Né à Lubefu dans l’actuelle province du Sankuru le 14 juin 1949, tel un militaire meurt au front, cet artiste pétri de talent dont la voix continue de séduire encore différents mélomanes de la bonne musique, est mort sur scène le 24 avril 2016 à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Jules Shungu Wembadio, dit « Papa Wemba », fils de Jules Kekumba (ancien militaire) et maman Nyondo (pleureuse professionnelle de deuils tetela), a commencé sa carrière professionnelle en 1969 aux côtés de Nyoka Longo, Felly Manuaku, Dv Moanda pour ne citer que ceux-là, en créant le groupe Zaiko. Quelques années plus tard, le jeune prodige créera l’orchestre Viva la Musica, mouvement qui va le propulser au niveau international et l’accompagner jusqu’au crépuscule de sa vie.
Papa Wemba, Ekumani, Jules Presley, artiste de renommée internationale à travers ses belles mélodies (Rendre à César, Maria, Mère supérieure, Santa, Valencia, Bravo Cathy, Ofukutano ou Phrase) qui font encore vibrer plus d’un mélomane, a laissé derrière lui une philosophie qui a traversé des générations et . Et l’un des piliers de ce courant n’est autre que »la sape ».
A l’occasion de cette journée commémorative, Media Congo Press (MCP) s’est entretenu avec l’un des derniers proches de Papa Wemba pour qui le Formateur des idoles (Foridoles) est une ”école et Viva la Musica est un état d’esprit !”. Monsieur Nolio Olita affirme avoir beaucoup appris de Papa Wemba durant sa jeunesse notamment avec son maxime « mobali ya Yaya, il était comment ? Bien coiffé, bien rasé, bien sapé, bien parfumé mais alobaki rien ».
”J’ai eu la chance de le côtoyer quelques années avant sa mort et ce rapprochement a bouleversé ma vie de façon positive. Nombreux sont ceux-là qui condamnent à tort le Kuru d’avoir valorisé la délinquance ! Allégation que moi ainsi que tous les vrais adeptes du Molokaï rejettons. Des slogans tels que chance « eloko pamba, appellent la jeunesse à ne pas désespérer mais plutôt à rester positif ! C’est à tort qu’il a été déformé au profit de la délinquance juvénile. Dans l’une de ses chansons, il a même expliqué l’essence de yanké en ceci : s’enivrer de l’alcool ou de la drogue ne fait pas de soi un yanké mais plutôt avoir du courage et songer à son avenir, c’est ça être yanké. Comme mentionné plus haut, ceci confirme que Viva la Musica est un état d’esprit. Tous ceux qui se disent boulistes [jargon kinois faisant allusion à un penseur positiviste] sont d’office adeptes de Viva la Musica. La jeunesse congolaise doit sa démarcation vestimentaire à Papa Wemba forever », indique t-il.
Par ailleurs, l’orchestre Viva la Musica s’est produit la veille au studio maman Angebi en mémoire des cinq années de disparition du formateur des idoles, sous la direction de mère Amazone (veuve de Papa Wemba).
Il sied de signaler que les festivités annuelles du village Molokaï à Matonge n’ont pas eu lieu comme à l’accoutumée suite à la pandémie covid-19 dont les gestes barrières doivent être observés.
L’artiste ne meurt jamais, papa Wemba foridoles .
Serge Maheme