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L’exploitation illégale des ressources naturelles de la République démocratique du Congo est devenue un business tant pour les groupes rebelles tapis dans l’Est du pays, que pour les dinosaures disposant d’une parcelle d’autorité au sein du pouvoir. Chaque régime qui s’installe dans le pays, a ses hommes forts, mieux, ses ayants-droits qui exploitent illégalement les ressources minières et autres, à leur guise, et ce, de conivence avec certaines multinationales.

C’est entre autres pour toutes ces raisons que la CIRGL (Conférence internationale de la région des Grands Lacs) organise à partir de ce lundi 25 avril jusqu’au jeudi 28 avril, au Pullman hôtel dans la commune de la Gombe, sa 24ème réunion régionale consacrée à la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles en RDC.

Selon un communiqué du ministère des Mines, ces assises visent notamment la mise à jour de la feuille de route nationale pour les 6 (six) outils de l’initiative régionale de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles dans leurs États membres. Ces outils sont principalement les syivants: un mécanisme régional de suivi et de certification des minéraux ; l’harmonisation des lois sur l’exploitation minière dans les 11 États membres et la création d’une base de données pour suivre le commerce des minéraux dans la région.

Les trois derniers instruments se rapportent à l’officialisation de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle ; l’établissement d’un mécanisme de dénonciation et La promotion de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives.

Les travaux de Kinshasa, sont organisés par le Secrétariat de la Conférence de la CIRGL en partenariat avec le gouvernement congolais et le Mécanisme national de Coordination de la CIRGL, les assises de Kinshasa visent également la mise à jour, par le Secrétariat de la Conférence, Outre les membres du Comité régional de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles de la CIRGL, on y note la présence du Secrétariat de la Conférence et du Mécanisme national de coordination, dles experts du ministère des Mines de la RDC et des partenaires dans la mise en œuvre de l’initiative régionale de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles.

A noter que lors de la 23ème réunion du comité régional de la CIRGL tenue en visioconférence le 23 octobre 2021, le Comité régional des ressources naturelles avait levé l’option de tenir sa 24ème réunion, en tenant compte de la levée progressive des restrictions de voyage dans la Région des Grands Lacs. D’où la décision du Secrétariat de la CIRGL d’organiser la 24ème réunion en mode présentiel à Kinshasa.

Qu’est-ce qui va changer ?

La RDC peut-elle espérer cette fois-ci ? C’est l’épineuse question que se posent quelques observateurs avertis pour la simple raison qu’en 2014, Kinshasa avait abrité une réunion similaire qui avait réuni près de 400 délégués venus du monde entier, afin de réfléchir sur les enjeux importants de l’exploitation et de la commercialisation des « minerais stratégiques » que sont la cassitérite, le coltan, le wolframite et l’or.

A cette époque, le coordonnateur national de la CIRGL avait déploré le fait que le gouvernement de la RDC n’a jamais considéré la cassitérite, le coltan, le wolframite et l’or comme étant des minerais stratégiques. Or, avait-t-il insisté, c’est autour de ces quatre minerais que se décide la vie ou la mort des millions de personnes, dans la mesure où leur exploitation qui ne nécessite pas l’utilisation de grandes entreprises à l’instar du cuivre sur lequel le gouvernement congolais concentre son attention, est faite de manière artisanale.

Il avait souligné que ces quatre minerais sont à la base des conflits armés récurrents dans l’Est de la RDC. Aussi avait-il appelé le gouvernement congolais, à déclarer la cassitérite, le coltan, le tungstaène, l’or et même l’aluminium comme étant des minerais stratégiques, surtout que des millions de tonnes de ces minerais sont exportées chaque mois vers les pays voisins. D’où son insistance de voir l’application sans faille des six outils de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC.

Mais depuis, c’est comme si toutes les décisions qui sont prises dans ce sens, restent toujours lettres mortes au regard de la situation sur le terrain. En effet, l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC n’a jamais régressé et prend de plus en plus de l’ampleur, surtout avec la présence des groupes rebelles.

Quid de la CIRGL ?

Pour rappel, la CIRGL est une organisation qui regroupe des gouvernements de pays de la région des Grands Lacs de l’Afrique (l’Angola, le Burundi, la République centrafricaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan, la Tanzanie et la Zambie).

Le plan d’action de la CIRGL met l’accent sur quatre produits de minéraux sélectionnés en raison de leur sensibilité au conflit : la cassitérite, le coltan (colombo-tantalite), la wolframite et l’or. Il s’agit des quatre mêmes minéraux qu’on a désignés comme des « minéraux du conflit » en vertu de la loi Dodd-Frank des États-Unis, et qui sont aussi actuellement ciblés par le Guide OCDE sur le devoir de diligence.

Le G8 avait récemment reconnu la CIRGL comme un organisme clé, un important instrument pour s’attaquer à l’exploitation et au commerce illégal des ressources naturelles en Afrique. En juillet 2011, le State Department des États-Unis reconnaissait et encourageait publiquement les efforts de la CIRGL et de ses 11 États membres, en vue de créer un mécanisme régional de certification complet ainsi que d’autres outils liés aux chaînes d’approvisionnement des quatre minéraux du conflit.

Les États membres, les acteurs de l’industrie et les intervenants de la société civile ont tous des rôles importants pour assurer le bon fonctionnement du Mécanisme de la CIRGL.

José Wakadila

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