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L’éviction du ministre de l’Economie, Jean-Marie Kalumba qui doit en principe présenter sa démission ce week-end au Premier ministre, continue d’alimenter la chronique au sein de l’opinion nationale ainsi que dans des cercles de réflexion du pays. Même les médias locaux avaient en majorité consacré leur actualité sur ce dossier, qui est la première dans l’histoire de la législature congolaise.

En effet, depuis les gouvernements précédents, les Congolais n’ont jamais vu un ministre tomber par le coup d’une motion de défiance. La corruption ayant trouvé une place de choix dans le mental des Congolais, toutes les motions finissent soit par être retirées, soit encore que la personne visée par la motion se voit protéger par les parlementaires de son obédience ayant touché un pot-de-vin.

Mais contre toute attente, le jeu démocratique a été de mise mercredi 30 mars dernier à l’assemblée nationale, où 277 députés ont voté pour la motion, 79 contre et 12 abstentions sur un total de 368 députés nationaux qui ont pris part au vote. Parmi les griefs retenus contre ce warrior, c’est le fait d’avoir distribué de l’argent aux mineurs en tant qu’agent public de l’Etat, ce qui est contraire à l’article 17 du code de l’agent public de l’Etat ainsi que des annonces tapageuses dans les médias, au sujet de l’importation des chinchards en provenance de la Namibie. Pourtant sur le marché, les prix ne font que galoper.

Est-ce la solution indiquée pour la baisse des prix ?

Mais le départ du Ministre Jean-Marie Kalumba, membre influent de l’AFDC-A (Alliance des forces démocratiques du Congo et Alliés) de Modeste Bahati, suscite quelques interrogations : son éviction va-t-elle changer les choses sur le terrain ? La population congolaise va-t-elle vivre l’amélioration dans son panier ménager ? Les marchés du pays, en particulier ceux de la ville-province de Kinshasa, seront-ils finalement inondés en produits de première nécessité ? Les prix de ces produits seront-ils revus à la baisse ? Autant des questions qui représentent à la fois un défi pour le successeur de Jean-Marie Kalumba et une matière à réflexion au sein du gouvernement dit des Warriors.

Des analystes estiment quant à eux que, l’éviction du Ministre Jean-Marie Kalumba ne va rien changer sur terrain, pour la simple raison que le niveau salarial des agents et fonctionnaires de l’Etat, ne correspond pas aux réalités économiques. Certains pensent que le Comité de conjoncture économique (CCE) conduit par le Premier ministre, ne devrait pas seulement se réunir pour analyser des dossiers relatifs à la situation macroéconomique ou sur la stabilité ou non du marché de change, mais aussi et surtout, pour l’amélioration du vécu quotidien de la population.

Le CCE devait en principe proposer au gouvernement de la République, de faire en sorte que l’enveloppe salariale allouée au fonctionnaire de l’Etat, puisse être à mesure de donner à ce dernier, la possibilité de faire face au coût de la vie, comme cela est de coutume sous d’autres cieux. On peut faire valoir la raison de manque de moyens, mais lorsqu’on considère les dépenses qui se réalisent pour mettre à l’aise d’autres catégories des congolais, il y a de quoi crier au scandale.

A titre exemplatif pour ne citer que ce cas précis, 500 députés nationaux et 109 sénateurs, soit 609 personnes se sont vus octroyés en guise de cadeau (sic !), des véhicules de marque Hyndai, type Palissade, dont le prix d’achat avoisine les 55.000 dollars américains. Il suffit de faire le calcul pour voir l’argent dépensé dans l’ensemble. Pourtant avec leurs émoluments, les honorables députés et sénateurs sont capables de s’offrir tous les luxes du monde, en passant par l’achat des véhicules. Et comme si cela ne suffisait pas, des sources proches du Palais du peuple attestent que, chaque député se voit octroyer chaque semaine, la somme de 1.000 dollars américains pour s’approvisionner en carburant de sa Jeep Palissade.

Analyse faite, même si on met le plein d’essence chaque jour, jamais la dépense n’atteindra la somme de 1.000 USD. Pourtant, le dernier fonctionnaire de l’Etat ne touche à peine que 180.000 Fc, soit l’équivalent de 80 USD ; tandis qu’un policier se contente de 140.000 FC (70 USD). Question : tout l’argent dépensé au profit des députés et sénateurs, ne peut-il pas contribuer à l’amélioration tant soit peu du vécu quotidien des agents et fonctionnaires de l’Etat ? La question reste posée.

Dans un autre chapitre, plusieurs autres analystes soutiennent que le dossier sur la flambée des prix des denrées alimentaires en RDC, est une situation qui dure dans le temps. En 2018, lors de la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation, l’index du PAM (Programme alimentaire mondiale) intitulé « Counting the beans » (Compter les haricots), avait attiré l’attention sur la problématique de la flambée des prix des denrées alimentaires. « Aujourd’hui, il faut également tenir compte de la guerre en Ukraine qui a des conséquences terribles sur certaines économies », a soutenu l’un de ces analystes.

José Wak

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