Onze personnes ont été interpellées dans une manifestation réprimée par les militaires Fardc et les policiers en ville de Beni, dans la province du Nord-Kivu, le lundi 5 avril 2021. Il s’agit essentiellement des membres du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) et d’autres personnes qui manifestaient pour demander « le départ » de la Monusco.
Déjà le matin, les forces de l’ordre et de sécurité munies des armes à jet des bombes lacrymogènes, des armes à feu et des bâtons, étaient déployées sur les artères principales et les points chauds de la ville. Des jeeps de la police faisaient des tours en ville pour dissuader des manifestants.
Quoiqu’il en soit, des manifestations des groupes de pression et mouvement citoyens à savoir à savoir: Véranda Mutsanga et Lutte pour le changement (Lucha), ont eu lieu dans presque toutes les 4 communes de Beni.
La Lucha réunissait les foules en leur exhibant des photos des victimes des massacres, échangeant avec eux sur les enjeux sécuritaires pour les appeler à la prise de conscience face à la recrudescence de l’insécurité dans la région de Beni, confirme Esaï Liko, l’un de ces militants.
Certains ont été surpris par les forces de l’ordre en pleine action, qui ont procédé à une série d’arrestations des manifestants. La Lucha parle de 11 de leurs militants interpellés par la police et placés au cachot de l’auditorat militaire de garnison Beni-Butembo pendant quelques heures. 10 d’entre eux dont 2 gravement blessés, ont été transférés à la prison centrale de Kangbayi, et la 11ème personne, une fille en l’occurrence, a été transférée à la prison pour femmes au centre-ville de Beni, confirme Esaï Liko.
Les activités commerciales sont restées paralysées. Les portes des maisons de commerce sont restées fermées sur le boulevard Nyamwisi, au centre commercial de Matonge et au marché de Kilokba. Les cours ont été interrompus dans plusieurs écoles de la ville, lorsque certains manifestants jetaient des projectiles sur les toitures des salles de classe.
Cette marche a été organisée en dépit de l’interdiction de toute manifestation de masse par le comité urbain de sécurité de Beni le weekend. Le maire de la ville, Muhindo Bakwanamaha Modeste, a motivé cette décision sur les antennes de la Radio Télévision Rwanzururu (RTR), par « l’infiltration » de la ville par des hommes armés. Il a appelé les désireux manifestants à attendre que la ville soit nettoyée par les services de sécurité.
En réaction, la société civile demande aux services de sécurité de dénicher ces hommes armés parmi la population civile et non interdire des manifestations, légalement connues ou qui s’organisent spontanément après des incidents sécuritaires. Kizito bin Hangi appelle également les manifestants à éviter de violer les droits d’autrui lors de leurs actions.
Le weekend passé, la ville de Beni a connu une série de manifestations qui se sont soldées par l’incendie de deux maisons appartenant aux éléments de l’ordre et de sécurité dans les quartiers Kalinda et Kasanga-Tuha. Les auteurs n’ont pas été arrêtés.
Delphin Mupanda (Correspondant au Nord-Kivu)
