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À ce jour la République Démocratique du Congo est présente dans plusieurs organisations sous régionales, notamment la SADC (Communauté économique des Etats de l’Afrique Australe), la CEPGL (Communauté économique des pays des Grands), le COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe), la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale), la ZLECAF (Zone de libre-échange continentale Africaine) et récemment de la CAE (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est). Au finish, elle est membre à part entière de l’Union Africaine (UA) et de l’Organisation des Nations Unies (ONU), dont les militaires se trouvent sur son sol, à travers l’ex-MONUC (Mission des Nations Unies en la République démocratique du Congo) créée par la résolution 1279 du 30 Novembre 1999, du Conseil de sécurité puis rebaptisée MONUSCO (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo) par la résolution du Conseil de sécurité n° 1279 du 30 novembre 1999, soit une présence de plus de 20 ans.

Tenant compte des réalités sur le terrain, on se demande quels bénéfices la RDC tire-t-elle, depuis qu’elle preste au sein de toutes ces organisations ? Selon plusieurs analystes, il n’y a aucune avancée significative constatée tant sur le plan économique que politique, moins encore aucune dividende tirée. Pourtant, la RDC a maintes fois été à la présidence tournante de toutes ces organisations, depuis la deuxième république, sans qu’elle ne tire des bénéfices.

Par contre, le pays ne fait que régresser, notamment sur le plan des infrastructures et de l’instabilité politique, sans que les membres de toutes ces organisations ne haussent le ton. Le cas de la guerre injuste imposée à la RDC dans sa partie Est, est plus éloquent.

Que gagne la RDC dans les communautés économiques régionales ?

La question demeure non élucidée sur les avantages que tire la RDC dans sa multi-appartenance dans les communautés économiques régionales (CER). Plusieurs langues affirment que les intégrations régionales dont la RDC fait partie, n’ont pas encore produit des résultats escomptés sur tous les plans, surtout qu’elle n’entretien toujours pas des bonnes relations avec certains membres dans certaines de ces communautés ; d’autres personnes attestent que cette appartenance de la RDC dans diverses communautés économiques régionales, est essentiellement basée sur la recherche non seulement de la paix en termes de sécurité pour certaines zones frontalières, mais également pour le libre-échange de personnes et de leurs biens. Ici aussi, il faut se demander, qu’est-ce que la RDC peut offrir à ses pairs ?

1. L’UA

L’UA est une organisation panafricaine qui a succédé à l’ex-OUA (créée le 25 mai 1963). Elle est née officiellement le 9 juillet 2002 et a pour objectifs, de réaliser une plus grande unité et solidarité entre les pays africains et entre les peuples d’Afrique ; défendre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de ses États membres ; accélérer l’intégration politique et socio-économique du continent ; promouvoir et défendre les positions africaines communes sur les questions d’intérêt pour le continent et ses peuples ; favoriser la coopération internationale, en tenant dûment compte de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ; promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent.

L’UA vise également à promouvoir les principes et les institutions démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance ; promouvoir et protéger les droits de l’homme et des peuples conformément à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et aux autres instruments pertinents relatifs aux droits de l’homme ; créer les conditions appropriées permettant au continent de jouer le rôle qui est le sien dans l’économie mondiale et dans les négociations internationales ; promouvoir le développement durable aux plans économique, social et culturel, ainsi que l’intégration des économies africaines.

En outre, l’UA s’est fixée comme objectifs, de promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de l’activité humaine en vue de relever le niveau de vie des peuples africains ; coordonner et harmoniser les politiques entre les communautés économiques régionales existantes et futures en vue de la réalisation graduelle des objectifs de l’Union ; accélérer le développement du continent par la promotion de la recherche dans tous les domaines, en particulier en science et en technologie ; œuvrer de concert avec les partenaires internationaux pertinents en vue de l’éradication des maladies évitables et de la promotion de la santé sur le continent.

Force est de constater que, au regard des objectifs ci-haut énumérés, la RDC ne se retrouve toujours pas ; pourtant elle venait de quitter à peine la présidence tournante de cette organisation, sans que le dossier de la guerre dans l’Est soit abordé. (Sic !)

