de Lucha tué par balle tirée par un policier au niveau du petit marché dit Kanzulinzuli situé au quartier Butsili, où se rassemblaient des dizaines de manifestants, dont des militants de Lucha. Il a été dépêché aux soins à la clinique de l’Institut Supérieur des Techniques Médicales (ISTM) à Tamende où il a rendu l’âme, ont expliqué les témoins du drame.

Lauréat de la dernière session de l’examen d’État (2020-2021) en option construction, Mumbere Ushindi Dorac, dit Dodo, âgé de 22 ans, travaillait comme stagiaire en construction pour parfaire ses connaissances, subvenir à ses besoins personnels et soutenir sa famille dont il était l’aîné, affirment ses collègues.

3ème ”meurtre” d’un activiste de la démocratie aux 3 ans de Félix Tshisekedi

C’est le troisième ”meurtre” d’un militant de Lucha par balle à Beni, en trois ans, correspondant aux trois années de la présidence de Félix Tshisekedi, note la Lucha.

« Si l’identité du meurtrier qui a tiré sur notre camarade Mumbere Ushindi Dorac n’est pas connue, les unités déployées sur le terrain sont bien identifiées, de même que les commandants qui ont donné l’ordre d’abattre ou de torturer quiconque allait répondre à l’appel à cinq journées ville-morte lancées par notre mouvement et par d’autres groupes de pression ».

En effet, en réaction à l’annonce de cette série de ville-morte dont l’objectif est de dénoncer la persistance de l’insécurité à Beni en dépit de l’Etat de siège en vigueur depuis huit mois, les autorités militaires et policières de la ville de Beni ont déployé des militaires et policiers munis d’armes et munitions de guerre dans les rues de Beni dès la nuit du 23 janvier 2022.

Ce mouvement condame c’est qu’il qualifie de recours abusif et prémédité à la force létale et à la torture par les forces dites de sécurité contre la population. « Le maire policier de la ville de Beni, le commissaire supérieur Narcisse Mukeba et le responsable du commissariat urbain de la police, le commissaire supérieur principal Jean-Sébastien Kahuma Lemba, ont clairement annoncé que “les manifestants ne reverront plus les membres de leur famille”. Ces déclarations constituent ni plus ni moins des appels au meurtre, et caractérisent la préméditation de ce qui est advenu, estime la Lucha.

Impunité des prédateurs ?

Le « meurtre » de Mumbere Ushindi intervient après celui d’Obadi Muhindo le 23 novembre 2019 et son assassin et les commanditaires n’ont toujours pas été inquiétés”, et celui de Freddy Kambale le 21 mai 2020, le policier subalterne condamné à la suite de ce meurtre était ”libéré” lors de l’évasion de la prison de Kangbayi du 20 Octobre 2021. Le colonel François Kabeya qui ”avait donné l’ordre de tirer” a été acquitté dans le procès a Beni, avant d’être nommé maire de la ville de Goma dans le cadre de l’État de siège.

L’autre c’est le jeune La Fontaine Katsaruhande qui s’est vu amputer de sa jambe le 10 Septembre 2021 après avoir été atteint par une balle, tirée par un policier lors d’une manifestation pacifique.

Par ailleurs, 13 autres membres de Lucha, dont une femme sont détenus à la prison centrale de Beni depuis le 11 novembre 2021 pour avoir protesté dans une marche pacifique contre les massacres continus et exigé une évaluation conséquente de l’Etat de siège avant toute prorogation. Ils sont poursuivis pour ”désobéissance aux lois” et risquent 10 ans de prison, regrette la Lucha dans sa déclaration.

Il sied de rappeler que la ville de Beni est restée sous tension le lundi 24 janvier. Il y a eu des altercations entre la population et les forces de l’ordre et de sécurité. Le collectif de groupes de pressions et mouvements citoyens de la place ont appelé à l’observance de 5 journées ville morte à dater de ce lundi pour demander la levée de l’Etat de siège, instauré depuis maintenant 8 mois, mais qui ne fait pas encore l’unanimité au sein de la population quant au résultat.

Delphin Mupanda (Correspondant au Nord-Kivu)

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