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Près d’un million d’enrôlés en 10 jours, qu’en sera-t-il au bout de 30 jours ?

La ronde effectuée dans plusieurs centres d’enrôlement constituant l’aire ouest retenue par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), fait planer quelques doutes et dégager un pessimisme béant quant au respect normal du calendrier électoral publié par la centrale électorale congolaise.

Alors que les provinces situées dans la première zone d’opération englobent Kinshasa (15 millions d’habitants), le Kongo Central (3 761 167 habitants), le Kwango (5 171 138 habitants), le Kwilu (8 226 458 habitants), le Maï-Ndombe (1 852 000 habitants), l’Équateur (17 643 054 habitants), le Nord-Ubangi (1 145 001 habitants), le Sud-Ubangi (2 458 000 d’habitants), le Tshuapa (1.600.000 d’habitants) et la Mongala (.3.338.704 d’habitants)

Toutes ces neuf provinces mises ensemble, donnent 56 856 818 habitants, soit une moyenne de près de 30 millions qui doivent être identifiés et enrôlés. Or jusque-là, la Céni n’a dénombré que près d’un millions d’enrôlés, 10 jours depuis que l’opération a été lancée, a déclaré mercredi 4 janvier à la presse, le deuxième vice-président de la centrale électorale, M. Didi Manara. Un chiffre estimatif qui selon des observateurs de la scène politique et des spécialistes en matière électorale, risque de ne pas permettre à l’organe de gestion des élections d’être à la page, en rapport avec son calendrier.

Mais selon Didi Manara qui s’exprimait face à la presse, la machine est déjà en route, quoi qu’on en dise, pour la simple raison que ce cheminement conduit lentement, mais sûrement vers les élections. Une affirmation qualifiée d’utopique par des analystes qui observent la scène sur le terrain. « Se frotter les mains parce qu’il y a près d’un million d’enrôlés en dix jours, est aberrant, pour la simple raison que, c’est le nombre d’une petite province seulement de la trempe de la Tshuapa qui s’est fait enrôlé, même pas le 1/10ème de l’ensemble de dix provinces concernées », rétorque un spécialiste électoral sous le couvert de l’anonymat, aux propos du deuxième vice-président de la Céni.

Pour notre interlocuteur, il y a de quoi être interpellé plutôt que de se frotter les mains. Car si la Centrale électorale continuait d’enrôler près d’un million de personnes en 10 jours, cela ferait près de 3 millions en 30 jours. Ce qui ne permettra pas aux dix provinces d’atteindre le chiffre escompté.

Et pour atteindre le nombre de près de 30 millions d’adultes en âge de voter contenus dans les neuf provinces, cela risque de prendre plus d’une année, et hypothéquer ainsi la tenue des élections dans le délai. D’autre part, au lieu de continuer à mobiliser les églises, la société civile et les partis politiques à la sensibilisation de leurs membres pour l’enrôlement massif, la Céni ferait mieux de prendre toutes les dispositions qui s’imposent, pour l’accélération du processus d’identification et d’enrôlement.

Rectifier les tirs

En effet, plusieurs raisons empêchent la Céni de mieux atteindre son objectif relatif au strict respect du calendrier électoral. Il y a notamment la mauvaise qualité et l’insuffisance des machines, le mauvais recrutement des membres de centres d’inscription, l’ouverture tardive des bureaux, le favoritisme, la corruption à ciel ouvert des agents, l’amateurisme des opérateurs de saisi, la désorganisation dans l’enregistrement des demandeurs de la carte d’électeur, les coupures intempestives du courant, la présence des panneaux solaires à faible voltage dans certains centres situés dans les milieux reculés, l’éloignement des centres d’enrôlement par rapport à la population… Autant des raisons qui risquent de constituer des alibis pour retarder l’organisation des élections dans le délai.

Illustrations

En effet, lancé depuis le 24 décembre 2022, cette opération d’enrôlement et d’identification des électeurs continue pourtant de battre de l’aile dans plusieurs centres à Kinshasa. Tel est le constat fait mercredi 4 janvier 2023 par le reporter de Media Congo Press au centre EP1 Lemba/Nord dans la commune de Lemba. Ce cocktail oblige certains électeurs à passer des journées entières dans le centre d’enrôlement.

Arrivé à six heures du matin dans ce centre pour obtenir sa carte d’électeur, Mr Richard Mawete ne l’a finalement pas obtenu, après dix heures d’attente devant le bureau. « Je suis arrivé ici très tôt ce mercredi pour avoir ma carte d’électeur mais il est 16h et je ne suis pas toujours servi. C’est vraiment décevant ce qui se passe ici. Ils ne tiennent même pas compte de la liste que les demandeurs ont établie le matin selon l’ordre d’arriver de chacun. Dans l’entre-temps, eux-mêmes aussi sont arrivés en retard », s’est-t-il plaint.