2. La SADC

Créée en 1967, la SADC s’est fixée comme objectifs : d’atteindre le développement et la croissance économique, d’éradiquer la pauvreté, de renforcer le niveau et la qualité de vie des peuples de l’Afrique Australe et de soutenir les plus démunis socialement, par le biais de l’intégration régionale ; de développer des valeurs politiques, systèmes et institutions communs ; de promouvoir et défendre la paix et la sécurité ; de promouvoir le développement autosuffisant basé sur l’entraide collective, et l’interdépendance entre les Etats membres ; de parvenir à une complémentarité entre des stratégies et programmes nationaux et régionaux ; de promouvoir et maximiser l’exploitation et l’utilisation productive des ressources de la Région ; de parvenir à une utilisation durable des ressources naturelles et la protection effective de l’environnement ; de renforcer et consolider, les affinités et les liens historiques, sociaux et culturels, de longue date, entre les peuples de la Région. De tous ces objectifs, la RDC ne se retrouve nulle part.

3. La CEPGL


La RDC et le Burundi en phase de relancer la CEPGL

Créée le 20 septembre 1976, la CEPGL a été instituée dans le but notamment d’assurer prioritairement la sécurité des États membres en créant des conditions de paix et de confiance mutuelle, en vue de coopérer étroitement dans tous les domaines, promouvoir et intensifier des échanges commerciaux ainsi que favoriser le développement d’activités d’intérêts communs et certains projets nationaux des États membres. Elle vise donc l’intégration économique dans toute la région des Grands Lacs.

Durant la décennie sous examen, la BDEGL (Banque de développement des Etats des Grands Lacs ) a contribué au financement de 46 projets dont 31 projets en RDC pour un coût évalué à 29,05 millions DTS (Droits de tirage spéciaux), soit 76 % du total des crédits, contre seulement 7 projets au Rwanda d’un crédit de 5,84 millions DTS représentant 15 %, 7 projets au Burundi avec 1,99 millions DTS comme coût, soit 5 % de crédit total et curieusement un seul projet commun (SINELAC) d’un coût de 1,5 millions DTS, soit 4 % du total des crédits.

Il saute donc aux yeux que la part de crédits de CEPGL réservés aux activités de portée communautaire de l’organisation, a été insignifiante par rapport aux projets nationaux, surtout ceux implantés en RDC. Le fait d’accorder plus de crédits à la RDC, en qualité de principal actionnaire, a éloigné la BDEGL de ses objectifs d’intégration régionale visant le soutien des projets d’intérêts communautaires. On ne peut donc espérer implanter une intégration effective si certains partenaires ont des visées d’assujettir leurs pairs.

Le succès d’intégration par domination ne peut passer que par une guerre. Le victorieux pourra alors imposer ses conditions aux vaincus. Dans le cas contraire, il est conseillé de recourir aux divers principes évoqués dans ce travail.

Comme on peut le constater, la CEPGL n’a pas su catalyser le développement de la RDC, surtout que les crédits destinés aux 31 projets nationaux, ont été lapidés par les entrepreneurs prédateurs, en complicité avec des dirigeants du régime central de Kinshasa de l’époque. Et pourtant, si ces projets ont été bien conçus et bien gérés, ils pourraient, sans nul doute, améliorer les conditions de vie des populations et contribuer au développement de quelques secteurs d’activités socio-économiques en RDC.

En outre, la RDC ne profite pas du projet d’intérêt communautaire de SINELAC (Société Internationale d’Electricité des pays des Grands Lacs), puisque son électricité produite à partir de Ruzizi II, n’est consommée que par le Rwanda et le Burundi. Même chose pour le gaz méthane extrait des eaux profondes du Lac Kivu, que le Rwanda exploite depuis longtemps pour le besoin de la production de l’électricité au moyen de turbines à gaz, sans que la RDC n’en tire profit.

