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Exploitation minière : une maffia savamment organisée ? Décryptage

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Le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi ne cesse de se battre contre le détournement des fonds, la concussion, la corruption, la megestion et tous les antivaleurs qui freinent le développement harmonieux de la RDC.

C’est le cas de le dire avec l’exploitation minière illégale dans la localité de Kamituga au Sud-Kivu, où on dénonce la complicité active de plusieurs autorités du pays dans une maffia qui alimente la criminalité, et endeuille des nombreuses familles, particulièrement à l’Est du pays.

Selon une analyse faîte sur la Radio France Internationale (RFI), des sujets chinois font la loi dans cette partie de la RDC, où ils exploitent de l’or sans être inquiétés. En effet, la mine d’or de Kamituga fonctionne jusque-là, en toute illégalité où personne n’a accès. Même la voie qui mène au site minier en question, a été purement et simplement détruit pour des raisons mystérieuses.

Une délégation officielle venue de Kinshasa et qui voulait se rendre compte du fonctionnement de cette mine où les types des minerais exploités ne sont connus que des chinois, n’a pas réussi à se rendre au site.

C’est entre autres dans ce même ordre d’idées que le gouverneur de la province du Sud-Kivu, Théo Ngwabidje, a suspendu les activités de six sociétés minières appartenant aux sujets chinois, pour non respect de la réglementation en vigueur. Le patron de la province du Sud-Kivu avait même refusé la corruption et la compromission, malgré les pressions qu’il a subi après cette suspension.

Que faire ?

Face à la gratuité des faits, des experts et analystes en la matière proposent au gouvernement, la suspension de fonction de toutes les autorités citées dans les investigations de RFI ; la fermeture des carrières incriminées ; l’expulsion du territoire national, des sujets chinois auteurs et complices de cette maffia ; ouverture avec l’appui de la société civile, d’une enquête urgente pour identifier et attraire en justice, tous les auteurs et complices de cette maffia au détriment des finances publiques et sanctionner tous les coupables.

Anguille sous roche

Dans le même chapitre, dix entreprises chinoises étaient accusées d’entretenir une exploitation illégale de minerais sur le territoire de Mwenga, à une centaine de kilomètres de Bukavu. Il s’agit de BM Global Business, Congo Blueant Mineral, Oriental ressources Congo, Yellow Water Ressources, New Oriental Mineral et Group Cristal Service.

Ces sociétés sont accusées de n’avoir pas remplies les conditions requises par le code minier en vigueur. Après un moratoire accordé à ces entreprises, le gouvernement provincial du Sud-Kivu a signé un arrêté les suspendant ainsi que trois coopératives minières partenaires.
Même si la société civile locale avait manifesté son scepticisme, les populations autochtones avaient salué cette mesure qui a rejoint leurs préoccupations, mais qui malheureusement, n’a pas enchanté le gouvernement national.

Pour Mme le ministre des Mines, l’arrêté du gouverneur du Sud-Kivu viole les dispositions de la loi de 2018 sur les compétences du gouverneur de province dans l’administration du Code Minier. Selon ladite loi, le pouvoir de suspendre revient au ministre des Mines.

Pour ce faire, le gouverneur du Sud-Kivu Théo Ngwabidje, devait donc rapporter sa décision sur instruction du Vice-premier ministre en charge de l’Interieur, Décentralisation et Sécurité, en attendant l’enquête qui devra être menée par des inspecteurs du ministère des Mines.

Dans le cas précis, des observateurs notent qu’il y a risque de biaiser les résultats des enquêtes qui seront menées, lorsqu’on sait que la RDC a encore un long chemin à parcourir en matière de la corruption.

En son temps, « IMPACT », un Organisme indépendant sans but lucratif qui mène une action commune avec des partenaires locaux pour réaliser un changement durable dans l’exploitation de l’or en RDC, avait proposé au gouvernement, la révision en collaboration avec les autorités provinciales compétentes, de l’ensemble des taxes et des droits associés au commerce et à l’exportation de l’or artisanal, de façon à les harmoniser à l’échelle des provinces du pays.

Mais jusque-là, l’appel de IMPACT est resté lettre morte, au même titre que ses différentes dénonciations sur la contrebande constatée dans ce secteur, où 15 à 22 tonnes d’or issu de l’exploitation artisanale, sort frauduleusement du territoire national avec la complicité de plusieurs services, y compris au niveau de nos frontières.

Dans son rapport publié en 2020 sur la contrebande de l’or artisanal en RDC intitulé : « Les intermédiaires. Ces négociants qui compromettent les efforts de la République Démocratique du Congo en faveur de la production d’or sans conflit », IMPACT souligne que pas moins de 98% de l’or artisanal sort de la RDC en contrebande. Ce constat a été fait depuis 2013 par le Groupe d’experts des Nations Unies, et demeure jusqu’à ce jour.

José Wakadila

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