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11ème prorogation consécutive de l’Etat de siège : 13 militants de la Lucha arrêtés dans une manifestation à Beni

Des militants de Lucha/Beni arrêtés avant d'arriver à la mairie. ©Photo Delphin Mupanda
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13 militants du mouvement citoyen Lutte pour le changement Lucha ont été arrêtés ce jeudi 11 novembre 2021 en ville de Beni, au Nord-Kivu, pendant qu’ils manifestaient pour exiger la non prorogation de l’Etat de siège dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri.


Quelques jeunes de Lucha en pleine marche sur le Boulevard Nyamwisi. © Photo Delphin Mupanda

Alors que les forces de l’ordre et de sécurité étaient déjà déployées sur le rond-point du 30 juin de Beni où se déroulent presque toutes les marches, les manifestants sont sortis du quartier résidentiel pour atteindre le boulevard Nyamwisi en direction de la mairie de Beni où ils devraient déposer leur mémorandum.


La police et Fardc arrêtent les militants de Lucha à la Mairie de Beni. © Photo Delphin Mupanda

À l’approche de l’hôtel de ville, c’est la jeep du maire de la ville, le commissaire supérieur principal Muteba Kashale Narcisse qui est arrivé et a arrêté ceux qui étaient encore en cours de route. D’autres éteint déjà à la mairie avec leurs calicots. La police a tiré des bombes à gaz lacrymogène pour tenter de les disperser. Ils se sont tous assis à même le sol au balcon de la mairie. D’autres ont été arrêtés puis conduits à l’auditorat militaire de garnison Beni-Butembo.


Les militants de Lucha/Beni conduits à l’auditorat militaire de garnison Beni-Butembo. ©Photo Delphin Mupanda

La Lucha qualifie de ”brutale et arbitraire” cette arrestation et exige la libération de ses membres.

« Nous déplorons l’arrestation arbitraire des non militants de Lucha qui ont voulu manifester pacifiquement pour déplorer tout ce qui se passe dans notre région. Nous avons été réprimés avec violence par nos policiers et militaires alors que nous étions sans armes, car c’est une manifestation pacifique… », a déclaré Robert Bahati, militant de Lucha Beni.

« Nous devrions être encadrés par la police parce que nous sommes en train de revendiquer notre droit. Les autorités étaient mandatés pour nous sécuriser mais rien n’est vu sur terrain. Nous contestons la manière selon laquelle la police et les militaires se mobilisent juste pour réprimer notre manifestation. Nous voulons que nos camarades soient libérés sans condition et demandons aux députés de lever cette mesure d’Etat de siège car elle a montré ses limites », poursuit Mahamba Fabrice Kamoja, l’un des manifestants qui ses sont échappés.

Cette manifestation avait pour objectif d’exprimer le mécontentement de la population longtemps meurtrie par les ADF et d’autres groupes armés.

« Aujourd’hui ça fait 6 mois que le chef de l’État avait décrété l’Etat de siège avec pour mission d’endiguer les groupes armés négatifs dont les ADF. A notre grande surprise, 1509 personnes tuées, plusieurs véhicules brûlés et en faisant une moyenne c’est 8 personnes qui sont tués par jour.

Nous, on a demandé à ce que le gouvernement puisse prendre conscience afin de remettre le pouvoir aux civils et laisser l’armée se concentrer rien qu’aux opérations de traque des assaillants… », a ajouté Dany Kalepa.

Cette manifestation de la Lucha intervient pendant que nombreux habitants de Beni et Ituri sont en train de contester l’Etat de siège. Nombreux députés du Nord-Kivu et Ituri ont même claqué la porte de l’hémicycle de l’Assemblée nationale, s’opposant à la nouvelle prorogation de l’Etat de siège, qui était à sa 11ème fois consécutive.

Delphin Mupanda (Correspondant au Nord-Kivu)

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