Le gouvernement congolais, appelé » gouvernement des warriors « , ne cesse de vanter la hausse des réserves de change. Ce dossier soulève une très vive polémique dans les milieux des analystes économiques, qui sont en train de remarquer un contraste entre cette hausse et le degré de pauvreté des congolais. D’où la réaction de certains d’entre eux, Gaston Mutamba, Alain Bolodjwa et Mike Gardy Diana… sur le fait : » existe-il un lien entre la hausse de réserves de change et le social ?
Apport des appuis extérieurs
S’il est vrai que la Banque centrale du Congo a informé l’opinion sur l’augmentation des réserves de change qui sont passées à 3.356,76 milliards $ usd le 17 septembre 2021 contre 708,89 millions $ usd en décembre 2020, l’ancien Prémier ministre Augustin Matata Mponyo a expliqué que, avant d’établir cette corrélation, il serait important d’examiner l’origine de cette augmentation. Pour le cas de la RDC, en septembre 2021, il s’agit d’appuis extérieurs, non un effort interne, donc très difficile d’établir une corrélation dans ces circonstances.
Plaidoyer pour un taux élevé d’exportation
Alain Bolodjwa
Pour sa part, Alain Bolodjwa, président de la Nouvelle classe politique congolaise (NCPC) et initiateur du parti politique LeBat (Levons-nous et Bâtissons), précise que l’idéal c’est d’avoir un taux très élevé d’exportations que d’importations. » La situation idéale reste celle de la constitution des réserves de change lorsqu’il y a embellie économique. Dans ce cas, les exportations sont loin supérieures aux importations. Dans ce contexte, déjà, les effets positifs de l’économie réelle, seront ressentis dans la population et ainsi, les superflues de la masse monétaire, constituerait une bonne réserve « , a laissé entendre Alain Bolodjwa.
L’initiateur du parti LeBat ajoute : « Appui extérieur à la balance de paiement apparaît comme un feu de pailles. Elle n’aura que des effets éphémères qui, au fil du temps, créeront des effets boumerang sur l’économie « .
Mike Gardy Diana
Mike Gardy Diana, expert en communication stratégique, marketing politique et journalisme, conditionne l’impact sur le social au cas où cette hausse des réserves de change va jusqu’aux excédentaires. « (…) La Banque centrale devrait nous communiquer également ses assignations, afin de dégager dans cette hausse, s’il y a excédents ou non. En cas d’excédents, on peut les injecter dans le circuit économique, ce qui pourrait avoir un impact social (…) », poursuit poursuit cet expert en communication stratégique.
Gaston Mutamba Lukusa
De son côté, Gaston Mutamba Lukusa, Gérant chez Africa Global Consulting, une firme spécialisée en études, conseils et contacts d’affaires, renseigne que, quelques soient les cas, la hausse de réserves de changes a toujours un impact sur la société, ce qui est confortable au vu des objectifs du gouvernement.
Cette allocation de DTS (Droits de tirage spéciaux) dit-il, va booster la croissance économique d’autant les recettes budgétaires connaissent un accroissement et que les cours des matières premières exportées connaissent une embellie.
Par ailleurs enchaine-t-il, les grands travaux attendus d’ici l’année prochaine, pourront contribuer à la réduction du chômage. C’est le cas de la construction du port de Banana, du pont route/rail entre Kinshasa et Brazzaville, de l’aéroport international de Kinshasa, des infrastructures pour accroître l’offre énergétique, des usines d’eau, des routes etc. » Tout compte fait, l’année 2022 pourrait se traduire par un démarrage économique et social d’autant que le pays a su résister à la crise provoquée par le coronavirus », Extrait de la tribune de Gaston Mutamba.
Impact des réserves de change face à la résilience
Du côté de la Banque centrale du Congo (BCC), on ne cesse d’affirmer que, les réserves de change soutiennent la résilience économique dans un pays, dans la mesure où elles permettent d’assurer la riposte en cas de chocs contre la monnaie nationale, en vue de préserver la stabilité de celle-ci. Il est donc impérieux que ces réserves soient suffisamment élevées et couvrent, au minimum, 3 mois.
Il faut souligner que, dans l’une de ses différentes tribunes, l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo avait soutenu que » (…) les réserves de change ont effectivement atteint un niveau exceptionnel depuis plusieurs décennies. Toutefois, ce niveau est loin de refléter la vitalité et la résilience de l’économie nationale comme on l’aurait imaginé. Les bons indicateurs économiques tant vantés, masquent très mal l’état d’une économie fragile fortement perfusée par les institutions financières internationales et régionales. En effet, sans perfusion financière extérieure de trois dernières années, la RDC aurait eu de réserves de change en dessous de zéro à fin septembre, et la politique de change serait totalement inopérante « .
Mais la véritable problématique renchérit un observateur attentif qui a parlé sous le couvert de l’anonymat, c’est le fait que, malgré ces réserves de change qui ne font que prendre l’ascenseur, la situation des travailleurs est restée précaire (181.000 FC)/90.5 us pour un Agent de Bureau de 1ere classe, Licencié ou Gradué). Il ajoute les arriérés de salaire à travers la République, notamment ceux des députés provinciaux. Comme pour confirmer le contraste qui existe entre la hausse des réserves de change tant vantée et la précarité des vies des citoyens congolais.
José Wakadila