La Fenaphaco plaide pour la participation totale des personnes handicapées. C’est depuis l’année 2006 que la RDC s’est résolument engagée dans le processus électoral, lequel a évolué grâce notamment à l’accompagnement de la communauté internationale.
A l’aube des élections de 2023 qui pointent à l’horizon, quelques experts électoraux ont donné de la voix, quant à leur appréciation sur l’apport non négligeable des partenaires bi et multilatéraux de la RDC.
Pour M. Mountaga Sylla, expert électoral et Directeur-pays de l’IFES (Fondation internationale pour les systèmes électoraux), toute élection est non seulement une question de souveraineté, mais également de coopération. Celle-ci dit-il, met en exergue l’interaction et l’appui mutuel entre la République souveraine et les partenaires bi et multinationaux. « C’est dans ce cadre-là que dans l’histoire de la République démocratique du Congo, il y a eu plusieurs accompagnements dans ce sens, où une brèche s’est ouverte à travers ladite collaboration, notamment au niveau bilatéral entre la RDC et certains pays amis (Belgique, France, Etats-Unis, Grande Bretagne) qui ont participé aux différents processus électoraux dans les années 2006, 2011 et 2018, voire en 2023, période au cours de laquelle la participation de la communauté internationale ne sera pas limitée ».
D’autre part, poursuit M. Mountaga Sylla, cette collaboration était multilatérale avec le système des Nations Unies à travers la MONUSCO (Mission des Nations Unies pour la stabilisation de la RDC) qui accompagne énormément toute la logistique électorale. « Tous ces accords ont été nettement appréciés, pour la simple raison qu’il y a eu plusieurs moyens qui ont été disponibilisés pour soutenir la logistique électorale, surtout en rapport avec l’étendue, les spécificités géographiques ainsi que les conditions climatiques difficiles de la RDC. Comme pour dire que, beaucoup des défis terrestres et aériens ont été relevés avec l’apport du système des Nations Unies, pour accompagner le processus d’achat des équipements roulants et non-roulants », a-t-il soutenu.
A cela s’ajoute les processus de mise en plis et de déploiement des matériels.
En clair, souligne Mountaga Sylla, ce sont des appuis très consistant qui ont permis d’aider à tenir les élections dans les délais. Bien que le gouvernement s’est engagé en 2018 par rapport aux élections précédentes, il faut reconnaître qu’il y a eu des appuis substantiels de la communauté internationale par rapport à la tenue des élections en RDC, même si celles-ci n’ont pas eu la même taille.
Néanmoins souligne cet expert électoral, il est important de faire un mixage entre l’apport de l’Etat et celui de la communauté internationale. « Bien que les élections soient une question de souveraineté, mais dans les situations où les moyens de l’Etat sont limités à certain niveau, l’implication de tous les acteurs qui interviennent dans le processus électoral pourra également donner une certaine confiance aux acteurs impliqués (partis politiques, société civile), d’avoir une même lecture du processus électoral et d’avancer vers un processus inclusif et où la communication est facilitée entre les acteurs nationaux et internationaux ».
Apport de la communauté internationale : gage de certification, d’inclusion et de transparence
Tout compte fait, Mountaga Sylla estime que l’apport de la communauté internationale dans le cadre de l’organisation des élections en RDC, n’est certes pas un gage de certification, mais aussi d’inclusion et de transparence que la partie nationale peut donner au processus électoral, surtout que cela appelle à beaucoup des contestations, lorsque toutes les parties prenantes n’ont pas été impliquées.
Pour éviter que ce genre des situations ne se reproduise, Mountaga Sylla recommande l’anticipation de l’accompagnement de la communauté internationale qui peut parfois intervenir en retard, en raison de certaines procédures que les Etats concernés établissent. Aussi invite-il cette communauté internationale, à pouvoir simplifier et rendre souple les dites procédures, pour faciliter les interventions, relever les défis de challenge et les atténuer.
