De moins d’un milliard de USD de réserves de change il y a trois ans, à plus de quatre milliard de USD représentant plusieurs mois d’importation actuellement, avec un taux de croissance économique projeté à plus de 5% cette année, la bonne tenue de l’économie congolaise ne cesse de se confirmer. Les statistiques démontrent une embellie sur le plan économique alors que le taux de change qui demeure l’un des indicateurs attirant le plus l’attention des Congolais ne subit pourtant aucune appréciation significative.

À l’heure où le congolais moyen souhaiterait une dépréciation de la valeur du dollar par rapport au franc congolais, les experts notent que cela ne peut-être possible aussi longtemps qu’aucune action macroéconomique propre à renforcer l’intérêt de la monnaie locale par rapport au dollar ne serait initiée.

« Seule une forte demande du franc congolais peut occasionner son appréciation face au dollar », a estimé AL Kitenge.

Joint au téléphone par Média Congo Press, l’économiste AL Kitenge a précisé que “seule la hausse de la demande de la monnaie locale, donc le franc congolais, peut susciter son appréciation significative face au dollar”. Pour l’expert, “même si le niveau des réserves de change connaissait une augmentation très significative, ses effets sur l’appréciation du franc congolais seraient très faibles voire nuls si le pays n’arrive pas à renforcer sa production locale et à réduire ses importations”

Par ailleurs, AL Kitenge a estimé qu’en dépit d’une production locale exsangue, la raréfaction délibérée du franc congolais par la Banque Centrale du Congo peut susciter une forte appréciation de celui-ci face au dollar mais non sans conséquences fâcheuses pour l’économie.

Une économie artificielle est inutile

Le rachat des francs congolais a servi, par moment, à contrer les spéculations sur le dollar mais cela ne constitue pas une stratégie de performance économique.

Au regard de ces analyses, il faudra noter que l’embellie de l’économie congolaise n’aura guère d’effet si le Gouvernement ne met en place des politiques économiques propres à renforcer la production locale. La conjonction d’une forte dollarisation de l’économie, d’une faible production interne et d’une faible demande de franc congolais sont là les principaux facteurs qui empêchent la monnaie congolaise de prendre de la valeur face au dollar.

Suivant ces mêmes perspectives, la théorie économique renseigne que maintenir un taux de change plus faible face au dollar paraît plus prudent et avantageux dans une économie qui dépend fortement de ses exportations. Une monnaie locale plus faible permet un gain en termes de compétitivité dans les échanges avec le reste du monde. Ceci n’est pas le cas de la RDC qui exporte majoritairement les produits miniers dont l’exploitation est dominée par le dollar (le franc y est marginal).

Pour rappel, le franc congolais a perdu près de 40% de sa valeur face au dollar durant ces six dernières années passant de 1600fc à 2020fc pour 1$ actuellement.

Hénoc Mpongo