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Débâcle de Bukanga Lonzo : triomphalisme de l’IGF, agitations de Matata Ponyo et le silence du parquet

Jules Alingete, Inspecteur général de l'IGF
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Depuis l’annonce par l’Inspection générale des finances (IGF) de l’ouverture probable d’un procès relatif à la gestion des fonds publics du Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo dans la province du Kwango, des voix ne cessent de s’élever.

Curieusement, l’IGF (inspection générale des finances) censée travailler en toute discrétion, multiplie des déclarations à tort ou à raison, alertant les potentiels prévenus sur le danger qui les attend.

Identifié officieusement comme auteur intellectuel de la débâcle, Augustin Matata Ponyo, Premier ministre au moment des faits, ne s’avoue pas non plus vaincu d’avance. Imitant l’IGF, il s’organise à son tour par médias interposés, pour manipuler l’opinion publique concernant une affaire qui n’en est pas encore une, étant donné qu’à ce jour, rien d’officiel n’identifie Matata Ponyo comme partie au procès.


Augustin Matata Ponyo

« Tous les voleurs en cravate qui se cachent au Sénat et à l’Assemblée nationale seront bientôt démasqués et mis à la disposition du parquet afin qu’ils répondent de leurs actes », menaçait l’inspecteur chef de service de l’IGF, Jules Alingete.

Des politiques mécontents


José Makila Sumanda

Le premier à réagir face à ce qu’il a qualifié d’injures, le sénateur José Makila Sumanda (plusieurs fois ministre et directeur d’entreprises publiques) a estimé que Jules Alingete devait fournir des explications au Parlement pour avoir manqué du respect aux élus. Ce qui n’a jamais été fait.

Mécontent du comportement de l’Inspecteur général, chef de service de l’IGF, Jules Alingete qu’il accuse d’avoir une couleur politique, Matata Ponyo est sur la défensive et fustige le comportement d’un Inspecteur général des finances « qui s’acharne sur sa personne parce que sous traité par des politiques », dans le but de noircir son casier judiciaire pour des intérêts politiques.

Coïncidence, des libres penseurs sortis de l’on ne sait où s’affichent sur la toile, des tribunes pillulent sur les réseaux sociaux, médias en ligne comme médias traditionnels.

Pas plus tard qu’il y a quelques heures, un certain Robert Djanya ya Djanya a écrit une tribune intitulée « tout un congrès pour lever les immunités d’un sénateur ».

Au cours d’une conférence de presse tenue à Kinshasa, il y a quelques mois, Matata Ponyo qualifiait le rapport de l’IGF sur la débâcle de Bukanga Lonzo d’un truc rempli de consonances politiques. Pour l’homme à la cravate rouge, il n’est pas normal qu’après des enquêtes « sérieuses » sur l’échec d’un si important projet qu’est Bukanga Lonzo, un haut responsable de l’IGF organise des sorties médiatiques pour pouvoir vilipender gratuitement des individus. « Si détournement de fonds il y a, il est important que l’objectivité soit de mise », prêchait Matata Ponyo.

Dans une déclaration faite il y a quelques jours à travers son compte Twitter, Augustin Matata Ponyo dénonce des mains politiques dans la démarche de la justice.

« De Conakry où je me trouve au service de l’Afrique, j’ai décidé d’écourter mon séjour de travail et de rentrer à Kinshasa pour faire face à une justice politiquement instrumentalisée. Je suis fier d’avoir servi mon pays dans la transparence, et je crois en la force de la vérité », a déclaré Augustin Matata Ponyo.

Le parquet toujours discret

Dans toutes ces chamailleries, les autorités judiciaires affichent un comportement responsable. L’organe de la loi qui aurait déjà initié l’enquête pré-juridictionnelle au sujet de la gestion des fonds alloués au projet Bukanga Lonzo après le dépôt du rapport d’enquête de l’IGF aurait déposé une correspondance au bureau du Sénat, sollicitant la levée d’immunités d’un certain nombre d’élus soupçonnés d’avoir dilapidé les fonds publics.

« L’Officier du ministère public peut faire citer devant lui toute personne dont il estime l’audition nécessaire. La personne régulièrement citée est tenue de comparaitre et de satisfaire à la citation. Sont dispensées de témoigner, les personnes qui sont dépositaires par état ou par profession des secrets qu’on leur confie », dispose l’article 17 du Code de procédure pénale de la République démocratique du Congo.

Pour rappel, Bukanga lonzo est un méga projet agro-industriel initié par l’Etat congolais, dans le but de favoriser entre autres l’autosuffisance alimentaire. Dans sa mise en œuvre, des fonds publics d’une valeur de 80 millions de dollars américains ou presque ont été détournés, selon les chiffres rendus publics par les services de l’Inspection générale des finances.

Dans un rapport établi à l’issue d’un audit relatif aux fonds alloués au projet et qui a fuité depuis quelques mois, l’IGF identifie un groupe de personnes ayant assumé des hautes fonctions de l’Etat, notamment Augustin Matata Ponyo (ancien Premier ministre) comme auteur présumé de ces détournements de fonds publics. Et depuis, une forte agitation s’observe dans le chef de certains politiques. Certaines sources indiquent qu’à ce jour, les enquêtes du parquet sont déjà à terme et l’ouverture du procès n’est qu’une question de quelques jours.

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