Tout compte fait, on peut affirmer que le bilan de deux décennies de l’existence de la CEPGL se sont avérées largement négatives et que les ambitions de bon voisinage, de paix et de développement collectif sont loin d’avoir été atteints au regard de la détérioration de la situation sécuritaire, humanitaire et économique des États membres et de leurs populations. Ceci ramène à dire que l’adhésion de la RDC à la CEPGL, lui confère un énorme passif constitué par le cumul de contributions non acquittées pendant plusieurs années. D’où l’importance pour la RDC, de maximiser toutes les opportunités de coopération et d’échanges avec ses partenaires, pour éviter de mener une diplomatie de bénévolat.

4. LE COMESA

Le COMESA, a été créé au départ en 1981 en tant que Zone d’échanges préférentiels des États de l’Afrique orientale et australe (ZEP), dans le cadre du Plan d’action de Lagos et de l’Acte final de Lagos adoptés par l’ex-OUA (Organisation de l’unité africaine), actuelle UA. La ZEP a été transformée en COMESA en 1994 comme une organisation internationale à vocation régionale de l’Est africain, dont l’objectif est de créer une union douanière entre ses 21 pays membres. Il vise aussi à renforcer un accord de libre-échange mise en place depuis 1981.

Le COMESA regroupe une population totale de 475 millions d’habitants. Sa mission est d’œuvrer en vue de réaliser des progrès économiques et sociaux durables dans tous les États membres à travers le renforcement de l’intégration et de la coopération dans tous les domaines de développement : en particulier le commerce, les douanes et les affaires monétaires ; le transport, les communications et l’information ; la technologie, l’énergie et l’industrie ; ainsi que le genre, l’agriculture, l’environnement et les ressources naturelles. Là également, la RDC ne tire aucune dividende

5. La CEEAC

La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) est une organisation internationale créée le 18 octobre 1983 pour le développement économique, social et culturel de l’Afrique en vue de la création des structures régionales pouvant progressivement aboutir à un Marché commun.

L’objectif fondamental poursuivi par la Communauté concerne la promotion et le renforcement d’une coopération harmonieuse et un développement dynamique, équilibré et autoentretenu dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, en particulier dans les domaines de l’industrie, des transports et des communications, de l’énergie, de l’agriculture, des ressources naturelles, du commerce, des douanes, des questions monétaires et financières, des ressources humaines, du tourisme, de l’enseignement, de la culture, de la science et de la technologie et du mouvement des personnes en vue de réaliser l’autonomie collective, d’élever le niveau de vie des populations…

Afin d’assurer des missions de sécurité et de prévention, la CEEAC a mis en place la Force multinationale de l’Afrique centrale (FOMAC), qui est presqu’inexistant au regard de ce qui se passe au sein des Etats membres, en l’occurrence la RDC dont le territoire est envahi depuis deux décennies.

6. La ZLECAF

L’objectif fixé pour créer cette zone de libre-échange est l’année 2017, mais le processus de négociation a été lancé en juin 2015 à Johannesburg. L’accord vise à créer un marché unique et libéralisé pour les marchandises et les services, faciliter la circulation des capitaux, des individus et des investissements à l’échelle du continent.

L’Accord porte sur le commerce des marchandises, le commerce des services, les investissements, les droits de propriété intellectuelle et la concurrence. Il comporte ainsi des Protocoles sur le commerce des marchandises, le commerce des services, les investissements, les droits de propriété intellectuelle, la politique de concurrence et les règles et procédures relatives au règlement des différends ainsi que des Annexes et Appendices.

En principe, la ZLECAF doit regrouper la zone tripartite de libre-échange, qui doit inclure le COMESA, la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et la SADC, avec d’autre part la CEEAC, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union du: Maghreb arabe et la Communauté des États sahélo-sahariens. L’objectif du projet est d’intégrer à terme, l’ensemble des 55 États de l’Union africaine. Là également, des spécialistes se posent la question de savoir, ce que la RDC va offrir comme produits.

Et voici le CEA

La RDC a rejoint solennellement la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (CEA), le 29 mars dernier. A en croire, des observateurs l’adhésion de la RDC dans l’EAC serait plus motivée par des raisons politiques, dont le but est de ramener la paix dans la partie Est du pays, en proie sous l’emprise de groupes armées et du fait que le CEPGL et tous ses mécanismes mis en place, n’ont pas apporté des résultats escomptés en termes de sécurité et de paix.

Dossier de José Wakadila et Hénoc Mpongo

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