La Haute cour militaire a poursuivi avec les auditions des renseignants de l’affaire opposant l’Auditeur Général au prévenu député national, Édouard Mwangachuchu Hizi, en audience foraine à la Prison militaire de Ndolo. Le général Aban Van, commissaire provincial de la police au Nord-Kivu (2020 à nos jours) et le colonel Van Kasongo, Commissaire provincial adjoint en charge des renseignements et opérations ont comparu ce mardi 13 juin sur les effectifs policiers commis à la garde de la Société minière de Bisunzu (SMB), leur paiement et le contrat de gardiennage signé avec ladite société.
Dans leur déposition, les deux renseignants ont affirmé qu’au total 86 éléments de la police étaient déployés sur le site Bibatama à la SMB. Ces derniers travaillaient tous pour la sécurisation de la SMB, rapportent les renseignants. Les différents contrats de gardiennage signés entre la police et la SMB renseignent, par ailleurs, que seuls 43 éléments étaient reconnus et payés par ladite société. Comment est-ce que les 43 autres policiers étaient-ils payés puisqu’ils travaillaient ? ; le fonds versé à la DGRAD pour ce service couvrait-il 43 ou 86 agents ?, s’interroge la Cour.
« Ce fonds ne couvrait que 43 agents », a répondu le général Aban Van, commissaire provincial de la police dans le Nord-Kivu. A l’en croire, les 86 personnes ne travaillaient pas au même moment. « Le requérant ne voyait que le 43 qui étaient alignés sur son site. Après 48h, les 43 sont remplacés par 43 autres », ajoute-t-il. D’après le dire du général, les deux équipes de 43 se relayaient, mais la société ne versait l’argent que d’une seule équipe.
Pourquoi avoir réservé un traitement favorable à la seule concession de Bisunzu, alors que l’insécurité se posait partout à Rubaya ? attaque encore la Cour. « Dans l’organisation du gardiennage, lorsqu’un requérant nous demande deux personnes, nous alignons 4 puisque l’être humain se fatigue après 48h de service », rétorque le chef de la police du Nord-Kivu. La légèreté, la négligence, le désordre complice ont caractérisé la police du Nord-Kivu, martèle le ministère public de son côté.
A la question de savoir quelle a été sa réaction après avoir appris qu’on venait de découvrir une cache d’armes à la SMB, le général Aban Van répond : « mes policiers ne connaissaient rien de tout cela. S’ils connaissaient, ils allaient nous le dire sans doute ». Pour ce qui est de la présence des policiers au sein de la SMB recrutés clandestinement, infiltrés pour être légalisés plus tard, le général dépose qu’il n’en avait aucune information et c’est au ministère public, dit-il, de prouver l’existence des policiers fictifs ou irréguliers dont il ignore.
Edouard Mwangachuchu est poursuivi pour participation à un mouvement insurrectionnel, entretien des liens avec les rebelles du M23, espionnage, incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline et détention illégale de munitions de guerre.
Djodjo Vondi