Les pourparlers de Doha, au Qatar, entre Kinshasa et l’AFC/M23, prennent une tournure inquiétante pour l’avenir de la République démocratique du Congo. Les rebelles exigent une nouvelle appellation de la RDC, à savoir le Congo oriental et le Congo occidental.
Philippe Undji Yangya, analyste politique, expert en planification et démographe, notable de Fizi (Sud-Kivu), a tiré la sonnette d’alarme ce mardi 15 juillet 2025 lors d’un entretien avec MCP.
Pour lui, les concepts « Congo oriental » et « Congo occidental » ne sont pas de simples idées administratives. Ce sont des bombes à fragmentation politique. « Des idées toxiques, forgées dans les laboratoires obscurs de la balkanisation, qui viennent piétiner la mémoire de ceux qui ont payé de leur vie pour l’unité du Congo : Patrice Lumumba, Laurent-Désiré Kabila, Mobutu Sese Seko, Étienne Tshisekedi wa Mulumba ».
Ce projet, poursuit-il, camouflé sous des mots séduisants comme « fédéralisme adapté » ou « réforme institutionnelle territoriale », est en réalité une entreprise de dislocation. Il viole l’esprit et la lettre de la Constitution de la RDC. Il offense la mémoire nationale. Et il place le pouvoir de Kinshasa devant un test historique qu’il ne peut se permettre d’échouer.
Lumumba, en voie d’être trahi une nouvelle fois ?
Le 30 juin 1960, Lumumba appelait à une indépendance réelle, avec un État unitaire, fort, et décolonisé dans ses structures comme dans ses esprits. Il savait que le fédéralisme était l’arme des colons belges pour affaiblir l’État naissant. Il a été éliminé parce qu’il refusait ce piège. Le Katanga, tenté par la sécession, a vite été rattrapé par le réveil patriotique d’un peuple qui refusait l’émiettement. « Aujourd’hui, ressusciter ce vieux poison sous un autre nom est un acte de haute trahison envers son héritage », estime ce notable de Fizi.
LD Kabila, le maquisard lucide
Laurent-Désiré Kabila, depuis les montagnes de Fizi, avait une vision claire : « Ne jamais trahir le Congo ». Il a pris le pouvoir pour remettre la nation debout, et non pour la découper. « Quand il a perçu les véritables intentions de certains alliés, il a préféré l’isolement à la compromission ». Son combat, lui aussi, a été abrégé. Une autre forme de trahison.
Mobutu, nationaliste jusqu’au bout
On peut critiquer Mobutu, mais on ne peut pas lui nier une chose : l’amour du Congo un et indivisible. Il a su, malgré les dérives autoritaires, refuser les injonctions des puissances impérialistes visant à morceler le pays. Il disait ouvertement qu’il ferait alliance avec n’importe qui pour défendre l’unité du Congo. « Ce message résonne cruellement aujourd’hui, alors que certains se taisent ou applaudissent face à la partition rampante », regrette cet analyste politique.
Tshisekedi wa Mulumba Étienne, l’opposant fédérateur
Étienne Tshisekedi, lui, n’a jamais accepté qu’on divise le peuple congolais selon des lignes ethniques ou régionales. À Sun City, il a joué un rôle décisif pour empêcher un accord qui aurait exclu certains groupes. Il savait que la paix ne pouvait se faire au prix de la désintégration. « Il a toujours mis l’unité du peuple au-dessus de tout », constate-t-il.
L’accord de Washington : un espoir fragile
L’accord de Washington du 27 juin 2027 est une avancée diplomatique importante. Il reconnaît enfin, au niveau international, le droit de la RDC à disposer de ses ressources, jusque-là pillées par des réseaux internationaux via des courtiers et des acteurs clandestins. Sur le plan sécuritaire, il crée un espace de dialogue entre belligérants, au nom de l’unité et de la paix. « Mais cet accord ne doit pas devenir un cheval de Troie pour introduire un système politique parallèle, étranger à notre Constitution », prévient l’orateur.
Un mandat moral, une vigilance collective
L’histoire ne pardonnera pas à ceux qui laisseraient passer ce projet de partition sous silence. « Le Congo n’est pas un laboratoire pour des ambitions personnelles ou des expérimentations géopolitiques. Le pays ne doit pas être réduit à une juxtaposition de zones d’influence ou de sous-États rivaux ».
Le peuple congolais a toujours répondu présent quand son unité était menacée. Et il le fera encore. Mais il a besoin d’élites courageuses, lucides et déterminées.
Le dialogue est une force, pas une faiblesse. « Mais il n’est valable que s’il respecte trois principes non négociables : l’unité nationale, l’intégrité territoriale, la souveraineté populaire ».
Un peuple, une terre, une nation
« Nous n’avons pas hérité du Congo pour le démolir. Nous l’avons reçu comme un bien sacré à défendre, à faire grandir et à transmettre, intact, aux générations futures », conclut Philippe Undji qui insiste que « face à ces concepts fumeux de Congo oriental et Congo occidental, une seule réponse : non. Non à la division.
Non à la trahison. Oui à l’unité. Oui à la République. Oui à un Congo fort et indivisible ».
LM