Début août 2020, la Banque centrale du Congo (BCC) avait interdit l’affichage de taux de change devant les différents bureaux de change agréés ou non à travers le pays. Ce, dans le but de lutter contre la spéculation sur le marché des changes.
Le communiqué annonçant la mesure a été signé le mardi 04 août 2020. Dans le document, la BCC a rappelé aux changeurs manuels communément appelés « cambistes » et bureaux de change agréés l’interdiction d’afficher publiquement les cours de change. Pour l’Institut d’émission, le taux de change « ne peut être affiché qu’à l’intérieur et non à l’extérieur comme c’est le cas à travers le pays ». Pour ce faire, les autorités compétentes étaient invitées à prendre les dispositions idoines pour mettre fin à cette pratique.
Pour bon nombre d’analystes, cette interdiction d’affichage du taux de change ne résout pas grand-chose, dans la mesure où sur un marché quelconque, la spéculation est définie comme étant « l’activité consistant à tirer profit par anticipation de l’évolution à court, moyen ou long terme du niveau général des prix ou d’un prix particulier, en vue d’en retirer une plus-value ou un bénéfice.
Selon d’autres spécialistes de la finance traditionnelle, il est préférable d’employer le terme d’opérations d’arbitrage. Elle considère de ce point de vue que « les mouvements spéculatifs sont utiles sinon inévitables en ce qu’ils détectent les déséquilibres existants ou potentiels d’un marché ».
Dans le cas d’espèce, les fameux « cambistes » n’y sont pour rien. Ils n’affichent que le taux de change du marché de change qui, en ce qui le concerne n’est pas directement dirigé par des pauvres changeurs de monnaies.
Le taux de change d’une devise (une monnaie) est le coût (autrement dit le prix) de cette devise par rapport à une autre. On parle aussi de la « parité d’une monnaie ». Mais ce dernier mot constitue un faux-ami très gênant avec l’anglais « parity » qui indique une égalité absolue.
Les taux de change, cotés sur les marchés des changes, varient en permanence ; ils varient également en fonction de la place de cotation.
De ce point de vue, il est difficile voire impossible de pouvoir lutter contre la volatilité du taux de change, de lutter contre la spéculation du fait simplement d’interdire l’affichage du taux de change en dehors du bureau de change. Si l’on considère que l’affichage du taux de change a un lien direct ou indirect sur le marché des biens et services, il faut carrément interdire l’affichage du taux de change, que ça soit à l’intérieur ou à l’extérieur du bureau de change. Si non, à l’intérieur comme à l’extérieur du bureau de change, ça s’appelle toujours « affichage ».