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Opinion : quand l’Etat décide de reléguer au second rang la question des émoluments

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Lors de la 3ᵉ réunion du Conseil des ministres du gouvernement Suminwa, tenue le vendredi 28 juin, le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo avait exprimé sa préoccupation pour la politique de rémunération des agents de l’État. Il avait jugé nécessaire de réparer l’injustice du passé pour favoriser la cohésion sociale.

Malgré des injonctions données à la Première ministre Judith Suminwa et aux ministres de la Fonction publique, du Budget et des Finances, plusieurs catégories des salariés ou assimilés du secteur public croupissent dans la misère sans que cela préoccupe les instances compétentes. Depuis plusieurs mois voir des années, elles n’ont reçu que des promesses et parfois des blâmes en lieu et place de leur rémunération.

C’est le cas notamment des agents et cadres de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) qui totalisent huit mois d’impaiement d’arriérés de salaires tandis que ceux de l’équipe Nangaa continuent à réclamer 21 mois d’arriérés de salaires et leurs indemnités de sortie. Les cris de ces fils et filles du pays en plein centre-ville restent muets aux oreilles des autorités compétentes. Il faut y ajouter des nombreux manutentionnaires non payés depuis les opérations électorales dernières.

Les conseillers communaux, quant à eux, ont agité ciel et terre avant de recevoir une nouvelle promesse du règlement de leur situation liée aux frais d’installation et aux émoluments. Comment donc a-t-on pu organiser leurs élections sans rien prévoir pour leur subsistance ? N’est-ce pas gouverner, c’est prévoir !

Par ailleurs, des équipes entières ayant travaillé à la réalisation des IXemes jeux de la Francophonie attendent toujours le règlement de leurs émoluments dont le dossier se trouve, depuis le gouvernement Sama Lukonde, sur la table du ministre des Finances. Bientôt, d’autres équipes vont se mettre en mouvement en perspective du championnat africain de Handball. Pour quel sort ?

Que dire des magistrats devant être déployés dans les provinces, des collaborateurs de l’ancien Premier ministre Sama Lukonde et de tous les autres agents, soldats au front y compris dont les émoluments, indemnités de sortie, primes et autres avantages ne sont même pas à l’ordre du jour dans les instances supérieures de l’Etat.

Jeter ces dossiers dans les oubliettes serait peut-être la décision la plus facile à prendre, mais aux conséquences énormes pour des nombreux citoyens qui ne sont pas prêts à admettre que l’État congolais les a roulés dans la farine. C’est un génocide collectif auquel se livrerait l’Etat en négligeant ceux qui lui ont permis d’atteindre ces objectifs. Car derrière ces agents se comptent des familles entières en attente d’une nouvelle bouffée d’oxygène pour l’année 2024.

Tout État sérieux digne de ce nom devrait être capable d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses travailleurs. Agir à l’opposé ne ferait que renforcer l’opinion de ceux qui continuent à se méfier des promesses du gouvernement. Le salaire est sacré, dit-on. Pour l’heure, l’Etat congolais, suite à ces retards et malgré les moindres efforts fournis, maintient sa réputation de mauvais payeur.

 

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