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La République démocratique du Congo échappe de figurer à la dernière catégorie (score entre 0 et 30 points) qui concerne les pays où les libertés numériques sont « gravement » en difficulté. Avec ses 51 points, la RDC est considérée plutôt comme un pays où les libertés numériques sont « partiellement » en difficulté.

En se référant au jargon de l’Agence française de développement (AFD), le pays figure sur la liste peu flatteuse des États partiellement non-libres. En outre, le rapport épingle également l’organisation défectueuse de la Société civile locale dans la défense des libertés numériques.

En dotant le Gouvernement de tout un ministère chargé du numérique, la RDC a fait du secteur un pilier important dans sa stratégie de développement. Pourtant, le chemin reste assez long et pénible, à en croire la dernière étude de l’AFD intitulée « Rapport 2023 sur les libertés numériques dans les pays d’Afrique francophone ».

D’emblée, par libertés numériques, l’AFD présente un certain nombre d’indicateurs : les obstacles à l’accès, les limites au contenu et les violations des droits des utilisateurs. En prenant en considération ces critères, l’auteure de l’étude arrive à classer les pays étudiés sur une échelle allant de 0, le plus mauvais score, à 100 points.

Seuls deux pays de la sous-région, en l’occurrence l’Île Maurice et les Seychelles, ont atteint les scores très élevés de 96 et 84 points. Pour le reste, le constat général de l’AFD est la volonté de plusieurs pays d’Afrique francophone de mettre en place des législations et pratiques qui favorisent l’autoritarisme numérique.

Mais qu’en est-il de la RDC ? Cette dernière figure dans la catégorie C, qui reprend les pays partiellement non-libres. Cette catégorie regroupe les scores variant entre 31 et 55 points. On y retrouve, au-delà du géant d’Afrique centrale, des pays comme le Togo (35 points), l’Algérie (36 points), le Mali (36 points), la Guinée (39 points), la République du Congo (41 points), Madagascar (44 points), le Gabon (45 points), le Burkina Faso (47 points) et la Mauritanie (49 points). Au total, 11 pays de la sous-région francophone sont repris dans cette catégorie.

« Dans ces pays, les libertés numériques sont particulièrement en difficulté et le pays est considéré comme partiellement non-libre », peut-on lire dans le rapport.

La RDC est également épinglée sur un autre volet important : l’activisme des organisations non gouvernementales. En effet, les libertés numériques incluent l’ensemble des libertés individuelles et collectives associées au numérique, notamment le droit de maîtriser les logiciels présents sur ses appareils électroniques, le droit à la vie privée et à la protection de ses données personnelles, et la liberté d’information et de communication sans être surveillé ou censuré.

Sur cette question majeure, le rapport note avec stupéfaction que la tendance est à l’autoritarisme numérique en Afrique francophone : promulgation des lois rétrogrades, arrestations aléatoires, pratiques répressives comme les coupures d’internet, etc.

Quant à l’activisme des ONG, le rapport insiste sur le fait que la société civile est « mal organisée et peu outillée pour défendre les libertés dans l’espace civique en ligne ». A ce propos, les principales organisations très actives dans le continent africain ne sont basées que dans les pays anglophones.

Laurent Ifayemba

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