Les menaces viennent de toutes parts. Aussi bien du ministère de la culture et des arts que de la présidence.
Ce dimanche 15 novembre était le dernier jour accordé aux agents du musée national de Mont Ngaliema, par la présidence, pour évacuer le lieu et ce, sans cause réelle à en croire quelques agents et militaires rencontrés sur place.
« D’après nos sources, ce dossier n’a jamais été évoqué pendant les conseils des ministres et pourtant tous ne jurent qu’à notre déguerpissement. Dans cette affaire, personne ne veut laisser des traces ! En sabotant ce patrimoine culturel, nos actuels dirigeants font preuve d’acculturation », indique quelques syndicalistes.
Sans le citer nommément, ils rapportent à Media Congo Press (MCP), qu’ »un des conseillers du chef de l’Etat a proposé au gestionnaire du site, de vendre ces objets d’arts qui d’après lui, n’ont pas d’importance ! Nos dirigeants se cultivent-ils pendant leurs différents voyages ? », déplorent-ils
Agent et vice-président du syndicat, Sanat Kumara déplore ce déguerpissement qu’il juge infondé et destructeur du patrimoine culturel congolais.
”En dépit de sa dictature, le règne de Mobutu avait comme l’une de qualités, la conservation du patrimoine culturel dans sa diversité ! Les autorités nous demandent de trouver un entrepôt à la Foire internationale de Kinshasa. Pourtant, ce musée attire nombreux d’antiquaires étrangers et chaque visiteur étranger paie 20 dollars américains en lieu et place d’1 usd pour les nationaux pour y accéder. Tous ces étudiants en sociologie, histoire et anthropologie de l’université de Kinshasa et de l’université pédagogique nationale, où iront ils désormais se ressourcer ? Le patrimoine culturel congolais est parmi les plus riches du monde suite à la diversité des ethnies congolaises ; le masque tchokwe mwana m’pwo repris dans le billet de 50fc illustre notre diversité culturelle. Et c’est ici qu’il a été trouvé parce que bien conservé ».
Pour Sanat Kumara, le déplacement de ces objets d’art vers un autre lieu sans aucune préparation au préalable relève de l’autodestruction de la culture simplement.
« Nos dirigeants clament et prétendent aimer ce pays, comment peut on aimer sa nation en détruisant son patrimoine culturel ? Déplacer ces objets d’arts vers un quelconque entrepôt est soit les détruire sciemment, parce que la température requise pour la conservation ne convient pas [pas trop de chaleur ni du froid ainsi que de la poussière] ou carrément un plan de dilapidation serait caché derrière », s’est il consterné.
Le musée national de Mont ngaliema créé par le Maréchal Mobutu en 1970, compte en ce jour 33.000 objets d’arts et poursuit la quête de restitution de ses objets d’arts éparpillés dans le monde, notamment au musée de Tervuren en Belgique.
Hormis son côté musée, Mont-Ngaliema est avant tout un site historique ; c’est ici que Stanley a pactisé avec le chef Ngaliema. Le cimetière des pionniers bâtisseurs du Congo s’y trouve également.
En créant le théâtre de verdure, le célèbre groupe américain « the Jackson five », ainsi que Jimmy Cliff, père du reggae se sont tous produits ici à Mont Ngaliema.
Il sied de signaler que c’est le seul musée construit sur fonds propres de l’Etat congolais. Celui érigé à Tembe-Tembe est un don de la République coréenne et ne contient que 12.000 objets d’arts vu sa superficie réduite.
Serge Maheme
