L’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC) a donné son feu vert à Starlink DRC S.A., une filiale de la société américaine SpaceX, pour offrir des services d’accès à Internet sur l’ensemble du territoire de la République démocratique du Congo (RDC). Cette décision, annoncée officiellement le 2 mai 2025, ouvre la voie à l’entrée d’un nouvel acteur dans le secteur des télécommunications en RDC, pays où les défis de connectivité, notamment dans les zones rurales, restent un obstacle majeur au développement.
Un contexte marqué par des enjeux réglementaires
Cette autorisation intervient après une période de tensions entre l’ARPTC et Starlink. En mars 2024, l’autorité congolaise avait interdit les opérations de l’entreprise en raison de préoccupations liées au respect des cadres réglementaires locaux. Selon une analyse publiée sur LinkedIn à l’époque, cette décision reflétait la volonté des autorités congolaises de maintenir un équilibre entre l’innovation technologique et la nécessité de respecter les lois en vigueur, dans un secteur stratégique comme celui des télécommunications. Aujourd’hui, l’autorisation accordée à Starlink semble indiquer une résolution de ces différends, bien que les détails des négociations entre l’ARPTC et l’entreprise n’aient pas été rendus publics.
Une opportunité pour combler le fossé numérique
La RDC, avec sa vaste superficie et ses infrastructures limitées, fait face à des défis importants en matière de connectivité. Dans de nombreuses régions rurales et isolées, l’accès à Internet reste inexistant ou de piètre qualité, freinant le développement économique et social. Starlink, qui s’appuie sur une constellation de satellites en orbite basse, propose une solution technologique capable de fournir une connexion à haut débit même dans les zones les plus reculées. Cette technologie a déjà fait ses preuves dans d’autres régions du monde, notamment en Afrique, où des initiatives comme celle d’Africa Mobile Networks (AMN) au Nigeria ont permis d’étendre la couverture réseau dans des zones rurales grâce à des partenariats avec Starlink, selon un rapport d’African Review publié en avril 2024.
Cependant, l’arrivée de Starlink en RDC soulève des questions quant à son impact sur le marché local des télécommunications. Des opérateurs historiques comme Vodacom, Orange, Airtel ou encore Canalbox pourraient voir leur position concurrencée par ce nouvel acteur, connu pour sa capacité à offrir des services à grande échelle. Par ailleurs, certains observateurs regrettent que des entreprises locales, telles que la SCPT, n’aient pas été davantage soutenues pour développer des infrastructures similaires, ce qui aurait pu renforcer l’économie nationale.
Des enjeux économiques et géopolitiques
L’entrée de Starlink en RDC s’inscrit également dans un contexte de coopération accrue entre la RDC et les États-Unis, où SpaceX est basé. Cette collaboration pourrait avoir des implications géopolitiques, renforçant les liens entre les deux pays dans le domaine technologique. Toutefois, elle n’est pas exempte de défis. En Afrique du Sud, par exemple, Starlink a récemment fait face à des obstacles réglementaires liés aux lois sur l’autonomisation économique des communautés locales, comme l’a rapporté la BBC en avril 2025. En RDC, il sera crucial que l’ARPTC veille à ce que l’arrivée de cette entreprise étrangère profite à l’ensemble de la population, tout en préservant les intérêts des acteurs locaux.
Quels impacts pour les Congolais ?
L’introduction des services de Starlink pourrait avoir des effets significatifs sur plusieurs secteurs. Un meilleur accès à Internet pourrait favoriser l’éducation, en permettant aux élèves et étudiants des zones rurales de suivre des cours en ligne. Dans le domaine de la santé, les professionnels pourraient bénéficier d’une meilleure communication pour coordonner les soins ou accéder à des ressources médicales. Sur le plan économique, une connectivité accrue pourrait stimuler les petites entreprises et faciliter l’utilisation des services d’argent mobile, un outil clé pour l’inclusion financière en Afrique.
Cependant, des incertitudes demeurent. Les coûts des services de Starlink, qui nécessitent l’achat d’un kit de connexion, pourraient poser un frein pour une partie de la population congolaise, confrontée à des contraintes économiques. De plus, la mise en œuvre effective des services reste à confirmer, l’ARPTC ayant simplement indiqué que le lancement aura lieu « très prochainement ».
Vers une transformation numérique inclusive ?
L’autorisation accordée à Starlink marque un pas important vers la réduction de la fracture numérique en RDC. Toutefois, pour que cette initiative soit véritablement bénéfique, elle devra s’accompagner d’une stratégie visant à garantir l’accessibilité des services pour tous, tout en soutenant le développement des acteurs locaux du secteur des télécommunications. Alors que le pays se prépare à accueillir cette nouvelle technologie, les regards se tournent désormais vers les autorités et Starlink pour voir comment cette collaboration façonnera l’avenir numérique de la RDC.
*Source : Communiqué officiel de l’ARPTC, 2 mai 2025*
