Un civil est mort lors d’une manifestation, improvisée lors du passage d’un cortège des soldats de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco) en ville de Beni, province du Nord-Kivu, mardi 6 septembre 2022.
C’était autour de 10 heures, lorsqu’un cortège des soldats onusiens est arrivé en ville de Beni, escorté par les Forces armées de la RDC et les éléments de la Police nationale congolaise. Des civils, dont des taximen moto hostiles à la Monusco, ont commencé à jeter des projectiles sur leur véhicules et ont érigé des barricades sur le long du Boulevard Nyamwisi.
La population brûle des pneus sur Blvd Nyamwisi lors d’une manifestation contre la Monusco à Beni le 6 septembre 2022. © Photo Delphin Mupanda/MCP
Ces derniers n’ont pas hésité de tirer à balles réelles pour disperser les manifestants en vue de libérer le passage. Muhindo Rachid Joseph, a été touché par balle. Il en est mort quelques minutes après son arrivée à l’hôpital général de référence (HGR) de Beni.
Cette agitation a été à la base de la paralysie des activités en ville. Des boutiques, magasins, supermarché, banques et autres maisons de commerce ont été fermés pendant un long moment. Même les taximen moto ont circulé sans gilet de travail.
Le président de la société civile urbaine de Beni, Maître Pépin Kavotha indique que la victime a été fusillé à bout portant. Il demande aux autorités congolaises de bien tracer les heures de passage des soldats onusiens pour éviter des agitations, conduisant à des dégâts majeurs.
« Un citoyen congolais a été fusillé à bout portant par les éléments de la Monusco. Ce qui est plus grave, la Monusco qui a tué plusieurs citoyens à Goma, Kanyabayonga, Butembo, Kasindi, vient encore d’ajouter sur ces morts notre bien-aimé Muhindo Rachid Joseph. C’est à déplorer et c’est l’occasion de rappeler que la population ne veut plus de la Monusco. Cette mort est de trop pour la population congolaise. Que les autorités surveillent bien cette situation en bien traçant les heures où la Monusco peut se retirer de la ville pour éviter d’autres victimes.
Que la Monusco aussi quitte le sol congolais. Ce n’est pas un crime si la RDC rompt la collaboration avec la Monusco. Nous demandons aussi à la population de garder toujours cette pression contre la Monusco mais dans une lutte non violente », a-t-il déclaré.
Qui a tiré sur le civil
La responsabilité des auteurs de la mort du jeune Rachid Joseph n’a pas encore été clarifiée. Même si la société civile citant comme source certains témoins attribue la responsabilité aux soldats de la Monusco, la Police nationale congolaise annonce que les enquêtes ont été ouvertes pour dévoiler précisément ceux qui ont tiré sur la victime.
D’une part, le chargé de l’information et communication au sein de la Police de Beni, Nasson Katembo Murara, affirme que ce sont les éléments de la Monusco qui ont tiré et qu’une balle a touché le jeune.
« Le passage de la Monusco a malheureusement été mal interprété par la population. Certains motocyclistes qui ont commencé à klaxonner ont caillassé les véhicules. Ce qui leur a donné la force de s’ouvrir le passage en tirant des coups de balles et malheureusement une balle perdue a touché un jeune d’au moins 30 ans ».
Des policiers congolais dégagent les ordures sur Blvd Nyamwisi lors d’une manifestation contre la Monusco à Beni le 6 septembre 2022. © Photo Delphin Mupanda/MCP
De l’autre part, la même source rassure que « les enquêtes ont été ouvertes, les Officiers de police judiciaire (OPJ) sont sur terrain pour constater et pouvoir identifier les auteurs de la fusillade car les balles sont toujours identifiées », a-t-il ajouté.
Les autorités des Nations-Unies n’ont pas encore donné leur version des faits. Même le maire de la ville, qui était sur terrain, n’a pas encore donné une communication officielle.
Notons qu’il n’y a pas longtemps, des hostilités contre les soldats onusiens ont été à la base de la mort d’une trentaine de manifestants et de 3 soldats de la Monusco à Kasindi, Butembo, Kanyabayonga et Goma au Nord-Kivu.
Delphin Mupanda (Correspondant au Nord-Kivu)