Au niveau de la coordination, Mountaga Sylla recommande que l’assistance électorale internationale puisse être gérer dans un cadre de collaboration internationale et se mettre rapidement en forme, pour faciliter les interventions. Cela évitera non seulement que les acteurs appuient la même thématique, mais également la perte des efforts et du temps, étant donné qu’une certaine coordination et mutualisation des efforts permet d’avoir plus d’efficacité et d’efficience, pour l’organisation de bonnes élections.
La Fenaphaco plaide en faveur d’une totale participation des PVH
Réagissant à son tour sur l’apport de la communauté internationale en faveur des personnes vivant avec handicap (PVH) dans le processus électoral, Me Patrick Pindu-di-Lusanga, Coordonnateur national de la Fédération nationale des associations des personnes handicapées (Fenaphaco-Handicap/Congo), a reconnu que c’est un apport énorme. « La communauté internationale à travers les Ong internationales, a beaucoup aidé les personnes vivant avec handicap à pouvoir participer au processus électoral. Même si cette participation n’était pas à 100%, il faut avouer que, quelque chose a été fait ».
Me Pindu fait remarquer par ailleurs que lors des élections de 2006 et 2011, la communauté internationale n’avait pas mis un accent particulier par rapport à la situation des PVH pour leur meilleure participation au processus électoral. Mais lorsque les organisations des PVH sont montées au créneau à travers quelques actions de plaidoyer, les choses ont changé. C’est ce qui a fait qu’en 2015, en prélude des élections de 2016, la communauté internationale et les Ong internationales ainsi que la Monusco et certaines agences du système des Nations Unies, avaient commencé d’accorder leur attention sur la question du handicap.
A ce sujet dit-il, la Fenaphaco fut parmi les organisations des PVH les plus ciblées par les agences du système des Nations Unies, les Ong internationales et quelques chancelleries occidentales représentées en RDC, pour lesdites élections. C’est la raison de la présence de quelques PVH membres de la Fenaphaco dans les élections des députés provinciaux de 2015.
Cette fédération des PVH a également travaillé dans plusieurs programmes des débats sur les élections avec les structures internationales telles NDI (National Democracy Institute), IRI (Institut républicain international), NED (National Endowment for Democracy), USAID (Organisation des Nations Unies pour le développement international) et l’ambassade des USA dans le cadre des élections de 2018.
Avec l’appui de la même communauté internationale, explique encore Me Pindu, la Fenaphaco a mené pendant près de quatre ans, soit de 2015 à 2018, une grande campagne de mobilisation des PVH, pour leur meilleure participation au processus électoral, notamment à travers la sensibilisation pour un vote responsable ainsi que le profil idéal des candidats aux élections présidentielles, législatives nationales, provinciales, sénatoriales, municipales et locales.
C’est aussi en 2018 poursuit-il, qu’une mission d’observation électorale internationale, pilotée par la Fenaphaco, a été dépêchée pour la première fois en RDC, et dont le rapport a été exploité par plusieurs agences du système des Nations unies et les Ong internationales. « Comme pour dire que l’apport de la communauté internationale était énorme, bien qu’il ne soit pas suffisant, surtout qu’il concerné seulement quelques provinces dont Kinshasa, Kwango, Kongo-central, Kwilu, Kasaï-Oriental, Kasaï-central, Sud-Ubangui et Equateur…
bref, ce n’est qu’une partie des PVH qui a bénéficié de cet appui. D’où la raison des plaidoyers et autres actions que nous sommes en train de mener présentement, pour que la communauté internationale à travers les chancelleries, les agences du système des Nations Unies et les Ong internationales, puissent accompagner les PVH de toutes les 26 provinces du pays, en faveur de leur inclusion en tant qu’électeurs, candidats, témoins des partis politiques ou observateurs électoraux », a conclu Me Pindu, avant de promettre une mobilisation tous azimuts des PVH dans le cadre des opérations d’enrôlement pour les futures échéances électorales.
José Wakadila