Si pour l’église kimbanguiste (E.J.C.S.K.) le prophète Simon Kimbangu est un envoyé de Jésus-Christ, cela ne fait pas l’unanimité dans leur communauté.
Pour les mouvements spirituels Negro Africains, à l’instar de l’église spirituelle des noirs en Afrique (Esnaf) et de VU.VA.MU, M’fumu Kimbangu ne peut en aucun cas être le disciple de Jésus-Christ. Pour ces derniers, Simon Kmbangu est l’égal de Jésus-Christ ; les juifs attendaient un messie pour les libérer du joug romain et ainsi rétablir le royaume de David ! De la même façon Kimbangu était venu libérer l’homme noir du joug colonial.
C’était le 6 avril dernier que la mission du prophète des noirs Simon Kimbangu totalisait un siècle. Cependant, son appartenance religieux ne cesse de susciter des polémiques dans le chef de différents croyants s’identifiant à lui.
À en croire madame Mangaza, pratiquante du Mouvement spirituel VU.VA.MU et chef des travaux à l’Institut supérieur des techniques médicales (Istm/Kinshasa), « la libération de l’homme noir du joug colonial en vue d’accéder à son indépendance spirituelle, était la mission principale du prophète. Et dire que M’fumu Kimbangu était un envoyé du Christ, c’est une insulte contre la lutte de ce grand héros ! L’acharnement des églises protestante et catholique envers son message prouve à suffisance qu’il n’était pas l’un de leurs. Avant l’arrivée du clergé, l’Africain n’était pas un mécréant. Il croyait en un Dieu unique et comme preuve, toutes nos langues locales tiennent une place prépondérante pour le nom de Dieu et ce, bien avant même la christianisation et l’islamisation de l’Afrique.
De nos jours, ces appellations subsistent encore et même les chrétiens en emploient. En RDC précisément, ces appellations varient selon les contrées linguistiques. Chez les Bangala on appelle Nzakomba, Akongo mongali et Nzambi chez les Ne Kongo, Mungu dans la partie Est chez les Swahili ou encore Maweja, M’vidi Mukulu chez les Luba au Centre. L’homme noir doit sortir des religions importées pour enfin acquérir son indépendance spirituelle qui constitue le socle même de son épanouissement”, a-t-elle martelé devant le micro de Media Congo Press (MCP).
Sans trop s’écarter de la précédente intervention, monsieur Tumba Honoré, membre de l’Esnaf, martèle, lui, sur le fameux discours du roi Léopold II face aux missionnaires. « Les nègres ont déjà un Dieu et savent que voler est mal au même titre que prendre la femme d’autrui.
Apprenez les plutôt à vénérer nos saints qui ne seront jamais les leurs ! M’fumu Kimbangu était venu pour nous libérer de ce carcan mental et spirituel longtemps entretenu par les différents missionnaires chrétiens [culte aux saints, morts depuis longtemps] et quand nous autres le faisons pour nos disparus, là nous sommes traités de nécromancien ! », s’est-il indigné.
Les équivoques et polémiques autour de l’appartenance religieuse du prophète Simon Kimbangu convie à un buffet religieux où chacun se sert de ce qui lui va le mieux.
Serge Maheme
