En date du 29 mars 2022, la RDC a rejoint solennellement la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (CEA). Cette adhésion introduit la RDC dans un marché de plus ou moins 200 millions de consommateurs, ce qui porte la potentialité de celui-ci à plus ou moins 300 millions d’habitants. En plus, cette adhésion renforcera plus la mobilité des personnes que des biens de la RDC vers les autres membres de la dite communauté.
Souffrant d’un tissu industriel amorphe, certains observateurs pensent que l’adhésion de la RDC dans cette zone économique de l’Afrique de l’Est tendra à amplifier à moyen terme, cet exode de la population de l’Est du pays vers les autres pays voisins. La production industrielle du pays étant composée essentiellement des minerais qui du reste, sont exportés principalement en Chine, cette ouverture économique dans l’Est du pays risque d’exposer les industries locales qui peinent déjà à imposer leur marque face à la concurrence internationale.
Quels secteurs économiques développer pour espérer tirer profit de cette ouverture économique ?
La RDC devra sérieusement songer à diversifier son économie et exploiter d’autres ressources pour lesquelles elle détient un avantage comparatif très important face à certains pays de l’Afrique de l’Est, notamment l’agriculture et le tourisme. Avec des terres arables évaluées à plus de 80 millions d’hectares, investir dans l’agriculture pourrait permettre aux pays, de s’auto-suffire sur le plan alimentaire et exporter le surplus dans les pays de la Zone Économique de l’Est.
Quant au tourisme, le pays peut mettre également à profit ses espaces naturels pour ainsi attirer plus des visiteurs des pays de l’Afrique de l’Est. Autrement, la RDC risque de s’engouffrer dans la spirale de la forte consommation conjuguée d’une faible production intérieure. Or, tomber dans une telle situation rend toute politique d’adhésion régionale moins efficace sur le plan économique.
CAE : une aubaine pour la RDC ?
Ce qu’il faudra noter, c’est que l’espace de la CAE reste la première zone économique en Afrique, où les biens et les personnes circulent plus fluidement selon le classement produit par l’Union Africaine. L’EAC constitue apparemment une région très compétitive en termes de dynamisme existant sur le marché. La RDC à travers la route de Kasindi via Kampala, trouve une sortie vers l’océan Indien par le port de Mombasa, qui est très avantageux pour les commerçants congolais exerçant leurs activités dans l’ancienne province orientale et dans le Nord-Kivu.
D’autre part, la RDC qui est un vivier, se présente comme un débouché pour les états membres dont certains ont des économies fortes et trouvent à cette adhésion, une opportunité d’investissements. A travers cette adhésion de la RDC, les échanges dans la région pourront s’intensifier grâce à la réduction des coûts ainsi que la réduction des tarifs douaniers pour les marchandises.
Cependant, la tendance des échanges dans cette zone économique n’a pas été en faveur de la RDC. En effet, en 2019, les exportations de la RDC vers les états membres de l’EAC ont été évalué à 5% de la valeur des exportations tandis que les membres de cette organisation ont exporté vers la RDC près de 940 millions de dollars américains de marchandises. D’où la nécessité pour la RDC de réorganiser son mode de production et de mettre en place des mécanismes permettant d’accroître sa production ainsi que sa compétitivité afin d’inverser cette tendance et de tirer meilleure partie des échanges économiques dans ladite zone. Aussi, la RDC pourrait profiter des infrastructures routières et énergétiques transfrontalières et bénéficier du projet de chemin de fer reliant le port tanzanien de Dar-Es-Salam à l’Est, en passant par le Rwanda.
Du point de vue linguistique, l’adhésion de la RDC à l’EAC va apporter la diversification linguistique et culturelle étant donné que le français sera ajouté comme troisième langue à part les deux autres langues dont l’Anglais et le Swahili.
Mais des observateurs attestent que l’adhésion de la RDC dans l’EAC serait plus motivée par des raisons politiques, dont le but est de ramener la paix dans la partie Est du pays, en proie sous l’emprise de groupes armées et du fait que le CEPGL et tous ses mécanismes mis en place, n’ont pas apporté des résultats escomptés en termes de sécurité et de paix.
En se tournant vers l’EAC (en anglais East African Community) , la RDC s’attend conséquemment à une résolution des conflits armés en son sein, à travers une forte implication et un engagement commun de tous les membres de cette organisation. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que la RDC supporte depuis des années l’hypocrisie de certains états membres faisant partie tant du CEPGL que de l’EAC qui joue le rôle clé dans ces conflits, en dotant en armes les miliciens et une partie de leur terre sert de base arrière pour ces belligérants.
Dossier de José Wakadila et Hénoc Mpongo