Les villages Mukondi et Mausa, situés à une vingtaine de kilomètres au sud de la ville de Beni, sont vidés de leurs populations au lendemain de l’incursion des rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) le mercredi 8 mars 2023. Ils y ont tué au moins 39 civils et causé des dégâts matériels.
Des maisons incendiées, d’autres abandonnées, c’est la nouvelle image des villages Mukondi et Mausa. Ils sont restés quasi déserts après l’attaque des rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF). Ces assaillants ont tué par armes blanches 31 personnes à Mukondi (groupement Malio), 8 autres à Mausa (groupement Buliki) et blessé 17 autres villageois avant d’incendier des maisons et le poste de santé local, témoigne Masika Kanyunzu rencontrée sur le lieu de drame.
« Nous étions tous à la maison quand nous mangions. Les enfants sont venus alerter sur la présence des ennemis. Nous nous sommes mis à fuir. Depuis notre cachette, nous avons vu des grands feux accompagnés de la fumée. Nous avons compris que le village est incendié. Le matin nous avons rencontré des morts par-ci par-là », a-t-elle expliqué.
Des enfants parmi les victimes
Les blessés ont été évacués pour des soins à l’hôpital général de référence de Kalunguta, à environ 6 Km du lieu du crime. Au total, 17 ont été accueillis dans cet hôpital. La majorité des blessés ont subi des traumatismes cranocephalés, explique le docteur Justin Muyisa, médecin directeur de cet hôpital.
« Pour la plupart des cas, ce sont des traumatismes cranocephalés. C’est-à-dire que c’est la tête qui a été plus affectée par les coups que ces malades ont subi et pour les autres ce sont des fractures des os », renseigne-t-il.
Parmi les victimes figurent aussi des enfants dont la plupart ont perdu leurs parents tués dans ces attaques. Sans familles, ils sont gardés à l’hôpital par des volontaires de la communauté. Kavira Kyandughere se charge de deux enfants désormais orphelins.
Kavira Kyandughere, gardant 2 enfants blessés dans l’attaque des rebelles ADF après la mort de leurs parents à Mukondi (Beni). ©Photo Delphin Mupanda/MCP
« Je suis en train de garder les blessés survivants des massacres de Mukondi. Leurs familles ont été tuées. Tous deux sont restés seuls et nous ne savons pas comment ils vont grandir. Jusque maintenant, je n’ai pas encore eu des nouvelles même de leurs familles élargies. Je ne sais pas si elles sont aussi tuées car il y avait beaucoup de mots ».
Cette situation inquiète au plus haut niveau Kathembo Mbaragha qui demande aux autorités de restaurer la paix dans la zone. Sa famille s’est déplacée et lui-même compte quitter le village craignant pour sa sécurité.
Plusieurs villages du territoire de Beni sont victimes des incursions des ADF, une rébellion d’origine Ougandaise, ayant fait allégeance au groupe État islamique Daesh (ISCAP), à qui sont attribués des massacres et plusieurs autres violences contres les civils.
Delphin Mupanda (correspondant au Nord-Kivu)