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Covid-19 : de la pandémie au business, GEC dénonce des abus

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La pandémie de la Covid-19 en République démocratique du Congo a fait les affaires de plusieurs personnalités congolaises qui en ont fait un véritable business, à en croire un rapport du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) publié ce jeudi 7 octobre 2021, soit 17 mois après la détection du premier cas survenu le 10 mars 2020 à Kinshasa.

Ce virus a permis aux gouvernants de créer plusieurs structures ad hoc, souvent budgétivores, censées contribuer à la lutte contre la propagation de la Covid-19, selon le GEC. Il s’agit entre autres du comité multisectoriel, du secrétariat technique, du conseil consultatif, de la Task force présidentielle et du Fonds national de solidarité contre le Coronavirus.

Dans ce nouveau rapport intitulé « Covid business en RDC : repenser la riposte aux épidémies », le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) démontre comment la multiplication des structures ne résout pas les problèmes soulevés par les précédentes ripostes : mauvaise gestion des ressources humaines et financières, mauvaise circulation des informations et rivalités entre acteurs.

Ainsi, loin d’être efficaces, tous ces dispositifs ont alourdi considérablement le budget de la riposte sans en améliorer la gestion financière. À titre indicatif, sur 363 millions de dollars alloués en avril 2020 par le Fonds monétaire international (FMI) pour atténuer les effets de la pandémie, le gouvernement n’a pu publier sur le site du ministère de la Santé qu’une quarantaine de documents justifiant seulement l’utilisation de quelque 6 millions de dollars. Là encore, essentiellement des dépenses qui ne respectent pas les règles de gestion des finances publiques, mais qui ont été ordonnées par différents acteurs : présidence, ministres, gouverneurs, directions provinciales de la santé, hôpitaux.

Ledit rapport documente et analyse également plusieurs autres cas concrets d’abus présumés de gestion financière. Ces derniers concernent par exemple le business des primes. D’autant plus que le ministère de la Santé et le secrétariat technique se sont refusés ou n’ont pas été en mesure de communiquer au GEC ni les effectifs ni le montant des primes allouées par catégories d’agents de la riposte.

Ces abus s’étendent aussi aux diverses questions relatives à la surfacturation et à l’opacité dans la gestion des revenus des tests voyageurs.

Malgré tout, le gouvernement a pu conclure un programme avec le FMI sur trois ans. L’institution financière internationale s’engage à verser par tranches un milliard et demi de dollars au gouvernement qui, lui, doit enclencher des réformes structurelles. Ce serait une opportunité pour, entre autres, redéfinir les organes de conseil et de contrôle, rationaliser l’organisation du système de santé afin de disposer, à moyen et long terme, d’un système pérenne de réponse aux épidémies doté d’un schéma opérationnel clair.

Il y a de cela quelques mois, l’Inspection générale des finances avait diligenté un audit sur les fonds Covid. Eteni Lingondo, ancien ministre de la Santé qui a géré cette enveloppe, a été mis sous mandat d’arrêt provisoire à la Prison centrale de Makala. Quelques jours après, l’homme a bénéficié d’une libération provisoire, « faute de preuves probantes », selon ses avocats.

LM

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