C’est depuis l’année académique 2021-2022 que Muhindo Nzangi, ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire de l’époque avait proclamé la mise en application officielle sur l’ensemble du territoire national du système Licence, Master, Doctorat (LMD). Selon lui, cette réforme majeure dans le système éducatif congolais allait améliorer la qualité de l’enseignement en République démocratique du Congo.
Quatre (4) ans après son entrée en vigueur, ce système se trouve sévèrement critiqué dans le milieu académique tant au niveau des enseignants que des étudiants.
Certains professeurs d’universités estiment que le LMD a été implanté sans un travail de fond pour préparer les étudiants et les enseignants à son fonctionnement.
C’est ce que pense le professeur Massey Ntambwe de l’Université des sciences de l’information et de la communication (Unisic). Pour lui, il aurait fallu réformer le système d’enseignement en amont.
“C’était une bonne réforme pour l’enseignement, mais qui n’a pas été bien pensé parce que nous nous sommes rendu compte dans les faits que les étudiants ne s’adaptaint pas facilement à cette façon d’aborder les enseignements. Il aurait fallu réformer le système d’enseignement en amont c’est-à-dire aux humanités pour préparer les étudiants à cette façon d’appréhender la matière à l’université”, a déclaré le professeur Massey Ntambwe dans un entretien accordé à la rédaction de MediaCongo press (MCP).
Pour ce professeur d’universités, le système LMD exige aux étudiants de déployer beaucoup d’efforts pour se former individuellement à travers les recherches personnelles, parfois sous la direction d’un professeur.
Malheureusement, indique le professeur Massey Ntambwe, cette approche n’est pas respectée suite à l’impréparation des étudiants et des enseignants.
Adéquation entre la demande du marché et les offres de formation
Le professeur Philippe Faradja, de L’Université protestante au Congo (UPC) s’inscrit aussi dans la même logique. De son côté, il indique que le système LMD vise à former les étudiants capables de créer de l’emploi ou d’en trouver facilement sur base des compétences acquises. Un objectif difficile à prouver actuellement.
“Le système LMD a comme objectif la professionnalisation, c’est-à-dire à la fin de chaque cursus, combien d’étudiants ont été engagés ou ont trouvé l’emploi. C’est à ce niveau là que le vrai LMD devait être évalué. Parce qu’on critiquait que l’ancien système formait les chômeurs. Si avec les chiffres on arrive pas à prouver que le LMD a ouvert aux gens beaucoup plus d’opportunités professionnelles, il faut le remettre en question”, a-t-il confié à la rédaction de MCP.
En termes de faiblesses, le professeur Philippe Faradja estime que le LMD présente les mêmes difficultés que l’ancien système. En plus, le LMD n’a pas su répondre à la problématique de la mise en place des enseignements en fonction des compétences recherchées sur le marché de l’emploi.
“La faiblesse de ce système c’est que vous avez les gens qui font le stage seulement une fois pendant leur cycle. C’est une faiblesse autant pour l’ancien système que l’actuel. Il y a lieu aussi de faire une adéquation entre la demande du marché et les offres de formation. J’ai l’impression que, c’est un travail qui n’a pas été fait”, a-t-il expliqué.
Lors de l’évaluation du système LMD à l’Assemblée nationale en 2024, le député national Nkoy Ampango avait sévèrement critiqué ce système et avait même exigé son abolition. Depuis ce jour, aucune démarche concrète n’a été enclenchée. Par conséquent, le système éducatif congolais continue d’en pâtir avec ses éternelles difficultés.
Bernard Mpoyi