Le Qatar a remis cette semaine un projet d’accord de paix à la République démocratique du Congo (RDC) et à la rébellion du M23, dans une tentative de sortir du conflit sanglant qui déchire l’Est du pays. Les deux délégations sont appelées à consulter leurs hiérarchies respectives avant de revenir à la table des discussions.
Un projet ambitieux articulé en plusieurs points
Selon un article de l’agence Reuters publié ce 5 juin 2025, le projet d’accord comprend les points suivants :
1. Un cessez-le-feu immédiat entre les Forces armées de la RDC (Fardc) et les rebelles du M23.
2. Le retrait progressif des troupes du M23 des zones qu’elles occupent dans l’est de la RDC.
3. L’intégration partielle des combattants M23 dans l’armée congolaise, sous condition de vérification des antécédents.
4. L’octroi d’une amnistie limitée aux membres du M23 non impliqués dans des crimes graves ou violations des droits humains.
5. La restauration de l’autorité de l’État congolais sur les territoires récupérés.
6. La reprise encadrée des activités économiques et minières, avec un contrôle international accru.
7. La mise en place d’un mécanisme conjoint de suivi, avec la participation du Qatar, de l’Union africaine et de l’ONU.
Un processus de négociation sous haute tension
Malgré cette proposition détaillée, la méfiance reste profonde entre les parties. Kinshasa exige un retrait total du M23 et conteste toute forme de réintégration militaire jugée précipitée. Le M23, quant à lui, insiste sur des garanties politiques et sécuritaires, accusant le gouvernement congolais d’avoir rompu de précédents engagements.
Plusieurs membres des deux camps ont quitté Doha, frustrés par le contenu du projet ou par le rythme des discussions.
Une médiation dans un contexte régional explosif
La proposition qatarie intervient après une rencontre en mars dernier à Doha entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, sans suite concrète sur le terrain. La communauté internationale, en particulier les États-Unis, observe de près ce processus, ayant conditionné de futurs investissements miniers à la stabilité de la région.
Entre scepticisme et espoir fragile
Bien que salué comme un pas important, le projet d’accord ne constitue pas encore un tournant décisif. La crainte demeure que le conflit s’éternise, alimenté par des intérêts croisés, notamment dans les ressources stratégiques de la région (coltan, or, lithium).
« Ce texte pose les bases, mais la paix ne se décrète pas sur papier. Elle doit être construite sur le terrain par la confiance et des engagements clairs », confie un analyste politique congolais.
MCP/Reuters