C’est le 18 décembre 2020 que le couvre-feu, instauré par le président Félix Tshisekedi, est entré en vigueur sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo.
Le but étant de lutter contre la propagation de la deuxième vague de la pandémie du Coronavirus, des Congolais sont contraints de rester cloîtrés chez eux de 21h à 5h du matin. C’est donc à 21h que tout est fermé : églises, bar, terrasse, boutique, supermarché… sauf des hôpitaux et pharmacies qui peuvent aller au-delà.
A Kinshasa, des barrières sont érigées sur les artères principales pour interpeller ceux qui n’observent pas cette mesure.
Un mois après, le constat est que ce couvre-feu n’est pas le bienvenu chez plusieurs Kinois. Quelques uns interrogés ce lundi 18 janvier 2021 par MCP appellent le chef de l’État à lever cette mesure qui « complique davantage leur vécu quotidien ».
Maman Marie, vendeuse des pains: » je ne comprends toujours pas pourquoi on a instauré ce couvre-feu »
Maman Marie, habitant la commune de Bandalungwa, veuve, survit grâce à son petit commerce de vente des pains. » Je ne comprends toujours pas pourquoi on a instauré ce couvre-feu « , a-t-elle lâché. Pour elle, cette mesure ne cadre pas avec les réalités de Kinshasa. Elle estime que les autorités auraient mieux fait de ne se limiter qu’à l’observance des gestes barrières, » plutôt que nous obliger d’être à la maison à 21h, alors que les problèmes de transport en commun, embouteillages… n’ont jamais été résolus jusqu’à ce jour ».
Prospère, coiffeur : « les motivations sont sans doute ailleurs »
Quant à Prospère, tenancier d’un salon de coiffure à Ngiri-Ngiri, « je sens que les motivations de ce couvre-feu sont ailleurs. En dehors des raisons sanitaires avancées, il doit y en avoir d’autres liées à la politique », pense-t-il. Prospère trouve » anormal » de laisser la population propager le virus de 6h à 20h, et l’en empêcher de 21h à 5h. Il craint pour la survie de certains foyers dont les responsables sont obligés de bosser jusqu’après 21h pour trouver de quoi les nourrir.
Auguy K, chauffeur de taxi-moto: « cette mesure n’est même pas respectée »
Auguy K, chauffeur de taxi-moto, habitant la commune de N’djili, révèle que « cette mesure n’est même pas respectée ». Et d’ajouter, » moi par exemple, je travaille jusqu’au-delà de minuit. Les barrières sont érigées uniquement sur des voies principales pour des véhicules. Nous les motards, nous empruntons des voies secondaires sans être inquiétés « . Auguy constate également que des bars et terrasses sont opérationnels dans sa commune jusqu’aux heures tardives.
Beaucoup d’autres Congolais interrogés regrettent d’avoir passé les plus mauvaises fêtes de Noël et de Bonne Année à cause de ce couvre-feu sanitaire.
Ce 17 janvier par exemple, » nous avons suivi le match des Léopards face aux Diables Rouges dans une terrasse au rond-point Huileries, ensemble avec des policiers, jusqu’au-delà de 22h00″, raconte un amoureux du football qui poursuit que « la circulation était encore intense dans ce coin à 23h ».
LM