Même regret pour Mme Véronique Kisalu : « Ils appellent les gens à venir s’enrôler mais sur place, on constate qu’il n’y a pas assez des machines. Avec deux machines pour autant des personnes, c’est normal que les choses avancent à pas de tortue et cela nous fatigue. Les agents de la Céni sont aussi lents devant la machine. C’est comme s’ils n’ont pas été formés. C’est vraiment déplorable ».

Malgré cette situation, le président de la centrale électorale compte toujours clôturer les opérations dans la partie ouest du pays, avant le 25 janvier, soit dans un délai initial de 30 jours. Il confirme cependant que les jours perdus seront récupérés dans des centres d’inscription qui ont connu du retard.

Le temps risque de donner raison à l’opposition

Après la publication de ce calendrier électoral qui constitue le tableau de bord pour la Céni, des réactions avaient également fusé de partout. Les uns soutenaient ce calendrier en exigeant du gouvernement central, un plan de décaissement financier avant la fin de l’année 2022 ; tandis que les autres avaient qualifié ce calendrier électoral d’irréaliste et qui n’inspire aucune confiance.

Dans ce lot de pessimistes, on peut citer le Pprd (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), qui avait déclaré n’est pas reconnaitre le calendrier électoral publié par la Céni. Le parti politique de l’ancien président de la République Joseph Kabila parlait du mépris non seulement du peuple congolais, mais aussi de la constitution et même de la démocratie en RDC, pour la simple raison que l’opposition a longtemps réclamé le consensus pour crédibiliser le processus électoral en cours, mais le pouvoir en place a fait montre d’une sourde oreille. D’où la méconnaissance dudit calendrier par l’opposition, en l’occurrence le Pprd.

Même son de cloche du côté de la formation politique Nouvel Elan, qui avait qualifié d’irréalisable le calendrier publié par la Céni qui du reste, n’inspire pas confiance.

Au regard de ce qui se passe sur le terrain d’identification et de l’enrôlement des électeurs, le temps risque de donner raison à l’opposition, si les autorités de la centrale électorale n’y prenaient garde.

10 jours après le lancement, l’enrôlement des électeurs bat toujours de l’ail à Kinshasa

Lancé depuis le 24 décembre 2022, l’opération d’enrôlement et d’identification des électeurs continue de battre de l’aile dans plusieurs centres à Kinshasa. Ouverture des bureaux d’inscription en retard , lenteur, insuffisance des machines, favoritisme, tel est le constat fait ce mercredi 4 janvier 2023 par le reporter de Media Congo Press au centre EP1 Lemba Nord dans la commune de Lemba. Ce cocktail oblige certains électeurs à passer des journées entières dans le centre d’enrôlement.

Arrivé à six heures du matin dans ce centre pour obtenir sa carte d’électeur, Mr Rcichard Mawete n’a finalement pas obtenu sa carte après dix heures d’attente devant le bureau. « Je suis arrivé ici très tôt ce mercredi pour avoir ma carte d’électeur mais il est 16h , je ne suis pas toujours servi. C’est vraiment décevant ce qui se passe ici. Ils ne tiennent même pas compte de la liste qu’on a établi le matin selon l’ordre d’arriver de chacun. Eux-même aussi sont arrivés en retard », s’est-t-il plaint.

« Ils appellent les gens à venir s’enrôler mais sur place, on constate qu’il n’y a pas assez des machines. Avec deux machines pour autant des personnes, c’est normal que les choses avancent à pat de tortu et cela nous fatigue. Les agents de la CENI sont aussi lents devant la machine. C’est comme s’ils n’ont pas été formés. C’est déplorable », regrette Mme Véronique Kisalu.

Malgré cette situation, le président de la centrale électorale compte toujours clôturer les opérations dans la partie ouest du pays avant le 25 janvier, soit dans un délai initial de 30 jours. Il confirme cependant que les jours perdus seront récupérés dans des centres d’inscription qui ont connu du retard.

Par ailleurs, plusieurs observateurs pensent également qu’il serait difficile d’atteindre voir de dépasser le nombre d’électeurs enregistrés en 2016 soit 4 462 245 électeurs à Kinshasa. Rappelons que l’élection présidentielle est fixée au 20 décembre 2023.

José Wak. et Djodjo

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