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« Dialogue politique » et « Camp de la patrie »: Philippe Undji contredit Martin Fayulu

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Lors de sa rencontre avec Félix Tshisekedi, Martin Fayulu a proposé la création d’un « Camp de la patrie » pour former un bloc contre la menace de balkanisation.

Le leader de l’Écidé souhaite également un dialogue entre Congolais pour faire face à l’ennemi qui déstabilise la partie Est de la République démocratique du Congo.

Selon Philippe Undji, notable du Sud-Kivu, lors d’un entretien ce dimanche 8 juin 2025 avec MCP, ces deux termes (Camp de la patrie et Dialogue) révèlent une opacité troublante et une contradiction stratégique majeure.

Un dialogue qui masque une tentative de remise à plat du pouvoir

Philippe Undji estime que, appeler à un dialogue politique dans une situation de guerre contre des groupes armés soutenus par des forces étrangères est, en soi, « un message lourd de sous-entendus ». Car, poursuit-il, dans la tradition politique congolaise, « un tel dialogue n’est jamais neutre. Il n’est pas un simple espace d’écoute. Il s’agit toujours d’une tentative de recomposition du pouvoir, souvent en dehors des cadres constitutionnels ».

Selon lui, le dialogue politique tel qu’il est promu aujourd’hui, refuse l’autorité issue des élections de 2023 ; ouvre la voie à un partage du pouvoir déguisé ; fragilise la légitimité des institutions élues ; prône une transition masquée, au détriment de l’État de droit.

Il rappelle que le précédent de l’accord de la Saint-Sylvestre, les accords de Sun City ou les arrangements post-dialogue de la Cenco sont encore frais dans la mémoire collective. À chaque fois, des ambitions personnelles ont prévalu sur l’intérêt général, aboutissant à des gouvernements pléthoriques, inefficaces et souvent illégitimes.

Alors que le président Félix Tshisekedi, élu et investi par le peuple, est le seul dépositaire constitutionnel des prérogatives de défense et de négociation, « certains opposants, sans mandat populaire ni légitimité institutionnelle, cherchent aujourd’hui à le contourner en invoquant un dialogue politique flou, dont ni les objectifs, ni les conditions, ni les bénéficiaires ne sont clairement définis ».

Le Camp de la patrie : concept noble ou outil d’ambiguïté ?

Dans le même discours, Martin Fayulu appelle à constituer un Camp de la patrie. « À première vue, le mot est fort, rassembleur, porteur d’un élan patriotique nécessaire face aux menaces extérieures. Mais à y regarder de plus près, le terme pose un sérieux problème de cohérence avec l’idée même de dialogue ».

Pour ce cadre de l’Union sacrée, un camp de la patrie, dans le contexte actuel, suppose la reconnaissance de l’autorité légitime de l’État, celle du président élu ; une unité des forces politiques loyales à la République, au-delà des clivages idéologiques ; la mise en place d’un front républicain contre les groupes armés, dont le M23-AFC ; un refus catégorique de toute complaisance politique avec les relais internes de la rébellion.

Comment prétendre intégrer ce camp tout en appelant à un dialogue qui, par essence, « affaiblit les institutions, crée un flou sur la légitimité du pouvoir, et ouvre la porte à la cogestion, voire à une forme d’amnistie politique pour certains alliés de la rébellion ? », se demande-t-il.

Deux concepts, deux agendas ?

Derrière le vocabulaire patriotique, constate-t-il, se cache un double agenda politique. D’un côté, séduire l’opinion publique par des appels à l’unité nationale (le camp de la patrie), de l’autre, maintenir la pression sur le pouvoir en place pour forcer des concessions politiques par le biais d’un dialogue dont le contenu reste volontairement vague.

« Cela alimente une stratégie qui n’a rien à voir avec l’urgence sécuritaire. Il permet à certains acteurs de se repositionner politiquement sans prendre la responsabilité claire de soutenir la République dans sa lutte contre la balkanisation ».

Dans un moment aussi critique que celui que traverse la RDC, conclut-il, la clarté est un devoir politique. Le peuple congolais ne peut être entraîné dans des concepts ambigus, des initiatives sans mandat et des calculs de coulisse.

LM

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