Après trois ans de règne, la population du Kasaï juge mitigé le bilan de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la tête de la République démocratique du Congo.
Si pour certains le pays renaît de ses cendres, pour d’autres, les espoirs suscités avec l’avènement de Félix Tshisekedi s’envolent.
Le deputé provincial Jacques Matadi, cadre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (Pprd)/Tshikapa doit sa reconnaissance à Joseph Kabila qui a tout donné à cette ville.
« La desserte en eau potable avec la construction de l’usine de la Regideso, la voirie urbaine, et la route nationale numéro 1 qui permet à cette entité de se connecter à Kinshasa. La construction des écoles et autres”.
Cet élu de Tshikapa dit être étonné que tous les projets de l’actuel régime se soldent toujours par un échec ou le détournement de fonds. Il évoque les projets dit « 100 jours » et ”Tshilejelu” qui n’ont pas de traces à Tshikapa en particulier et au Kasaï en général.
Au Nouvel élan d’Adolphe Mozito au Kasaï, le bilan est très négatif.
Le coordonnateur de ce parti membre de la coalition Lamuka estime que depuis l’accession de Félix Tshisekedi au pouvoir, le social des congolais est catastrophique.
”Le bilan de monsieur Tshilombo est très négatif. Par exemple, ici au Kasaï, rien n’est fait. Les Kasaïens paient le courant le plus cher de la RDC, le RAM fait souffrir les congolais mais monsieur Tshilombo n’est pas à mesure de supprimer ça. Rien n’est fait dans le cadre des projets 100 jours et Tshilejelu au Kasaï, dans l’Est de la RDC tous les jours il y a des morts, la crise alimentaire au Kasaï, la justice très sélective”, a déploré David Katanya.
Un enseignant de l’école primaire de la place voit sa situation salariale s’améliorer grâce au pouvoir de Tshisekedi.
» Sous Kabila, je touchais un salaire de 190.000fc, l’équivalent de 95usd, mais avec Tshisekedi, avec la prime de brousse, je suis à près de 200usd. Même si ça ne représente pas grand chose, mais je pense qu’il y a quand même une augmentation de mon salaire », indique Éric Mutombo, enseignant d’une école primaire à Tshikapa.
Dans le camp des partisans du président Tshisekedi, l’espoir n’est pas perdu. Les premières années de Félix Tshisekedi lui ont permis de maîtriser les contours du pouvoir.
« Les jalons pour la refondation d’un Etat sont posés, en dépit de quelques difficultés dues à la mauvaise foi de ses partenaires. Le mal était profond, il faut beaucoup d’efforts pour sortir le pays du gouffre où il se trouvait. Là, le président est en train de s’investir », soutient un cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps).
Les espoirs suscités avec Tshisekedi s’envolent
« Nous attendions le social, c’est-à-dire manger, mais nous remarquons que 3 ans après, la vie devient intenable pire qu’avant. Nous continuons à vivre toujours des promesses. Les produits des premières nécessités ont doublé de prix sur le marché. On ne sent pas l’impact de ce pouvoir dans notre vie », s’inquiète Angèle Kabedi, vendeuse de farine au marché de Kamalenga.
Le temps, l’ennemi de F. Tshisekedi
À deux ans de la prochaine élection présidentielle, la majorité de la population Kasaïenne pense que le temps joue en défaveur du président Tshisekedi.
”Nous sommes en 2022. Une année post-électorale, que reste-t-il encore de son mandat ? Espérons qu’il va se rattraper vite avec son programme de développement à la base des 145 territoires. Là encore, il faudra qu’il pose des signaux forts pour le début effectif des travaux. Mais connaissant le mode de ce régime, nous sommes encore sceptiques. Bon, espérons bien que cette fois-ci qu’il ne cherche pas encore de bouc-émissaire pour se dédouaner », pense un analyste politique indépendant.
Sylvain Kabongo