17 mai 1997 – 17 mai 2025, 28 ans se sont écoulés depuis le jour où l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (Afdl), sous la houlette de Laurent-Désiré Kabila, est entrée à Kinshasa, renversant le régime tyrannique de Mobutu Sese Seko.
Pour Eugène Diomi Ndongala, ce moment devait marquer l’aube d’un Congo nouveau, libéré des chaînes de la dictature. « Mais aujourd’hui, en tant que Congolais, nous devons avoir le courage d’avouer une vérité amère : l’aventure de l’Afdl n’a pas été une libération, mais une tragédie nationale, un piège géopolitique qui a plongé notre pays dans un abîme dont nous peinons encore à sortir ».
Une victoire sous tutelle étrangère
Lorsque les troupes de l’Afdl ont foulé le sol de Kinshasa, raconte-t-il, « nous avons cru en une victoire congolaise. Mais quelle illusion ! ». Pour lui, l’Afdl n’était pas l’émanation de la volonté populaire, mais un instrument entre les mains des puissances étrangères, notamment le Rwanda et l’Ouganda. Comme l’avait si bien dit Laurent-Désiré Kabila, un « conglomérat d’aventuriers ».
Ce n’était pas une révolution, « mais une occupation masquée et les cicatrices de cette trahison saignent encore dans l’Est de notre pays ».
Le sang des innocents : un prix inacceptable
La marche de l’Afdl vers Kinshasa n’a pas été un triomphe pacifique, mais un chemin jonché de cadavres, poursuit-il. Des dizaines de milliers des compatriotes, notamment dans l’Est, ont été massacrés. Les réfugiés hutu rwandais, mais aussi des Congolais innocents, ont payé de leur vie cette prétendue
« libération ».
D’ailleurs, les massacres comme celui de Tingi-Tingi sont restés dans l’histoire de ce pays.
Les rapports des Nations Unies, bien que trop longtemps ignorés, témoignent de ces atrocités.
Un espoir trahi : la Dictature remplace la dictature
« Nous avions rêvé d’un Congo démocratique, d’un État de droit où chaque citoyen aurait voix au chapitre. Mais qu’a fait Laurent-Désiré Kabila ? Il a troqué la dictature de Mobutu pour un régime autoritaire, d’inspiration des comités de pouvoir populaire Libyens et Nord-Coréens, muselant l’opposition, marginalisant ses propres alliés et trahissant les idéaux de justice et s’opposant à toute forme de démocratie pluraliste et représentative », regrette le président de la Démocratie chrétienne (DC).
28 ans après, renchérit-il, « nous constatons avec douleur que les germes de l’autoritarisme semés par l’Afdl continuent encore de gangrener notre pays ».
Ne jamais oublier le contenu de l’art. 1 des Statuts des l’Afdl qui disait ceci « le sol et le sous-sol appartiennent à l’Afdl ». Il s’agit là de tout un programme de pillage et soumission de la souveraineté du peuple congolais.
Aujourd’hui encore, constate-t-il, les minerais congolais financent des guerres, tandis que ses enfants manquent de tout.
La deuxième guerre du Congo : l’héritage maudit de l’Afdl
À en croire Diomi, le pire héritage de l’Afdl fut sans doute la deuxième Guerre du Congo, déclenchée en 1998, à peine un an après la prise de pouvoir. En tentant de s’émanciper de ses parrains rwandais et ougandais, LD Kabila a allumé la mèche d’un conflit qui a englouti toute la région.
Cette guerre, impliquant jusqu’à 9 pays voisins, a causé des millions de morts, des déplacements massifs et une destruction sans précédent. Elle a révélé la fragilité du pouvoir instauré par l’Afdl, incapable de protéger la nation.
28 ans plus tard, l’Est de la RDC reste un champ de bataille où des groupes armés, les héritiers idéologiques de l’Afdl, continuent de semer la terreur.
Une société fracturée : la division comme leg
L’Afdl, par son caractère hétéroclite et son instrumentalisation des tensions ethniques, conclut Diomi Ndongala, a brisé l’unité nationale.
Cette date du 17 mai, loin d’être un motif de célébration, doit être un moment de réflexion, un rappel des erreurs et des aspirations trahies. La RDC doit reconquérir sa souveraineté, mettre fin au pillage de ses ressources, reconstruire ses institutions et panser les blessures de son peuple. Diomi appelle, enfin, le peuple congolais, à rejeter l’héritage toxique et politique de l’Afdl et à œuvrer pour un Congo véritablement libre, où la justice, la démocratie et la prospérité ne seront pas de vains mots.
LM